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126.
Stéphane mallarmé
(1842-1898). 4 L.A.S. et 2 manuscrits autographes, Avignon 1868-1869, à William
Charles Bonaparte-Wyse ; 20 pages la plupart in-8 (la première lettre au crayon, qqs mouill. à la dernière), reliées
avec 38 autres lettres ou manuscrits adressés au même, cartonnage d’époque toile brune, titre au dos
Epistolæ
variorum
.
15.000/20.000
Très bel ensemble de lettres et manuscrits du jeune professeur au lycée d’Avignon, adressés au félibre irlandais.
William Bonaparte-Wyse (1826-1892), Irlandais par son père, était le petit-fls de Lucien Bonaparte ; enthousiasmé par la
lecture de
Mirèio
, il devint un membre actif du Félibrige.
Avignon 23 avril 1868
. Il félicite cordialement Bonaparte-Wyse pour
Li Parpaioun Blu 
; il est enchanté « que notre adoré
Théodore de Banville ait goûté votre livre : les poèmes que vous me citez sont ceux, en effet, qui ont dû faire vibrer ses plus
intimes cordes. Quant à Lefébure, il est trop un second moi-même pour n’avoir pas été ravi par ce qui me charme »… Leurs
bonnes conversations lui manquent : « je souffre toujours de l’état mauvais et passager dans lequel je me débats : ce qui me
console est la pensée qu’il aura un dénouement quelconque, préférable. Quoi qu’il arrive, je chanterai donc : Thank Heaven, the
crisis/ Is over at last ! »… Il est très sensible à sa sympathie, « et Geneviève, ce petit génie destructeur, manifeste la joie qu’elle a
reçue de votre souhait en lançant aux murs les dernières assiettes de votre petit cabaret de porcelaine. […] j’ai vu Mistral, hier,
qui vous portera la traînée d’émotions que votre livre a laissées ici, très-radieuse. Mais que sera cela parmi vos nouveaux motifs
de Triomphes? Représentez, tous deux, dignement les Félibres, vous le pouvez ! Mais pour moi, qui ne serai pas représenté, je
vous charge simplement de mon amitié la plus vraie à Balaguer (dont le souvenir me remue à bien des heures », et aux autres
poètes catalans…
Avignon 2 juillet 1868
. « Je vous envoie,
écrite à l’encre
[bleue] des Poëmes et des Fêtes intérieures, ma cordiale félicitation »,
à l’occasion de la naissance d’un fls. « Mes vœux – les rêveurs sont parents des magiciens, – Madame Wyse les portera au petit
berceau enveloppé de mousselines, ce sont – sa grâce, d’abord ; et votre grande puissance d’affection. La Poésie, ose-t-on la
souhaiter ? Au moins, si vous avez bu la coupe amère pour lui, que votre fls comprenne et aime vos vers – ce qui sera aimer
les vers »…
Sonnet autographe, «
De l’orient passé des Temps…
», 1 page in-8 à l’encre noire, qui est une version primitive du sonnet
«
Quelle soie aux baumes de temps
… » (Pléiade, t. I, p. 132) :
« De l’orient passé des Temps
Nulle étoffe jadis venue
Ne vaut la chevelure nue
Que loin des bijoux tu détends »…
Le manuscrit présente une correction au 9
e
vers : « tandis que les rideaux » remplace « les rideaux en leurs plis ».
Les Muses de France et de Provence
. Manuscrit à l’encre bleue avec quelques petites corrections au crayon. Traduction par
Mallarmé d’un sonnet anglais que Bonaparte-Wyse lui avait envoyé en février 1868 en le priant de « le mettre en belle prose
française » (Pléiade, t. II, p. 823). « J’ai vu deux sœurs chanteuses en mon sommeil, se faisant face l’une à l’autre avec un regard
fatidique : Celle-ci tenait une feur en bouton ; avec un emportement spasmodique, Celle-là remuait ses bras parés de bijoux,
çà et là »…
20 mai 1869
. Inquiétude sur la mauvaise santé de son ami : « Là est ma plus grande tristesse, et mon vrai chagrin, car je me
refuse à croire à vos douloureux pressentiments.
Je sais
même qu’il[s] se trompent : vous vous le rappelez, je suis un peu dans
l’Absolu, et je connais certaines choses. Mais, mieux que cela, mon bonWilliam, j’obéis à mon cœur d’ami, qui me défend de ne
pas espérer. […] je souffre moi aussi d’un vieux malaise inguérissable »… En post-scriptum, il lui propose un volume de vers
de François Coppée : « vous avez en lui un ami qui partagerait bien notre inquiétude. Il m’a donné une après-midi de voyage, il
y a quelques jours, et à travers nos causeries votre nom revenait souvent »…
16 septembre 1869
. Remerciements pour
Moans of a Moribund, or Sick-Bed Sonnets
, dans lequel il trouve l’assurance que
son ami est « vivant et fort », malgré sa maladie, et « surtout, un bonheur qu’il y ait toujours sur la terre (y en a-t-il d’autres
que vous ?) des êtres pour les quels la Poësie est une si belle
réalité
. De quelle âme de Poëte, (vivifée et non consumée par son
rêve,) cette œuvre n’est-elle pas le simple et ferme exemple ?
Vous avez été le héros du Vers
. C’est vraiment très beau. Fermé,
et devant un unique regard, voilà tout ce que suggère ce petit livre, avec la sobre et charmante reliure anglaise, emblème aussi
de l’âme tout anglaise qu’il fallait pour que ce résultat fût acquis à notre Art. […] vous y êtes bien, cependant. Je parle de votre
esprit, indépendant de l’acte, du
haut-fait 
: j’ai reconnu le son de votre voix dans plusieurs rimes, et aussi toute votre facture de
connaisseur et de savant. Naturellement, je ferai participer Mistral et Aubanel à ces plaisirs »…
38 autres lettres et manuscrits adressés à William Bonaparte-Wyse sont également reliés dans le volume. * Charles Edward
Brittan (1837-1888, peintre anglais) : 3 l.a.s. au sujet de ses dessins et peintures, 1864-1865. * Emmanuel des Essarts (1839-
1989, poète) : 5 l.a.s., 1868 et s.d., parlant de sa thèse et de ses recherches sur Shelley, des amis félibres, de Mallarmé ; et
5 poèmes autogr. :
Adam Lux 
;
Memorosa, symphonie de la forêt
;
La maison de Duplay après le 9 Thermidor
;
Le couteau
;
Les Incroyables
. * Buenaventura Hernandez Sanahuja (1810-1891) : inscription relevée dans la cathédrale de Tarragona. *
William Charles Kent (1823-1902, poète et journaliste anglais) : 7 l.a.s., 1853-1861, amicales et littéraires. * Eugène Lefébure
(1838-1908, poète, ami de Mallarmé, égyptologue) : 2 poèmes a.s.,
La Rose malade
et
La harpe
. * José Maria Lopez : poème
en espagnol. * Nicolas de Séménow (1835-1881, écrivain russe) :13 l.a.s., 1867-1869, belle et riche correspondance, dont deux
lettres en vers, la plupart écrites du Chêne-vert, parlant notamment des amis félibres et de Mistral. Marie Mendosa de Vives :
l.a.s. (1868).