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installés au camp Malherbe, dans le quartier de Pamplemousses. Le récit contient une description de l’île ; il traite aussi de sa
population, en particulier des colons et des esclaves (p. 33-35). En octobre 1781, le commandeur de Suffren arrive avec ses
vaisseaux et plusieurs régiments : les troupes de débarquement sont alors réunies et comprennent 2740 hommes, dont 650 pour
le régiment d’Austrasie commandé par d’Hoffelize père. L’escadre française, sous les ordres du chevalier d’Orves, comprend
11 vaisseaux armés, 7 frégates et 9 vaisseaux de transport. Le 7 décembre 1781, l’expédition appareille pour les Indes. En
janvier 1782, un vaisseau anglais est capturé, puis le chevalier d’Orves tombe malade et meurt le 3 février ; Suffren prend alors
le commandement de l’escadre, qui n’est plus qu’à 30 lieues au nord-est de Madras. À défaut d’attaquer cette place, l’escadre
fait route vers Pondichéry, afn d’y prendre des nouvelles d’Hyder Ali Khan, roi de Mysore et allié aux Français. Le 22 février,
les vaisseaux mouillent près de Gondelour, au sud de Pondichéry (p. 55), et débarquent peu après. Les troupes françaises sont
alors logées à
Porto Novo
, près du camp d’Hyder Ali Khan. Renforcées de trois bataillons de Cipayes, ou soldats indiens, mais
accablées de maladies, elles font route le mois suivant vers Gondelour, sous une chaleur étouffante, et s’emparent de cette
place tenue par les Anglais le 4 avril 1782 (p. 64). Les troupes s’y installent et Gaspard d’Hoffelize donne une description des
lieux et des coutumes de ses habitants. Il est aussi question des relations entre Hyder Ali Khan et les deux chefs de l’expédition :
Duchemin, qui dirige les troupes à terre, et Suffren, qui commande l’escadre. En juillet 1782, Duchemin meurt et Georges
d’Hoffelize le remplace à titre provisoire. Six vaisseaux de guerre, contenant 5000 hommes de débarquement, sont attendus
pour octobre : « Le nouveau chef de l’armée française s’appliquait à regagner la confance du nabab : il ne fallait pas moins
que ces bonnes nouvelles pour faire dérider le prince indien. M. d’Hoffelize […] sentit que les circonstances actuelles devaient
nous imposer la loi d’employer tous les moyens possibles de lui plaire. Il fallait en effet obtenir bien des choses, de l’argent
et des vivres, en attendant M. de Bussy ; il fallait aussi les moyens de conserver le peu de forces qui nous restaient. Nous ne
pouvions enfn exister que parce que Hyder voudrait bien nous fournir »… (p. 92). Puis les troupes prennent leurs quartiers
d’hiver : Hoffelize leur fait effectuer des exercices ou des manœuvres ; pendant ce temps, il surveille les dépenses des hôpitaux
de l’armée, volontairement exagérées du fait de la corruption des administrateurs. Gaspard, quant à lui, accompagne toujours
son père dans ses activités militaires ; son service ne l’empêche pas de se livrer à l’étude de la langue et de la géographie du
pays (p. 100-101). En décembre 1782, ils apprennent la mort d’Hyder Ali Khan, auquel son fls Tipou Saheb succède. Les
renforts attendus n’arrivent qu’en mars 1783 : Georges d’Hoffelize remet alors le commandement à M. de Bussy, et devient
lui-même commandant en second de l’armée, mais sans recevoir de commandement particulier. Dans son récit, Gaspard s’étend
longuement sur les erreurs de Bussy, en particulier son inaction face aux Anglais qui parviennent à attaquer Gondelour. Le 13
juin, ces derniers bombardent les postes avancés tenus par les Français, qui doivent reculer devant les assauts. Le 20 juin 1783
eut lieu la célèbre bataille de Gondelour où s’illustra le bailli de Suffren : « Nos troupes étaient assez consternées de leur
retraite et les ennemis, logés dans nos retranchemens, se disposaient à en tirer parti dans le siège de la place qu’ils se préparaient
à faire de concert avec leur escadre, lorsque M. de Suffren parut avec 15 vaisseaux de ligne. De ce nombre étaient deux vaisseaux
de 50 canons, 10 de 64 et 3 seulement de 74. L’amiral Hugues avait 18 vaisseaux de ligne parmi lesquels 5 de 74 : il appareilla
sur le champ, mais, malgré sa supériorité, il évita le combat pour prendre au large et gagner le vent […]. On ft aussitôt passer
sur l’escadre [des troupes] au nombre de 1200 hommes […]. Suffren, renforcé par ce secours, vole au devant de l’ennemi, qui,
ayant obtenu ce qu’il désirait, arrive à toutes voiles : mais, par un bonheur qui a souvent favorisé le bailli, le vent saute et se
déclare encore pour lui […]. Malgré la supériorité du nombre, malgré celle de la force des vaisseaux, les Anglais, au bout de deux
heures de combat, plient entièrement en laissant le champ de bataille au brave Suffren qui, après les avoir poursuivis jusqu’à
moitié chemin de Madras, revient triompher à Gondelour »… (p. 136). Ayant appris la paix entre les gouvernements français et
anglais, les d’Hoffelize rentrent en France avec Suffren, à bord du
Héros
, sur lequel ils embarquent le 25 septembre. Le journal
contient le récit de la traversée, entrecoupé de nombreuses digressions dont un portrait du célèbre marin. L’arrivée à Toulon a
lieu le 27 mars 1784. Le mois suivant, Suffren et Hoffelize père, considérés comme les véritables vainqueurs de Gondelour, sont
reçus à Versailles par Louis XVI : Suffren est fait chevalier des ordres du roi, reçoit le titre de vice-amiral de l’Inde, charge créée
pour lui, et devient ambassadeur de l’ordre de Malte ; quant à Hoffelize, il est promu commandeur de l’ordre royal et militaire
de Saint-Louis, et obtient pour ses offciers plusieurs promotions et décorations (p. 153).
Au début de la Révolution, son fls est major en second au régiment de Neustrie à Landau : il est alors témoin de
l’effervescence qui secoue l’armée et rend compte, dans son journal, de nombreux cas de rébellion contre les offciers. Il décrit
aussi les troubles de Strasbourg, puis l’insurrection et la délivrance de Nancy par les troupes du marquis de Bouillé en 1790.
L’année suivante, Georges d’Hoffelize ft partie du dispositif imaginé par Bouillé pour permettre au roi de quitter la France :
« Les troupes situées sur la frontière, qui pouvaient être employées dans cette occasion, étaient commandées par trois offciers
généraux : Mr Haymann, à la droite vers Bitche; Mr de Klinglin, à Thionville; Mr d’Hoffelize, ayant sa résidence à Stenay,
commandait à Verdun, Montmédi, Varennes, Clermont, jusqu’aux portes de Châlons […]. Notre famille, peu nombreuse et
d’une même opinion, avait le projet le plus décidé de se sacrifer, s’il le fallait, pour le salut de la monarchie »… (p. 171). Dans
son récit, Gaspard décrit l’organisation du voyage de Louis XVI depuis Paris, le rôle que les différents régiments devaient jouer,
puis l’arrestation du roi à Varennes après avoir été reconnu par le maître de poste Drouët. « M. de Bouillé, qui sentait que, ce
coup manqué, sa tête n’était plus en sûreté, ft part à M. d’Hoffelize du parti aussitôt formé de quitter le territoire français; parti
que nous prîmes également pour nous-mêmes, qui nous trouvions aussi fortement compromis dans cette malheureuse affaire »
(p. 178). Toute la famille d’Hoffelize se réfugie ensuite au Luxembourg, de même que le marquis de Bouillé. Ce premier volume
s’achève par cette note : « La 2
e
partie de ce journal comprendra les dix années suivantes, sur lesquelles j’ai conservé de simples
notes, qu’il me sera facile de rédiger lorsque la prudence le permettra » (p. 181).
Le second volume, titré :
Mémoires de G. d’H. contenant ses voyages et ses campagnes de guerre aux Indes orientales
et en Allemagne depuis 1780 jusqu’en 1801
, en feuilles, d’une écriture cursive, mais lisible, présente de nombreuses ratures
et corrections. Resté à l’état de brouillon, il couvre les dix années suivantes : consacré à l’émigration, principalement en
Allemagne, il traite de l’armée du prince de Condé, à laquelle appartenait Gaspard d’Hoffelize, et s’achève vers 1800. Une table
des matières, paginée 285-286, semble correspondre à une version antérieure, qui fut retirée de sa reliure avant d’être remplacée
par les présentes notes.