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Alexandre von humboldt
(1769-1859) voyageur et géographe. 19 L.A.S., 1820-1828 et s.d., à la marquise de
Montcalm ; 63 pages formats divers, qqs adresses (qqs lég. mouill.).
5.000/6.000
Belle et riche correspondance mondaine et politique.
[Paris automne 1820]
: il n’est point allé à Troppau, « j’ai chargé de mes commissions un de mes plus jeunes élèves. Comme il
connoit ma façon de penser, il s’acquittera de la besogne comme un homme qui sait peindre les hommes et les choses, le pouvoir
(sage et modéré) qui existe et le pouvoir qui veut renaitre ». Il fera porter à la marquise des instruments : « Il m’a paru qu’après
avoir des idées plus précises du mouvement des corps célestes, il est intéressant aussi de savoir en quoi consiste le travail
journalier des astronomes »…
Mercredi [1820]
, transmettant le
Voyage dans l’intérieur de l’Afrique
du jeune Mollien : « Vous
apprendrez à connoitre la langue
Poule
, le Royaume
Kankan
rempli d’or et le Roi
Bubu
qui est un excellent Prince. Vous verrez
avec chagrin que ces petits negrillons du Roi
Bobo
aprennent à lire avec une malheureuse facilité. Heureusement les marabouts
et gens de cour sont les seuls qui savent écrire et qui fournissent les
gris-gris
»…
Dimanche
: il viendra lui parler « de l’histoire
physique du globe, de la repartition de la chaleur, de la hauteur des montagnes, des races d’hommes, des courans de la mer, de la
distribution des coquilles sur le globe »…
Samedi 
: il attribue à sa bienveillance et aux généreux efforts du duc de Richelieu la
tournure heureuse d’une affaire qu’il croyait perdue : « ce qui importait surtout à Mr Arago c’est d’obtenir à cette occasion une
marque honorable de la confance du gouvernement »… – Il déteste ces congrès triennaux qui « reconstruisent l’édifce social
de l’Europe », et « comblent l’abîme des revolutions », mais on craint peut-être de chagriner M. de Goltz ; il croit que M. de
Montmorency ira à Vérone…
Parme 20 décembre 1822
. Il s’ennuie de sa vie agitée en voyage, « mais la confance et la bonté
avec laquelle le Roi m’a constamment traité, m’a dédommagé de ce petit sacrifce », et si les neiges du Tyrol le permettent, ils
seront bientôt à Potsdam, avec l’empereur Alexandre. Il regrette de ne plus trouver à Vérone le général Pozzo, et fait allusion
au frère de la marquise, le duc de Richelieu : « L’empereur Alexandre m’a accordé une audience particulière dans laquelle j’ai de
nouveau senti, combien ce monarque est supérieur à sa renommée même. Il est impossible de saisir plus vivement tout ce qui
a rapport à l’humanité. Pouvois-je le voir m’écouter avec quelque interet sans me vanter de la bienveillance du grand homme
d’Etat que vous pleurez avec l’Europe entiere ? »…
Berlin 19 août 1828
. Il croit que la différence d’opinions politiques est moins
grande qu’elle ne le désire. « Au milieu des saturnales du libéralisme dont vos journaux nous offrent le spectacle
allarmant
, des
personnes qui pensent bien, comme mon frère et moi, risquent toujours d’être un peu perverties. On m’assure tous les jours
que je m’ennuie infniment […]. Il est vrai que nous n’avons pas de barricades et de ces enterremens d’hommes celebres que
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