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Le corps du manuscrit. Ce livre d’heures est incontestablement « fouquettien ». Il se situe clairement dans l’ensemble des manuscrits repérés par M. François Avril, et réalisés dans l’entourage rapproché de Jehan Fouquet & du « Maître du Boccace de Munich ». Le peintre principal de notre manuscrit a assimilé le style & la manière de Fouquet, sans atteindre toutefois à la perfection de son maître. Nous discernons, dans l’enluminure du manuscrit, trois ou quatre mains fouquettiennes :

• un moindre peintre, qui réalisa les tableautins des quatre évangélistes. On remarque des thèmes proches du maître (par exemple, les colonnes ondées derrière saint Matthieu), mais cela manque de fnesse & de sûreté.

• le peintre « principal », celui qui peignit les onze grandes enluminures (soit toutes les grandes, à l’exception de saint Jehan le Baptiste) : ce peintre maîtrise l’art, le style & le goût fouquettien. Il en est tout inspiré, tant dans la composition (par ex. : le Christ crucifé, le dais de sainte Catherine) que dans le choix des couleurs & dans le traitement (par ex. : les drapés blancs ombrés de violet).

• le peintre des sept lettrines en camaieu d’or : cette technique dont Jehan Fouquet est le père, est pratiquement la « marque » de l’atelier tourangeau de Fouquet. Il semble que le peintre ne soit pas le même que celui des onze grandes enluminures, mais il est diffcile de comparer les mains s’appliquant à deux techniques différentes.

• le peintre du saint Jehan Baptiste (ƒ 34 v°) : la fnesse de cette peinture, de qualité supérieure aux autres, ainsi que la composition et les détails (par exemple : les arbres) indiquent un peintre encore meilleur, et intimement fouquettien. Serait-ce Jehan Fouquet lui-même ? ou bien serait-ce le « Maître du Boccace de Munich » en qui M. Avril discerne le propre fls de Fouquet, tellement il est imprégné de son génie ? On est fort enclin à le penser, sans toutefois qu’on puisse l’acertainer absolûment. Le fait que Jehan Fouquet lui-même ait pu peindre cette image s’expliquerait aisément par le désir d’honorer le saint patron du commanditaire du livre, probablement le mari de dame Catherine.

Il importe aussi, chose malheureusement souvent délaissée lors de l’étude des livres d’heures, de regarder le scribe principal de ce manuscrit : les particularités de son écriture se retrouvent dans les fameuses Heures d’Étienne Chevalier, illuminées par Jehan Fouquet lui-même (actuellement conservées à Chantilly). Loin de songer uniquement à une même école d’écriture, il semble bien qu’il faille conclure que le texte de ces deux livres fut écrit par le même scribe.

Tout ceci, joint au fait que ces Heures & leur calendrier sont selon l’usage de Tours, aboutit à une conclusion certaine : à l’exception des ajouts ci-dessus précisés (ƒƒ 36 v° à 38 v°, 113 à 114 v°, 200 à 228), ce manuscrit a été, tant pour le texte que pour l’image, réalisé dans les années 1460-1465, à Tours dans l’atelier-même de Jehan Fouquet, sous sa direction & par des peintres tout imprégnés de son art, et probablement-même avec son propre concours (enluminure de saint Jehan Baptiste).

ces heures sont un manuscrit de la plus haute exception.

Jusqu’à ce que notre Cabinet d’expertise ait identifé & avéré son origine fouquettienne, on pensait qu’il ne pouvait encore exister en mains privées un si extraordinaire Livre d’heures.

Les meilleures collections privées sont démunies d’un tel manuscrit enluminé.

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