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arrosées si l’on en croit les notes de vins et champagne : « Mémoires
concernant la bouche » : 1788. Doit Madame la Comtesse du Barry à
Humbert et fils negotiant de Paris...30 bouteillers Alicant...400 bou-
teille Champagne...Quatre demies queues Nuits premiere classe...Cin-
quante deux bouteille rum de la Jamaique... (Dossier 3). Le roi de
France réglait le plus souvent la note: « S’adresser pour le païement à
Monsieur Lepot d’Auteuil, secrétaire du roi, notaire... » (dossier 3).
Ces papiers viennent compléter l’important fonds conservé aux Ar-
chives départementales de Seine-et-Oise (E 74 – E 86) : «Les papiers
de madame du Barry, étaient renfermés aux archives du district de
Versailles, dans 27 cartons et dans une liasse. Par suite d’une décision
du ministère des finances, du 19 octobre 1824, les héritiers apparents
de madame du Barry se firent remettre, le 15 septembre 1825, dix
liasses de pièces...(Une partie des papiers remis existent aux manus-
crits de la Bibliothèque impériale, Fonds français, no. 8157 à8160;
d’autres se trouvent dans plusieurs collections particulières) ». ([E.
86] Archives départementales de Seine-et-Oise. Inventaire sommaire
des archives départementales antérieures à1790, Archives civiles,
Série E, Versailles, 1873, pp. 13).
La comtesse du Barry (1743- 8 décembre 1793) fut la courtisane fa-
vorite du roi Louis XV. Ce dernier la comble de bienfaits et lui fait don
notamment du château de Louveciennes (on disait alors Luciennes),
attribué primitivement au comte de Toulouse - le fils légitimé de Louis
XIV et de Mme de Montespan. La demeure est modeste, mais Jeanne
ne cesse de l’embellir. Elle associe àses travaux plusieurs artisans dont
Claude Nicolas Ledoux, architecte du Roi. Le château est inauguré en
grande pompe en 1772. Son règne cesse le mardi 10 mai 1774, à
15h15, heure de la mort du roi. Après un bref séjour au couvent, elle
s’installe définitivement àLouveciennes et y coule des jours heureux
en compagnie du duc de Brissac jusqu’àla Révolution où elle se fait
bêtement arrêter pour une affaire de bijoux. Le Prince de Ligne dé-
crivant Madame Du Barry: “Grande, bien faite, blonde àravir, front dé-
gagé, visage ovale avec de petits signes sur la joue pour la rendre
piquante comme pas d’autre, bouche au rire leste, peau fine, poitrine
àcontrarier le monde...”.
Le rêve de madame du Barry dura àpeine six ans. Le roi mourut. Ma-
dame du Barry, exilée d’abord dans un couvent, revint ensuite habiter
son château de Louveciennes. Ses créanciers l’y poursuivirent. Légère,
insouciante et prodigue grâce aux libéralités du roi, elle avait
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pescheteau-badin
29 novembre 2012
75. [DU BARRY, Comtesse de]. [LOUVECIENNES]. Important en-
semble de documents comportant plus de 150 pièces et se rap-
portant au château de Louveciennes et àla comtesse du Barry, de
1768 à1793.
Ce précieux ensemble comprend des documents tels des inventaires
détaillés, mémoires de fournisseurs, devis, pièces révolutionnaires etc.
s’étendant des années 1768 à1793 documente avec force détails le
luxueux train de vie et la gestion des propriétés de la Comtesse du
Barry née Marie-Jeanne Bécu. Parmi les pièces importantes, signalons
tout particulièrement le dossier 4, qui contient un Inventaire du mo-
bilier, tableaux et objets d’art garnissant le château de Louveciennes
(1772), du vivant du roi Louis XV. Cet inventaire est cité dans le ca-
talogue d’exposition C. Baulez (éd.), Madame du Barry, de Versailles
àLouveciennes (1992) qui publie un Inventaire et description des
meubles et effets appartenant àla citoyenne du Barry présumée émi-
grée (commencé le 6 mars 1793) “On connait, par ailleurs, en main
privée, deux autres inventaires de Louveciennes, des 1er mai 1772 et
30 juin 1774, dont nous avons eu partiellement et tardivement trans-
cription...” (note, p. 73). Il s’agit d’un des derniers inventaires réali-
sés avant les saisies révolutionnaires, donnant ainsi un état des
collections et des décors du château de Louveciennes avant leur dis-
persion après la Révolution mais aussi avant la mort du roi Louis XV.
Le mobilier y est décrit en détail, ainsi que les tableaux: « Salon en Cu-
de-Four » (Fragonard, Drouais) (Inventaire, 1772, p. 2); « Tableaux
de diférens maîtres » (Vien, Carl van Loo, Hallé, Cozette d’après Bou-
cher, Verney, Van Dyck) (Inventaire 1772, p. 23). Sur les peintures or-
nant Louveciennes, voir Exposition C. Baulez éd., p. 106.
Divisé en 10 dossiers, cet ensemble offre un tableau très évocateur du
train de vie de la favorite dans sa maison de Louveciennes, et permet
d’identifier de nombreux meubles, tableaux et objets d’art qui la dé-
coraient. On relève notamment les mémoires de maçons, marbriers,
peintres, décorateurs, jardiniers, tapissiers, serruriers, voituriers (che-
vaux et selleries), tailleurs, couturiers, modistes, bottiers, joailliers
(citons le document: « Etat de la parure de rubis » [dossier 1 B]), or-
fèvres (citons les mémoires des Roëttiers) – la comtesse du Barry dé-
pense des sommes considérables en orfèvrerie, joaillerie et bijouterie
– porcelaines de Sèvres, sculptures (mémoires des sculpteurs Pajou,
d’Allegrain [dossier 1 C et 2], frais de pédicure, de dentiste, leçons
d’écriture, de musique etc. Les fêtes durent être somptueuses et bien
Redécouverte d’un important ensemble détaillant le train de vie de la Comtesse du Barry,
le mobilier et les décors du château de Louveciennes (Yvelines).