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ruine publique, je dis ruine privée. Pour accomplir leurs projets insensés, ils ont besoin d’argent. Et où prendront-ils ces milliards, si
ce n’est dans notre avoir »... Il ne s’agit donc pas de sauver l’honneur mais de vaincre à tout prix, de chasser les barbares... — ...« Vous
connaissez la nouvelle circulaire de M
r
de B
ismark
. [...] Ce qu’il y a de pis dans l’abus de la Force, c’est la tentation de le faire passer
pour la modération et la raison. Pourquoi ne pas dire à la façon des orientaux : je suis fort, vous êtes faible ; je suis le maître, vous êtes
l’esclave. Obéissez ne raisonnez pas »... — Plus des pages sur les méthodes scientifiques, les femmes impudiques de l’Empire, des notes
bibliographiques... etc. Les manuscrits présentent de nombreuses ratures, corrections et additions.
125.
Joseph Toussaint REINAUD
(1795-1867) orientaliste. 4 L.A.S. et 2 P.A.S., Paris 1828-1856 ; 6 pages in-fol. ou in-8, qqs adresses. 100/120
25 octobre 1828
, à J
ullien
, de la
Revue encyclopédique
, pour sa
Description des monumens musulmans du cabinet de M
r
le duc de
Blacas
10 janvier 1833
, reçu comme conservateur adjoint à la Bibliothèque du Roi, d’un manuscrit de la
Description de la Syrie
de
Ch. G
uys
, ancien vice-consul de France à Tripoli…
27 octobre [1836]
, envoi de l’article
Alcoran
[1836 ?]
, inscription sur les registres
de la Légion d’honneur…
7 et 12 août 1852
, à Aristide G
uilbert
 : le Prince Président l’a chargé de recevoir le Comité à sa place ; la visite
qu’ils devaient faire au ministre avec Dulaurier, Chodzko et Langlois, est remise…
31 mars 1856
, recommandant René M
illet
, architecte
employé « aux travaux de la nouvelle galerie des Tuileries, sous M
r
Visconti et M
r
Lefuel »…
126.
Ernest RENAN
(1823-1892). 2 L.A.S., Paris ou Perros-Guirec (Côtes-du-Nord) 1877-1891 ; 1 page in-12 (deuil) et 1 page et demie in-8,
enveloppe.
150/200
18 avril 1877
, invitant un ami à venir prendre le thé. « Je vais assez bien ; mais toujours pauvre marcheur »…
7 juillet 1891
, recommandant
à un « cher bey » Raoul D
umon
, élève de MM. Appert et Ledrain, qui « désirerait travailler dans vos riches collections »… Ils espèrent
le recevoir à nouveau : « Notre baie ne vaut pas le Bosphore ; mais il y fait délicieux en été »…
127.
Ernest RENAN
. 2 L.A.S., Paris 1883-1888, [à Émile D
eschanel
] ; 3 pages et demie in-8 à en-tête
Collège de France
.
150/200
16 décembre 1883 
: « Ce que c’est que le succès ! [...] Je voudrais bien causer avec vous à ce sujet. Nous ne pouvons pas faire grand-
chose ; tâchons cependant de faire le possible pour contenter cet être mal élevé qui s’appelle le public »...
12 mai 1888 
: « On avait
songé à aménager l’ancien amphithéâtre Michelet en vue de votre cours, pour répondre aux nombreuses réclamations qui nous
arrivent de vos auditeurs qui n’ont pu trouver place. Il y a des jours où c’est presque une émeute. Ne vous en prenez qu’à vous-même
et à ce rare talent qui fait que nos vieilles petites salles sont pour vous si insuffisantes »... O
n
joint
une carte de visite autographe
(laissez-passer à une répétition) ; plus 2 L.A.S. de sa femme Cornélie R
enan
au même (1889-1893).
128.
Jean RICHEPIN
(1849-1926). M
anuscrit
autographe (incomplet), [
M
iarka
, la fille à l’ourse
], 1883 ; 151 pages in-4 découpées pour
composition et partiellement remontées (marques au crayon de l’imprimeur).
600/800
Début de
Miarka
, roman publié en 1883 chez M. Dreyfous.
Miarka
, dont l’héroïne porte le prénom d’une des petites-filles de
Richepin, connut quatre éditions du vivant de l’auteur, qui en tira un livret de drame lyrique en 1905.
Ce manuscrit, qui a servi à l’impression, est daté en tête du 16 mars 1883 ; il correspond à environ un tiers du texte intégral : il
comprend les Livres I (
Miarka naît
) et II (
Miarka grandit
), et s’interrompt au milieu du chapitre XII, avant-dernier du Livre II (le roman
compte six livres).
O
n
joint
un recueil de 30 vignettes gravées par Gabriel B
elot
pour une édition des
Chansons de Miarka, la fille à l’ourse
, avec
légendes et couverture autographe, et dédicace a.s. de G. Belot à J. Richepin, 24 décembre 1920 ; plus un prospectus de souscription
à cette édition.
129.
Jean RICHEPIN
. M
anuscrit
autographe, [
L’A
imé
, 1893] ; 413 pages obl. in-4, paginées 1-400 (plus qqs bis).
1.000/1.200
M
anuscrit complet de ce
roman
publié en 1893 chez Charpentier et Fasquelle. Le manuscrit, qui a servi pour l’impression, est écrit à l’encre
noire sur des feuillets oblongs de papier ivoire ; il présente de nombreuses ratures et corrections, et des additions dans la marge.
Citons le compte rendu donné par Paul Ginisty dans
L’Année littéraire
1893
 : « M. Armand Hayem écrivait, naguère, un assez singulier
petit livre sur le “donjuanisme”, mais combien raisonnable et bourgeois, au fond, avec cette théorie que don Juan est un curieux
et un audacieux beaucoup plus qu’un voluptueux. “Bourgeois”, combien il le paraît, surtout, à côté de ce roman étrange, touffu,
complexe de M. Jean Richepin,
l’Aimé
 ! C’est un monde que ce livre-là, où il y a vraiment de tout, séduisant et irritant aussi, dans le
jeu de mystère auquel il se complaît. Et cet “Aimé”, en effet, ce don Juan dans une incarnation moderne, cet inconscient séducteur,
possesseur de toutes les forces de la séduction, apparaît à peine, personnellement, dans le roman, qui est plein de lui, tel qu’un dieu,
auquel on ne peut toucher. C’est un bizarre bohème, l’ancien pion Fourguisse, qui s’est fait son admirateur passionnément dévoué, son
Sganarelle, devenu, de valet, maître, “maître-expert en analyse sentimentale”, qui l’évoque, qui conte ses exploits “sublimes”, qui tient
à jour la liste de ses innombrables victimes, heureuses d’être des victimes, magnétisées par lui. Et ce livre fougueux parcourt ainsi
toutes les gammes de la fantaisie philosophique, revenant, après de perpétuelles digressions paradoxales, à une histoire compliquée
de captation d’héritage, par des moyens épiques. Car l’“Aimé” est né des amours d’un défroqué, sorcier et mage, inventeur d’une
religion diabolique, et d’une courtisane, Delphine Vionchard, dite de Morganges, qui, dans son adoration presque humble pour ce
fils prestigieux, lui veut assurer par une colossale fortune l’exercice de son Règne. La Morganges se trouve cependant en face d’une
adversaire terrible, la femme de l’homme dont elle veut les millions et que, un jour, elle a fait séduire par son fils, l’Irrésistible… Cette
femme se défend, se défend tragiquement, même, puisqu’elle va jusqu’à empoisonner atrocement le triomphant, le tout-puissant,
l’Aimé. Mais ce n’est pas la fable du livre qui importe là. Ce sont les réflexions singulières, les aphorismes originaux (et, parfois,
jusqu’à être déconcertants), les observations inattendues, que M. Richepin a semées là abondamment, sans se lasser de s’amuser à
étonner son lecteur. Au fond, à proprement parler, c’est moins de l’amour même qu’il est question que du phénomène de la prise de
possession entière, absolue, de la femme par le Vainqueur à qui elle doit être fatalement ».