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200.
SAINT-POL-ROUX
. 3 poèmes autographes, dont 2 signés, 1887-1890 ; 4 pages petit in-4 et 1 page in-fol.
700/800
La Souffrance
, sonnet irrégulier, est en deux versions : la première, datée 17 juin 87, avec ratures et corrections, est biffée ; au
verso, une « dernière copie », également raturée et corrigée, terminée le 23 juin 1887, avec deux titres en variante :
La Douleur
et
Dolor 
:
« Marâtre originelle aux prunelles d’absinthe
Hôtelière des gueux et des amants trahis »…
Marine
, qui se compose de 5 quatrains, est daté : « Falaise de Saint-Henry – Marseille 27 juin 1887 », et signé « Paul Roux » ;
il est dédié au poète, dramaturge et historien de Marseille, Elzéar Rougier. et présente quelques ratures, corrections et variantes
alternatives :
« Un taureau de fer meugle au large,
Sur le triomphe des bluets »…
Épithalame
, sonnet irrégulier, est daté du 23 septembre 1890, et signé « Saintpolroux » ; dédié à son ami Alexandre Kieffer,
le manuscrit est soigneusement mis au net :
« Voici la vierge aux seins émus comme la vague
Et le jeune homme à la prunelle de rubis.
Aux doigts rit le serment copieux de la bague.
Or c’est un loup dompté charmant une brebis »…
201.
SAINT-POL-ROUX
. 3 poèmes autographes signés, 1891-1892
; 3 pages et demie in-fol., et 2 pages in-4, cachets
du
Mercure de France
et marques typographiques.
1.000/1.200
Un des chefs-d’œuvre de Saint-Pol-Roux et deux autres poèmes donnés au
M
ercure de
F
rance
.
L’Âme saisissable
, magnifique poème en prose, daté « Saint-Henry, 91 », publié dans le
Mercure de France
de janvier 1892,
et recueilli dans
Les Féeries intérieures
(1907), où il est dédié à Henri de Régnier. C’est le récit d’une scène de foire, où l’Âme
du narrateur fascine (et est fascinée par) des Simples… Le manuscrit, soigneusement mis au net, présente cependant quelques
ratures et corrections.
« Sous les tuiles sanguinolentes du Marché – pyramidale carapace que supportent quatre piliers chamarrés d’ognons, d’ails
et de foulards criards – un Saltimbanque érigea ses Tréteaux »...
Les deux autres poèmes, de 5 quatrains chacun, sont écrits au dos de faire-part de mariage (Gustave Lang et Amélie Bélorgey
[future femme du poète], 2 août 1890), et parurent dans le numéro du
Mercure de France
de mars 1892.
Autre temps, autre
Ophélie
:
« Ainsi qu’en les larmes du Saule
Avec sa gerbe sur l’épaule
Ophélie noya ses douleurs,
Mon Cœur s’est noyé dans mes pleurs »…
À la Fleur des fleurs
:
« Vous semblez un raisin de dame,
Héritière de l’arc-en-ciel »…
202.
saint-pol-roux
. L.A.S., 63 rue de la Goutte d’Or [1893 ?], à Gustave Geffroy ; 4 pages in-8.
400/500
Très belle lettre après un article de Geffroy sur le tome I des
Reposoirs de la procession
. Le poète est gâté : « mon miroir
en quelque sorte m’a trouvé tout rose et comme glorieux. J’étais passionné de me concilier la grande âme de l’
impression
, c’est-
à-dire Gustave Geffroy. Je vous aime parce qu’en vous il y a […] du guerrier jeune et de l’aïeul déjà. Certes, si en coopération
que vous soyez avec les nouveaux Lohengrins de l’
idée pure
, je n’oublie point que vous fûtes parmi les premiers sur la barricade
de Manet ; c’est donc jouir d’un héritage que vous lire. C’est aussi escompter de l’avenir que vous entendre, puisque ayant
délibérément souscrit au progrès de l’évolution vous figurez parmi les meilleurs conseils de l’art neuf. Croyez-moi ravi de
l’intuition de votre lecture de mes reposoirs : quel charme vraiment d’être ainsi compris et discuté ! Au fond, je le sens, nos avis
sont analogues ou sont à la veille de l’être. À force de se réciproquement courtiser, les esprits même les plus divers de l’époque
finiront bien par engendrer la décisive harmonie de l’
idéoréalisme
. Il ne faut pas être tout réaliste ou tout idéaliste (
testiculus
unus, testiculus nullus
), mais les deux à la fois : envergure qui décide de l’absolue puissance d’art. Nous devons, bref, cultiver le
vase d’argile où s’est blottie l’idée. Ne nous esquivons point par les tangentes superficielles, accomplissons l’intime pèlerinage
du cercle au centre, et ne voyons en la matière des êtres que le tangible rayonnement de l’âme de ces êtres. Faisons mieux et
davantage que nos pères choisis, lesquels exprimèrent des choses
qui vivent
, exprimons des choses
qui vivent et qui pensent
.
Nous aurons ainsi réalisé l’entière création et mérité le droit de dire à Dieu : mon cher confrère ! »…