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BELLES BORDURES PEINTES EN CAMAÏEU DE NOIRS, BLEUS, ARGENTÉS ET OR, ORNÉES D’ACANTHES ET DE
FLEURS. On retrouve le chiffre « CA MC CAM » aux ff.
28
,
30
,
40
,
42
,
50
v,
75
v,
81
,
123
,
146
,
149
v,
151
,
152
,
153
,
155
v.
Les initiales et les bouts de ligne sont peints en harmonies.
On connaît deux autres manuscrits avec des bordures peintes en camaïeu. L’un est conservé à la BnF sous la cote nal.
3027
(numérisé sur le site de la BnF). Il porte le chiffre « NE » et des hermines dans ses bordures qui ont porté certains auteurs
à l’attribuer à Anne de Bretagne. Mais cette attribution est fragile. Le second manuscrit orné dans ce style est conservé à
la Pierpont Morgan Library de New York M.
618
. Il porte également dans ses bordures le chiffre « AM » et plusieurs
devises. Le choix de ces coloris provient du commanditaire qui écrit dans un poème final « gris et tanne seront mes couleurs
» (R. Wieck,
Painted Prayers
, cat. expo. New York,
1997
-
1998
, cat.
10
). Ces deux manuscrits sont enluminés en grisaille
par le Maître des Triomphes de Pétrarque un proche collaborateur de deux artistes du présent manuscrit. F.
92
, une bordure
sur fond d’or avec des acanthes blanches.
LES MINIATURES DE CE TRÈS BEAU LIVRE D’HEURES SE RÉPARTISSENT ENTRE DEUX ENLUMINEURS
PARISIENS : LE MAÎTRE DE LA CHRONIQUE SCANDALEUSE (ff.
13
,
21
v,
22
v,
24
v,
26
,
26
v,
28
,
28
v,
29
,
30
v,
31
,
32
,
35
,
39
v,
42 50
v,
92
,
107
) ET LE MAÎTRE D’ÉTIENNE PONCHER (ff.
1
-
12
v,
16
v,
18
,
19
,
20
v,
59
,
60
,
61
,
66
v le visage du berger
vu de face a été retouché par le Maître de la Chronique Scandaleuse,
71
,
75
v,
79
v,
86
et les suffrages des ff.
142
v à
155
). Les
deux artistes pratiquent la grisaille en harmonie avec les bordures.
Le Maître de la Chronique Scandaleuse doit son nom au manuscrit de Jean de Roye, chronique parisienne du temps de
Louis XI dont la copie a été terminée en
1502
pour un membre de la famille de Dammartin (Paris, BnF. ms. Clair.
481
).
Il travaille pour une clientèle princière et sa carrière se situe entre les années
1491
-
1510
. Il enlumine de nombreux
incunables d’Antoine Vérard destinés au roi Charles VIII pour lequel il réalise également de merveilleuses
Très Petites
Heures
(Drouot,
4
XII
2000
, lot
25
). Il illustre deux magnifiques manuscrits pour Anne de Bretagne, celui de son
Couronnement, conservé à Waddesdon Manor
22
, et des
Epistres d’Ovide
par Octavien de Saint-Gelais (Christie’s, Londres,
7
VII
2010
lot
42
). Il est également au service de Marguerite d’Autriche et de Philippe de Gueldres, duchesse de Lorraine
(N. Reynaud,
Les Manuscrits à peintures en France 1440-1520
, cat. expo. Paris, BnF.
1993
, cat.
150
-
151
;
France 1500 entre
Moyen Age et Renaissance
, Paris, Grand-Palais
2010
-
2011
, cat.
105
,
107
). On relève ici un programme iconographique
riche avec une enluminure pour chaque scène de la Passion.
Le Maître d’Étienne Poncher doit son nom à deux manuscrits réalisés pour ce prélat évêque de Paris de
1502
à
1519
. Il
s’agit de son
Pontifical à l’usage de Paris
(Paris, BnF. ms. Lat.
956
) et d’un autre manuscrit intitulé
Les Empereurs de Rome
et d’Allemagne
(vente Mensing, Amsterdam,
1929
, lot
45
). Sa carrière se déroule entre les années
1490
à
1510
et c’est sans
doute auprès du Maître de Jacques de Besançon qu’il a fait son apprentissage. En effet, il lui empreinte de nombreuses
compositions comme ici la scène des deux bergers en face à face. Ses visages de porcelaine, ses petits yeux ronds ou bien
des regards comme soulignés de khôl sont une marque de sa fabrique. Il affectionne également la scène du boulanger dans
ses calendriers. Il a enluminé de nombreux livres d’heures, dont ceux possédant une iconographie foisonnante où on le
retrouve aux côtés du Maître de la Chronique Scandaleuse et du Maître des Triomphes de Pétrarque. Ce sont les heures de
Madrid dites
Heures de Charles Quint
(Madrid Vit-
24
-
3
) dans lesquelles on remarque l’intervention du célèbre enlumineur
tourangeau Jean Poyet ou encore les Heures d’Écouen, E. Cl.
1251
. (Cf. I. Delaunay,
Échanges artistiques entre livres
d’heures manuscrits et imprimés produits à Paris vers 1480-1500
, thèse de doctorat, Paris Sorbonne, sous la direction de
F. Joubert, oct.
2000
, vol.
1
: texte, pp.
289
-
310
).
PROVENANCE
Le manuscrit porte des armoiries aux ff.
13
et
42
d’or au lion d’azur armé, lampassé et couronné de gueules. Ce sont les
armoiries de Guillaume de la Cauchie, seigneur de la Cauchie et du Haut-Loquin dans l’Oise, époux de Jeanne de Ligues,
fille de Jean III de Récourt dit Agravin, marié en
1476
. On connait peu de choses sur cette famille. Le cabinet d’Hozier
80
ne leur donne comme enfants que Jean et Jeanne, épouse d’Antoine le jeune d’Estrée, seigneur de Wailly. D’après les
chiffres dans la bordure, le chiffre « CA » correspondrait bien au nom de famille la Cauchie. Un possesseur ancien à proposé
comme destinataire Marie de la Cauchie, sans doute d’après le chiffre « MA » pour Marie, qu’il suppose être une sœur de
Jeanne.
Traces d’usure (doigts), par ex. aux ff.
142
,
145
; plusieurs bordures ont déteint sur la page en vis-à-vis, par ex. ff.
59
,
71
,
152
; traces d’humidité, par ex. ff.
81
,
108
-
109
,
112
,
113
,
121
,
159
,
162
.