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dit-il, un
ravissant ténor dont je serai enchanté
. Voilà donc mon hiver sauvé du silence au théâtre »… Il vient de terminer
l’orchestration de deux morceaux pour Pasdeloup, « ce sont mes deux chœurs d’orphéon, 1° le
Super Flumina
que je dédie
à Meyer-Beer, et 2° le chœur pastoral sur un Noël, que je dédie à Rossini ». Il travaille à présent au morceau qu’elle lui a
demandé : « C’est un
Chœur en style fugué
sur les paroles du 1
er
verset de
Sabat Mater
»… Une lettre d’Anna (complétée
par Gounod) apprend qu’ils ont fait la connaissance du jeune ménage Chabrier, qui leur plaît beaucoup, et qu’ils ont eu des
nouvelles de la reprise de
Faust
grâce aux lettres de Choudens, Carvalho et Ludovic [Halévy]…
5 août-6 septembre 1861
. Nouveau séjour à Arcachon : il raconte leur voyage, avec d’amusantes anecdotes, leur agréable
séjour dans le calme et la beauté de ce paysage, leur amitié avec les Rhoné... Dès leur retour à Paris, ils gagneront Montretout :
« nous ferons déborder non pas votre cœur sans fond mais votre généreuse marmite qui n’en pourra mais devant une si
abondante progéniture ». Il finit
La Reine de Saba
, il ne lui restera que 5 ou 6 pages d’orchestre à écrire pour livrer son
cinquième acte à la copie…
Venise 30 juin [1862].
Anna fait le récit de leur séjour à Venise… Gounod ajoute : « Ah ! Quel malheur de quitter Venise,
s’écrie mon Jean ! – mais j’aime mieux me priver de voir les belles choses pour revoir ma bonne grand-mère si bonne ! – le tout
accompagné de gros soupirs ; car il faut vous dire que la
marine
est au plus haut en ce moment et que l’on a fait la connaissance
intime des deux marins de notre gondole, avec lesquels on rame du matin au soir »…
[Septembre 1863]
. Il n’est pas venu la voir car il était plongé dans la lecture de la partition des
Troyens
[de Berlioz], prêtée
« en tapinois » par Choudens, qu’il devait rendre au plus vite : « la curiosité toujours et souvent l’admiration m’ont pris pendant
cette journée de lecture », et il n’a eu ni le temps ni la force « d’interrompre ma course haletante à travers de si nombreuses et si
curieuses combinaisons »… Nouvelles d’Anna à la fin de sa grossesse (Jeanne naîtra le 15 septembre). – Il ne peut aller la voir,
à cause de « l’inexorable orchestration qu’on attend au théâtre et qui me cloue sur ma table »…
Saint-Cloud 18 août
1864
. Il raconte ces heureux jours d’été, remplis de visites familiales. Il a assisté à une séance des
cinq Académies, où on a lu la dernière pièce de Legouvé qu’il doit mettre en musique [
Les Deux Reines
], et qui a fait grande
impression sur l’auditoire. Ces chœurs pour Legouvé et sa cantate sur Dante « commencent à me chatouiller et à me démanger
terriblement : je ne presse pas, je pense et laisse venir, pendant ce temps les choses mûrissent ». Il est allé chez leurs voisins
Pozzo di Borgo, car la Duchesse désirait le rencontrer…
21 septembre
. Il est en plein coup de feu « pour replâtrer
Mireille
en
trois actes » sans prendre de retard. Or ce bouleversement lui fait changer en entier toute la conclusion de la pièce : un nouveau
Duo
, un final entièrement modifié…
Montretout mardi 5 septembre 1865
. Arrivée de la famille à Montretout, nouvelles de la famille : « Toute la Gounoderie va
bien », souhaits de prompt rétablissement…
7 décembre 1866
. Anna raccompagne Jean, qui est guéri, au collège. Sa lettre les a
rassurés sur son état, ils sont heureux que le soleil lui fasse du bien. Nouvelles de la famille, de sa fille la petite Jeanne, etc. Il a
fini
Cromwell
, « c’est beau »…
11 mars 1869
, funérailles de Berlioz : « Ce matin, à 11h, convoi du pauvre Berlioz, et cimetière
Montmartre »…
Irreville 29 juillet 1869
, il a voyagé par une chaleur telle « que très certainement je devais avoir livré en route à
la transpiration une partie notable de mon poids ordinaire. (Sachez, au reste, que, pour l’honneur
du corps
, votre gendre a perdu
depuis l’an dernier près de 10 livres de son humanité) »… Il a entièrement composé à Morainville « mon
premier tableau
de
Polyeucte
dont Carré m’avait envoyé la fin ».
Varengeville 14 août 1870
. Les Prussiens sont devant Strasbourg… « Rien à Paris
sous le rapport de l’agitation dangereuse »…
29 octobre [1871]
, 18
e
anniversaire du décès de Zimmerman : Gounod se souvient
« combien paternellement m’avait ouvert les bras celui dont nous avons été privés »… Etc.
*117.
Charles GOUNOD
. 12 L.A.S. et 1 L.A. (incomplète de la fin), dont 3 à la suite de lettres de sa femme, 1859-1883,
à Angélique Chabrier ; 32 pages in-8.
1.200/1.500
Correspondance intime à la femme de son ami Ernest Chabrier.
Montretout 9 octobre 1859
, il la remercie à la suite d’un séjour à Arcachon : « Arcachon !...Vous voyez donc encore le bassin,
ces dunes, cette forêt !... Vous voyez donc encore et les barques et leurs foines et leur flamme si pittoresque !... […] Si vous allez
à la pêche embarquez moi avec vous, et chantez au bassin mille tendres mélodies de ma part »…
Montretout 10 août 1865 
: il a
reçu une décoration de l’Empereur du Mexique (à l’obtention de laquelle Mme Chabrier ne semble pas étrangère) et va partir
pour Dieppe.
Montretrout mardi matin
(à la suite d’une lettre de sa femme)
: il est chez son collaborateur Carré : « Paris !
Je recommence à me sentir cheval de fiacre : me voici rentré dans cette vie de
Ceci et cela
qui n’en finit pas. J’ai de nouveaux
empêchements à l’Opéra : je vais toujours faire copier ; il faut prendre les devants le plus possible »…
Morainville, 14 août
1874,
après ses problèmes conjugaux : « Je me demande, aujourd’hui, comme le navigateur échappé au naufrage, comment je
n’y ai pas péri mille fois pour une. Dieu est impénétrable dans ses voies, et nous tient suspendus au dessus des abîmes par des
fils invisibles. Une grande et divine chose m’a soutenu : c’est l’infatigable amour du travail et de mon art. Jamais, je crois, je
n’en ai ressenti l’éternelle jeunesse, l’immortelle origine, le but radieux et indéfectible, comme pendant ce tems où sa céleste
lumière a visité mes heures d’isolement et de captivité. Je puis dire que ce soutien a été incessant ». Ce véritable état religieux
le rapproche « de cet immuable séjour de la Beauté absolue, ce ciel dont les Saints s’appellent Mozart, Raphaël, Phidias, Michel-
Ange, Molière, et tant d’autres dans la communion desquels les amours de l’intelligence s’épanouissent et se dilatent avec
une fidélité qui devient de la béatitude »…
Dieppe 26 août 1875
, séjour à Dieppe avant de retrouver Montretout.
Saint-Cloud
19 juillet 1876
, charmante lettre après un séjour à Willemain : « Vive ce qui ne meurt pas ! les êtres du Souvenir »…
19 octobre
1877
: une convocation au Conservatoire pour les « examens d’admission pour les classes de chant, pépinière de nos ressources
futures » l’empêche de partir rejoindre ses amis. « Le relâchement de la ferveur musicale est tel depuis des années que je me
sens obligé, en conscience d’artiste, d’apporter à ces examens ma part de vigilance personnelle »… D’autres lettres concernent
des rendez-vous, des envois de loges, des dîners, etc.