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*118.
Charles GOUNOD
. L.A.S., Paris 25 janvier 1867, à Ernest Gambart ; 1 page in-8.
150/200
Il informe le riche galeriste belge Gambart (qui avait quelques années auparavant déjà défendu ses intérêts à Londres)
que Gye (le célèbre impresario et directeur de Covent Garden) lui a fait des propositions « pour acquérir le droit exclusif de
représentation de
Roméo et Juliette
en Angleterre. Mes collaborateurs et moi, nous lui demandons £ 6,000, pour la propriété
théâtrale pendant 28 ans. […] Veuillez me répondre un mot pour me dire si vous auriez le désir de jouer cette partie là en notre
lieu et place […]
Paiement en 4 échéances annuelles
»…
*119.
Charles GOUNOD
. Manuscrit musical autographe signé,
The Message of the Breeze
, Duett
, [1872] ; titre et
5 pages in-fol.
1.800/2.000
Duo pour deux sopranos et piano [CG 453].
Composé en Angleterre au printemps 1872 sur un poème en anglais de Francis Turner Palgrave (1824-1897), ce « Duett »
est dédié à Georgina Weldon et à Nita Gaëtano, qui l’ont chanté, probablement au concert londonien du 15 juillet 1872 au
bénéfice de Gounod, au Saint-James’s Hall ; publié à Londres chez Goddard, il sera traduit en français sous le titre
La Chanson
de la brise
, sur un poème de Charles Ligny, et publié chez Lemoine. Il est, comme l’indique Gounod sur la page de titre,
« Companion to the Spanish Duett
La Siesta
», publié en 1871 par Novello.
« Happy breeze that wanders »… En ut majeur à 3/4,
Allegretto
, ce duo compte 86 mesures, sans les reprises.
Le manuscrit, noté à l’encre brune sur papier Lard-Esnault à 24 lignes, a été soigneusement revu par Gounod qui a ajouté au
crayon des indications de nuances et d’interprétation ; il a servi pour la gravure de l’édition chez Goddard. Sur la page de titre,
le nom de Weldon a été soigneusement gratté dans la dédicace.
*120.
Charles GOUNOD
. 8 L.A.S., 1872-1881, à Malwine Tardieu, épouse de son cousin Charles Tardieu, et 1 L.A.S. à
Charles Tardieu ; 21 pages in-8 ou in-12 (une à son monogramme, une avec plan), enveloppes (lég. mouill. à une
lettre).
2.000/2.500
Très intéressante correspondance sur sa liaison et ses démêlés avec Georgina Weldon, la chanteuse anglaise dont il
s’était entiché, et chez laquelle il logeait à Londres. Les lettres sont adressées à Malwine Tardieu, qu’il appelle sons enfant ou sa
fille, d’origine anglaise, l’épouse de son neveu (en fait petit-cousin) Charles Tardieu, critique musical à Bruxelles.
Londres,
Tavistock House 31 décembre 1872
: il lui adresse, ainsi qu’à son mari, ses vœux affectueux et ses souhaits de
bonheur.
14 août 1873
: il évoque ses ennuis avec la justice anglaise, et sa crainte d’être emprisonné à la suite du procès que lui a
intenté Littleton, directeur des éditions Novello : « J’avais espéré que la méchanceté de mon ennemi et la sottise des magistrats
serviraient de base au légitime scandale que n’aurait pas manqué de soulever mon emprisonnement : il n’en est rien. Gounod
a été condamné à une amende de 3 000 francs qu’il refuse de payer ; on lui a accordé un délai de 15 jours : « J’ai répondu que
le
droit
et l’
honneur
ne se
ravisaient
jamais, et qu’il était inutile d’espérer que ma conscience âgée de 55 ans changerait en
15 jours. Là dessus le délai de 15 jours est expiré, et me voilà encore en proie à ma liberté ! » ; à la suite, Georgina Weldon écrit
un long post-scriptum au sujet d’un article paru dans le
Cosmopolitan
4 novembre 1873,
à Charles : « Georgina part ce soir
pour Paris entendre demain soir la répétition générale et vendredi la 1
ère
représentation de
Jeanne d’Arc
» ; elle souhaiterait
voir Bérardi et Frédérix.
Retour en France.
Morainville 12 septembre 1874
. Sa santé n’est pas bonne : « j’éprouve une fois de plus dans ma vie tout
ce qu’il y a de parenté entre les chagrins et les souffrances. Au reste, ce n’est pas un malheur après tout que d’être à cette école :
on y apprend un peu mieux qu’autre part ce que vaut la confiance dans la vie, dont on arrive à lire les pages dans l’autre sens,
comme Rossini le faisait pour le
Tanhaüser
dont il disait : “J’ai essayé à l’endroit, cela ne va pas !” – Non ; cela ne va pas : –
parce que c’est “
à l’envers
”. Aussi l’
endroit
, le véritable paraît-il l’envers et le faux à bien des gens. Je pense souvent quelle joie
ce sera de
voir
et d’être
vu
après avoir été si long-tems dans la nuit des autres, et la nuit pour les autres !... quelle délivrance,
et quel cantique ! Et plus de réclames, ni de filous, ni de charlatans, ni de fausse justice, ni de fausses sincérités, ni de
fausses
vérités
, qui ne sont que des
vraies faussetés
! »… Quant aux Weldon : « hélas ! je me consolerais encore vite du mal qu’ils me
font s’ils ne s’en faisaient à eux-mêmes bien plus encore, et un bien plus cruel : car il est autrement difficile de se consoler de
celui qu’on fait que de celui qu’on souffre »…
21 septembre 1874
. Les attaques de Georgina Weldon le désespèrent ; il reçoit
un télégramme du Comité du Festival de Liverpool qui lui apprend que « Mrs W.
suddenly declines
to send the orchestral parts
of
Joan of Arc
,
Messe S.S. Angeli Custodes
, and
Funeral March of a Marionette
», alors que « tout ce matériel, qui est resté
à Tavistock House est ma propriété » ; elle le fait ainsi manquer à sa parole, et se met dans une situation plus que blâmable ;
ce sont les seules copies existantes et il ne peut « comprendre cet acharnement à vouloir prouver que mon retour en France
est une atteinte à sa réputation, et gain de cause donné à ce que la malveillance a pu dire de sa probité. […] Cet esprit de
guerre contre le genre humain est une torche allumée avec laquelle elle met tout à feu et à sang, la pauvre femme ! […] Je l’ai
soutenue, justifiée, défendue envers et contre tous, et elle m’en récompense en disant que je l’ai trompée et trahie ! » Il s’est
laissé piéger et « jeter dans une vie d’affaires qui n’est nullement faite pour moi ; j’ai eu des procès, des disputes, j’ai été jusqu’à
me laisser exposer à la prison par elle, à cause d’elle, par ses conseils et sa pression contre laquelle
toute
résistance ou objection
était l’occasion d’une scène ! […] Elle jette gratuitement l’accusation et l’injure à tort et à travers à la tête du premier venu,
[…] elle va détruire l’œuvre de cinq ou six ans du travail de celui pour qui elle proteste de son “profond dévouement et de son
attachement inaltérable” ! […] elle regrettera un jour cette persécution à outrance envers un être à qui elle ne pourra reprocher
que de s’en être trop aveuglément rapporté à elle »…
2 janvier 1875
: il adresse ses vœux au couple et se trouve dans une pénible
situation : « Tu ne saurais te faire une idée même approximative de la forme d’occupation que m’impose la
vie personnelle
doublée
des infortunes qu’il faut que je
répare,
et le nombre en est colossal. Si je te disais que le 1
er
acte seul de
Polyeucte
tient
224 pages de partition orchestre tu ne le croirais peut-être pas. Enfin, on a bien passé le Mont-Cenis ! »…
Fécamp 23
juillet
1881
: il annonce la mort de son beau-frère Pigny…