Page 85 - cat-vent_rossini9-12-2013-cat

Version HTML de base

83
247.
PÔLE NORD
.
Amand LEDUC
(1764-1832) capitaine de vaisseau. Manuscrit,
Relation de la campagne faite
au Pôle Boréal
par la frégate de S.M.I. et R. la
Syrène,
la
Guerriere
& la
Revanche
commandées par M
r
Le Duc
;
cahier in-fol. de 10 pages gr. in-fol., cartonnage moderne.
2.000/2.500
Récit de l’expédition de 1806 au Pôle Nord, ordonnée par le ministre de la Marine dans le double but de détruire les flottes
anglaises de pêche de la baleine sur les côtes du Spitzberg, et de recueillir des observations astronomiques et géographiques.
Ayant appareillé le 28 mars à Lorient, Leduc passa la ligne anglaise rapidement, rencontra un fort ouragan dans la nuit du 15
mai et, avançant vers le nord, connut le jour continuel dès le 21 mai. Le 25 mai, il passa le cercle polaire arctique, et le 30, fut
surpris de rencontrer les premières glaces : « dès lors je présumai que l’hyver avait été d’une rigueur extraordinaire dans la mer
glaciale, et que j’aurais de grands obstacles à vaincre pour parvenir au Spitzberg »… En effet, ses premiers efforts pour pénétrer
dans les glaces furent infructueux : « je fus forcé de regagner la haute mer pour ne point exposer les frégates de S.M., à une
perte certaine au milieu des écueils flottans dont nous étions environnés. La brume devenant épaisse la frégate
la Guerriere
se sépara de la division. Nous avons passé tous les jours suivans à la chercher vainement parmi les glaces. Nous n’en avons
depuis reçu aucune nouvelle »… D’autres tentatives pour arriver au Spitzberg rencontrèrent la « barrière insurmontable »
des glaces ; des capitaines de bâtiments hambourgeois qui naviguaient dans ces mers depuis plus de 30 ans lui assurèrent n’y
avoir jamais éprouvé une saison si rigoureuse. « Quoique je n’aie pû atteindre cette terre désolée, j’ai cependant détruit dans
les mers environnantes plusieurs baleiniers anglais et une corvette de cette nation […] J’en aurais pû prendre davantage si
des frégates eussent mieux marché, mais leur vitesse était inférieure à celle de presque tous ces bâtiments »… Revenant vers
« les terribles montagnes d’Islande » pour faire soigner ses malades à Patrix Fiord, Leduc apprécia l’exactitude variable de ses
cartes, reçut deux visites du gouverneur général, fit cueillir du cochléaria pour soigner les scorbutiques à la mer… Il fait état de
quelques nouvelles prises au S.E. du Cap Farewell, et d’observations de navires au N.O. de l’Écosse, des îles Western et Lewis,
et de l’Irlande ; il captura plusieurs bâtiments canadiens. « Le 10 septembre je me déterminai à faire mon retour en France, les
équipages etant dans l’état le plus déplorable. J’avais perdu vingt-neuf hommes a bord de la
Syrène
, j’avais soixante-quatorze
hommes sur les câdres, et vingt cinq scorbutiques hors d’etat de service. Le reste de l’equipage etant convalescent, et accablé
de fatigue, et plus ou moins atteint de cette cruelle maladie, ressemblait à une troupe de spectres se traînant péniblement sur
le pont »... Précisions sur l’état encore pire de la
Revanche
… Le 19 septembre, non loin d’Ouessant, ils réussissent à échapper
à une escadre anglaise. Ayant fait fausse route vers Brest, ils se dirigèrent vers Saint-Malo, mais ce port fut bloqué par « une
forte frégate et quatre corvettes. Dans l’état où se trouvaient les équipages je ne pouvais entreprendre de forcer le passage, en
conséquence je fis route pour l’isle de Brehat où je mouillai le 22 à midy ».