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255.
RELIGION
. Recueil de manuscrits, XVIII
e
siècle ; 9 cahiers in-4 d’environ 175 pages, reliés en un volume demi-
maroquin rouge.
200/250
Sermon pour une profession de religieuse sur l’esprit qui règne dans le cloître, prêché à Caen dans l’église des Dames
Bénédictines pour la première fois le 7 août 1738 et dans l’église des Dames de S
te
Ursule pour la deuxième fois le 19 novembre
1738. Déclaration du roi du 2 août 1761 et deux arrêts du parlement du 6 août 1761, puis quatre arrêts du Parlement de Paris
des 6 et 13 août 1762, le tout au sujet des Jésuites.
La France au Parlement
, poème par l’abbé du Laurens ; puis
Les Jésuistiques,
enrichies de notes curieuses pour servir à l’intelligence de cet ouvrage
, et sonnet par le même. Édit et déclaration du Roi, mai-
juin 1777, concernant les Jésuites. Manuscrits plus tardifs : réfexions sur léducation des enfants, et deux discours pour des
enfants ou une distribution de prix.
Provenance : François-Vincent Raspail (cachet ex-libris en tête).
256.
RELIURE
.
A. MOTTE
, relieur. Carnet autographe, [1885-1891] ; carnet in-12 de 45 pages (plats réparés).
300/400
Intéressant carnet d’adresses et de notes d’un relieur. Le relieur A. Motte fut d’abord ouvrier chez Trautz, avant de
reprendre son atelier en 1879, puis de le céder à Thibaron-Joly. Il s’agit principalement d’un carnet d’adresses, de ses proches,
mais surtout de ses confrères, fournisseurs et artisans, ou clients : laveurs, couvreurs (Maylander), gainiers, doreurs, papetiers,
restaurateurs, etc. On trouve les adresses de ses confrères relieurs (Chambolle, Thouvenin, Pougetoux, etc.) ; de ses clients
libraires (Claudin, Lehec, Detaille, etc.) ou bibliophiles (Ruble, Lacarelle, Lignerolles, Paillet, Rothschild, Pichon, Hoe).
Motte note également dans ce carnet des événements familiaux et professionnels, des anecdotes, principalement au sujet de
dissensions dans la corporation des relieurs, avec des appréciations personnelles. Ainsi, il est ici question de la mort et de
l’enterrement de Jules Thibaron, des tensions entre Joly et Mme Thibaron, de ses problèmes avec son ancien patron Albert
Trautz, de la visite de Gruel à l’atelier de Motte pour voir les plaquettes de Trautz, des débuts de Charles Meunier qui quitte
Marius Michel, refusant une association, de la mort et l’enterrement de ce dernier, etc.
257.
Louis REYBAUD
(1790-1879) écrivain. Manuscrit autographe pour
Athanase Robichon, candidat perpétuel à
la Présidence de la République
, [1851] ; 16 pages obl. in-8 pag. [196]-212.
150/200
Manuscrit, avec ratures et corrections, de la fin de la première partie d’
Athanase Robichon
, qui décrit les hésitations du
personnage à s’engager, et sa décision finale : « Les soirs se suivaient […] sans qu’Athanase eût accompli son sacrifice […] :
au moment décisif une fausse honte le retenait, le paralysait. […] il errait autour de l’établissement comme l’aurait fait une
ombre privée de sépulture […]. Ces réflexions et d’autres auraient pu se prolonger à l’infini et tenir Athanase dans une
hésitation éternelle. Un soir heureusement, mieux disposé que de coutume, il eût un élan, une minute d’audace, et pénétra dans
l’établissement avec la résolution bien arrêtée de frayer avec ces messieurs, comme il les nommait, et de leur offrir son crâne à
immoler ». On joint une L.A.S. à un ami, 27 juin.
258.
Henri RIVIÈRE
(1827-1883) marin et écrivain, tué au Tonkin. L.A.S., à bord de la
Vire
, Sydney 27 août 1877 ;
4 pages in-8.
400/500
Belle et longue lettre. À Nouméa il a connu l’existence d’une sous-préfecture française : soirées dansantes chez l’amiral
gouverneur, jeux de roulette, etc. Tous les jours « de une heure à quatre heures, dévotement, j’écris mon grand roman,
Le
Combat de la vie
, où il y a cent personnages et qui aura six volumes. C’est le seul que j’aie jamais tenté et que je tenterai
jamais de cette longueur. Il y a fallu cet exil et cette solitude de deux ans. [...] ce qui m’étonne, c’est d’avoir inventé deux
personnages comiques avec lesquels je m’amuse. Je n’oserais pas dire que je les trouve spirituels, mais je les trouve gais. C’est
un retournement d’esprit qui s’est fait en moi et assez singulier. Depuis que je suis seul et souvent un peu triste, j’ai des
tendances à abandonner toute forme noire ou même sévère en littérature. Je me plais à tout ce qui a du mouvement et de la
belle humeur et je relis quelquefois les romans de ce bon grand père Dumas qui rit et qui pleure à la fois »... Il a lu des extraits
de
L’Assommoir
dans la presse : « Ce Zola sera un écrivain et des meilleurs quand son style sera moins exubérant et moins
feuillu et quand il se sera dégagé quelque peu de cette épaisse buée érotique qui l’entoure. Et cependant cette buée-là, c’est le
succès de la littérature d’aujourd’hui.
L’Assommoir
, grâce à elle, s’est déjà écoulé à 40 000 exemplaires. Elle était dans
Germinie
Lacerteux
, elle doit être dans
La Fille Elisa
. Elle est dans Belot, dans les préfaces de Dumas. Notre société s’en va avec rage aux
mauvais lieux de la littérature. Elle a soif du vin bleu, de la fille, des sensations obscènes. Flaubert même en est là, dont je viens
de lire les
Trois Contes
»... Il en cite quelques lignes pour illustrer son jugement : « Toujours la buée et le réalisme pour ne pas
dire la minutie des détails. Un chaudron n’est plus un chaudron, il faut le décrire, c’est un poème comme un sonnet. Il n’y a
plus que les yeux qui voient et les sens qui s’émeuvent, lourdement et pris d’une ivresse malsaine »... Il parle encore de Sydney,
où règne « la flirtation », et de l’avenir de la
Vire
, dont on pourrait prolonger la campagne, et termine en chargeant son ami de
souvenirs « pour Giraud, pour Flaubert, pour “tous et toutes” comme on dit en Provence. Je vous prie surtout de me rappeler
respectueusement au bienveillant souvenir de la Princesse [Mathilde] »...