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136.
[SARTRE] MIATLEV (Adrian)
La brouille de Sartre et Camus vue par un poète russe.
L.A.S. du 3 octobre 1952 à Jean-Paul SARTRE.
1 f. in-4 recto-verso.
Adrian Miatlev (1910 – 1964), poète d’origine russe, illustre en son temps pour ses poèmes révoltés, collabora
activement à la revue
Esprit
, avant de rejoindre
La Tour de Feu
en 1947, revue fondée par Pierre Boujut.
La lettre du 3 octobre 1952 qu’il adresse à Jean-Paul Sartre, témoigne de son admiration pour l’écrivain. Il
manifeste son soutien à Sartre concernant la brouille définitive de celui-ci avec son ancien ami Albert Camus,
jugeant juste la réponse adressée par Sartre à Camus : « Premièrement, il n’est peut-être pas si futile de vous
exprimer toute ma satisfaction pour l’ensemble des arguments qui constituent votre réponse à Albert Camus.
Vous comprenez qu’on puisse se sentir transporté de joie, après la solitude que connaissent tous ceux qui, dans
leur milieu, n’arrivent pas à se faire comprendre par leurs amis les meilleurs jusqu’ici, dont la sombre
désapprobation tacite devient une limite insupportable. Il est temps de rompre ouvertement et de nouer ailleurs –
avec ceux qui sont déjà plus loin que ceux avec qui, en vérité, l’on n’est plus. »
Rappelons que la correspondance entre Sartre et Camus, ici évoquée par Miatlev, est publiée dans le numéro des
Temps Modernes
du 30 juin 1952, marquant la rupture définitive des deux hommes.
La lettre se poursuit par des considérations sur la poésie, Miatlev affirmant faire partie de ces poètes qui
« affrontent les difficultés de pensée » : « « Difficultés de pensée », que ni colère, ni amertume inspirée, ni rien
de cette sorte ne peuvent hypocritement effacer. […] On ne peut pas contourner la difficulté de pensée. On bute,
et si l’on bute, il faut camper là, quelques temps que cela prenne, durant lequel une vue entière peut s’écouler
sans que l’on fasse un pas réel de plus. ».
Miatlev conclut en promettant d’envoyer à Sartre quelques-uns de ses textes dans les jours qui suivent.
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