Lot n° 90
Sélection Bibliorare

VILLETTE (Charles Michel, Marquis de). Œuvres. A Londres [Montargis, Claude Lequatre], 1786.

Estimation : 4 000 - 6 000 €
Adjudication : 8 522 €
Description
2 parties en un volume in-16 de (4) ff., 156 pp., (20) ff. d'échantillons de papier: maroquin vert, dos lisse orné, pièce de titre de maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats avec armes au centre, coupes et bordures intérieures décorées, tranches dorées (reliure de l' époque).

Les Œuvres du sulfureux marquis de Villette, proche de Voltaire, sont dédiées au Marquis Ducrest.

L'imprimeur en est le Montargois Claude Lequatre, tenu à la discrétion pour avoir été sévèrement condamné en 1777 dans une affaire de libelles séditieux.

Célèbre impression provinciale, tirée à très petit nombre sur papier de guimauve.

Elle a été publiée à l'initiative de Pierre Alexandre Léorier Delisle (1774-1826) qui avait créé en 1784 une manufacture de papier à Bûges, après avoir dirigé celle de Langlée (Loiret). Balzac évoque ses expériences dans Les Illusions perdues. Léorier mourut ruiné après s'être enrichi sous la Révolution dans la fabrication des assignats.

Il a signé l'épître dédicatoire où il rend compte de ses travaux: “J'ai soumis à la fabrication du papier toutes les plantes, les écorces & les végétaux les plus communs. Les échantillons qui sont à la fin de ce volume ne sont que des extraits de mes expériences. J'ai voulu prouver qu'on pouvait substituer aux matières ordinaires du papier, qui deviennent chaque jour plus rares, d'autres matières les plus inutiles.”

Léorier soumit ses procédés à l'Académie des sciences, revendiquant son invention contre les prétentions de l'Allemand Schaeffer dont les échantillons comportent une forte addition de chiffon et de colle.

De même, on notera que son précédent ouvrage, Les Loisirs des bords du Loing (n° 69 du catalogue) est imprimé sur un papier à base de chiffon teint de couleur, non sur un papier végétal, sauf trois échantillons à la fin.

Anne Basanoff relève que le volume fut imprimé soit sur papier de guimauve soit sur papier d'écorce de tilleul; de même, certains exemplaires furent tirés sur papier chiffon teinté bleu ou rose.

→L'exemplaire est complet des 20 feuillets d'échantillons de papier végétal qui font parfois défaut.
Échantillons de papier d'ortie, de houblon, de mousse, de roseaux, de conferva (première, deuxième et troisième espèces), de racines de chiendent, de bois de fusain, de bois de coudrier, d' écorces d'orme, de tilleul, d'osier, de marsaut, de saule, de peuplier, de chêne, de feuilles de bardane, de bardane et de pas-d'ane, de chardons.

(Basanoff, Le Papier botanique in R.F.H.L., n° 14, 1977, pp. 107-125 : “Ainsi pour les Œuvres du marquis de Villette [...] leur nombre ne peut dépasser, croyons-nous, vingt exemplaires en tout pour les papiers teints de différentes couleurs, et une dizaine pour les papiers botaniques.”)

Exemplaire de dédicace, en maroquin vert de l'époque, aux armes du marquis Ducrest.
Chancelier de la maison d'Orléans (il était le protégé de Philippe d'Orléans), frère de Mme de Genlis, Charles-Louis, marquis Ducrest (1747-1824) est l'auteur de pièces de théâtre et d'ouvrages d'économie et de politique dont un projet de réforme des finances.

L'exemplaire appartint ensuite à Denise Weil-Scheler, avec ex-libris (catalogue 1989, nº 27).
Galeries de ver marginales affectant 3 feuillets d'échantillons.

(•Le Livre, B.N., 1972, n° 105.
• Conlon, Le Siècle des Lumières, XII, n° 86: 1927 - sans mention de la seconde partie pour les échantillons.
• Peignot, Répertoire de bibliographies spéciales, p. 176.
• Les armes du dédicataire ne sont pas répertoriées dans les manuels usuels.).
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