Lot n° 106
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Sélection Bibliorare

BAUDELAIRE (Charles). Les Fleurs du Mal. Seconde édition augmentée de trente-cinq poëmes nouveaux et ornée d'un portrait de l'auteur dessiné et gravé par Bracquemond. Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1861.

Estimation : 60 000 - 80 000 €
Adjudication : 74 823 €
Description
In-8 de 1 frontispice, (3) ff., 319 pp.: maroquin noir janséniste, dos à nerfs, doublures de maroquin noir, gardes de soie noire, tranches dorées sur témoins, couvertures conservées, étui (Huser).
Deuxième édition, en partie originale, la dernière parue du vivant de Baudelaire.

Le texte est augmenté de 35 poèmes nouveaux.

Baudelaire, qui avait écarté les six pièces condamnées en 1857, craignait cependant un nouveau procès; afin de ne pas donner à cette édition “une fâcheuse publicité”, le Garde des Sceaux décida de ne pas la poursuivre.

Beau portrait de l'auteur en frontispice, dessiné et gravé par Bracquemond.

►Un des 4 premiers exemplaires sur papier de Chine.

Selon Léopold Carteret, il a été tiré en outre 4 exemplaires sur vélin fort et 3 sur papier de Hollande. (Carteret I, p. 124: “Les exemplaires sur grand papier de cette seconde édition sont très rares, plus rares encore que ceux de l'édition originale.”- Clouzot, 44: “Quelques très rares exemplaires sur Chine, vélin fort et Hollande, fort précieux.”)

►On a relié en tête une très belle lettre de Baudelaire adressée à son éditeur, Auguste Poulet-Malassis.
Lettre importante concernant la deuxième édition des Fleurs du Mal et les manuscrits de certains poèmes cachés à Honfleur.

“Je maintiens ce que je vous ai dit. Si le 1er mai, je n'ai pas fini la préface et les trois morceaux dont je vous ai parlé, je les sacrifie. Mais il faut, même au cas où je les sacrifierais dès aujourd'hui, aller à Honfleur, car il me manque aussi, - sans compter Danse macabre, Sonnet d'automne, Chant d'automne,- Paÿsage parisien, D'après Mortimer, et Duellum; - tous ces papiers sont si bien cachés que ma père ne pourrait pas les trouver. - Ensuite, je ne me soucie pas beaucoup d'ajouter à mes nombreux tourments actuels, la correction des épreuves des Fleurs.
”Il évoque ensuite le règlement de dettes et rappelle à son éditeur qu'il peut avoir confiance en
M. Jousset, hôtelier de Honfleur: “Je vous répète qu'on peut se fier au maître de cet hôtel, et la preuve, c'est que plusieurs personnes du Hâvre ou de Dieppe, qui ont demeuré chez lui, font des billets payables chez lui. Rappelez-vous qu'il s'appelle Jousset. Il est évident que le plus raisonnable est de ne lui envoyer l'argent que la veille.”
En post scriptum, le poète répond aux récriminations de son éditeur: “Je vous jure que tous vos sermons étaient bien inutiles. Je sens tous vos ennuis, non seulement par idyosin-chrasie (I), mais aussi par corrélation d'intérêts.
(I) voir la Revue Internationale, notes sur Gérard par Champfleury.” (Lettre autographe signée “C.B.”; 2 pages in-8, adresse et oblitération du 19 avril 1860 sur la quatrième page.- Baudelaire, Correspondance II, Bibliothèque de la Pléiade, p. 23.)

▌►Exemplaire parfait, à toutes marges, en maroquin doublé de Huser.

De la bibliothèque Du Bourg de Bozas-Chaix d'Est-Ange, avec ex-libris (cat. 1990, n° 156: l'exemplaire renfermait alors une seconde lettre autographe de Baudelaire à Catulle Mendès).

►Belle provenance que celle du descendant de l'avocat de Charles Baudelaire qui avait défendu, en 1857, Les Fleurs du Mal poursuivies pour immoralité.
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