Lot n° 569
Sélection Bibliorare

BACH, Johann Sebastian. Grosse Passionsmusik nach dem Evangelium Matthaei [Passion selon Saint-Matthieu]. Vollständiger Klavierauszug von Adolph Bernhard Marx, Berlin, In der Schlesinger’schen Buch-und Musikhandlung, 1830. In-folio oblong (260 x...

Estimation : 6 000 / 8 000 €
Adjudication : Invendu
Description
320 mm) de (2)-190 pp. gravées (planche n° 1571), partition pour piano-chant, liste des souscripteurs au début : cartonnage moderne de papier gris, plat supérieur de la couverture d’origine imprimée collé sur le premier plat.

►Édition originale de la Passion selon Saint-Matthieu.

Depuis la découverte, en 2015, du contrat original entre l’éditeur Adolf Martin Schlesinger et le musicologue, compositeur et publiciste Adolf Bernhard Marx, nous en savons beaucoup plus sur la publication du chef-d’œuvre de J.S. Bach.

On a cru longtemps que la Passion selon saint Matthieu avait été exécutée pour la première fois le Vendredi Saint de l'année 1729. En réalité, la première eut lieu deux ans auparavant, à l’église de Saint-Thomas de Leipzig. L’œuvre a été probablement jouée plusieurs fois entre 1727 et 1750,
date du décès de Bach. Son deuxième fils, C.P.E. Bach, reçut en héritage le manuscrit autographe,
dont il utilisa plusieurs morceaux pour ses propres Passions conçues pour Hambourg.

La survie du manuscrit au XVIIIe siècle est un vrai miracle. L’œuvre fut redécouverte par Felix Mendelssohn Bartholdy, qui livra ce qu’il imaginait être l’exécution du siècle à la Singakademie de Berlin le 11 Mars 1829. Mendelssohn effectua plusieurs coupes et réorchestra quelques passages
(en remplaçant, par exemple, les deux oboe d'amore et les deux oboe da caccia par des clarinettes).
La première représentation fit l’objet de six annonces consécutives dans le Berliner Allgemeine Musikalische Zeitung, le journal musical dirigé par Adolf Bernhard Marx et publié par Schlesinger. Deux autres représentations eurent lieu les 21 mars et 18 avril de la même année (la dernière fut dirigée par Carl Friedrich Zelter). Dix jours avant la dernière représentation, Marx et Schlesinger signèrent
le contrat pour l’adaptation et la publication de la partition de la Passion selon saint Matthieu.

D'après l’Erinnerungen de Marx (1865), ce dernier aurait persuadé Schlesinger de publier non seulement la partie de chant, mais une partition complète. Quoi qu’il en soit, la version de Marx ne comporte heureusement pas les modifications apportées par Mendelssohn dans sa version de 1829, ce qui aurait altéré la perception et la transmission du chef-d’œuvre de Bach.

Nous savons grâce à la correspondance de Schlesinger que les deux ouvrages (partition complète et partie vocale) devaient être publiés conjointement en 1830. En s’adressant à un autre éditeur, Schlesinger lui décrit la future publication de la Passion, déjà perçue comme l’une des plus grandes œuvres religieuses jamais composées.

►Cette publication a relancé l’intérêt pour la musique de Bach et assuré au cantor de Leipzig une place unique dans l’histoire de la musique.

Le génie de Bach est omniprésent dans son œuvre.
Cependant, les deux Passions qui nous sont parvenues dominent en raison de leurs qualités musicales, de leur puissance émotionnelle et de leurs prouesses techniques. Il suffit de citer le chœur d’ouverture "Komm, ihr Töchter", grandiose mouvement d’environ quinze minutes qui est aussi l’une des plus vastes structures musicales que l'on ait composées à cette date. Ce qui semble être un cortège en mouvement débouche sur un gigantesque choral, prélude à l’hymne "O Lamm Gottes unschuldig" chanté en ripieno par un chœur de jeunes garçons. Les accords de cet hymne sont composés dans une autre tonalité que celle du mouvement principal : une preuve parmi tant d’autres de l'aisance avec laquelle Bach surmonte les défis techniques.

La liste des souscripteurs ne figure que dans les tout premiers exemplaires de cette publication majeure.
On y trouve des noms connus :
le compositeur Louis Spohr, les principaux éditeurs allemands (dont Breitkopf et Härtel, Peters, Whistling et Cranz), Boosey à Londres, Schott à Mainz, ainsi que Diabelli et Haslinger à Vienne. Et c’est ainsi que la Passion selon Saint-Matthieu s'envola pour conquérir le monde.

Quelques taches et rousseurs, plus prononcées sur les derniers feuillets.

Bach Werk-Verzeichnis, p. 244. – Stephen Roe, "Contract that helped bring Bach’s St Matthew Passion to the world", The Guardian online, 26 mai 2016. – RISM B 436.
Partager