Lot n° 194

HENRI MARTIN (1860-1943). Le bassin. Huile sur toile, signée en bas à gauche, numérotée 5 au dos 66 x 88 cm - 26 x 34 5/8 in.

Estimation : 300 000 - 500 000 €
Adjudication : 520 000 €
Description
Oil on canvas, signed lower left, numbered 5 on the reverse

Dans un cadre en acajou sculpté à décor floral stylisé de Bellery-Desfontaines
Le certificat rédigé par Cyrille Martin, petitfils de l'artiste, en date du 15 avril 2012, sera remis à l'acquéreur

PROVENANCE
Collection Paul Riff
Vente Rennes Enchères, 1er avril 2012
Collections Aristophil

EXPOSITION
Paris, Galerie Georges Petit, Peintres d'aujourd'hui, Henri Martin, sa vie, son oeuvre. n° 5, sous le titre «Le Bassin»

BIBLIOGRAPHIE
Jean Valmy-Baisse, Peintres d'aujourd'hui, Henri Martin, sa vie, son oeuvre, 1910, n°5, repr. sous le titre «Le Bassin»
Jacques Copeau, Art et Décoration, Henri Martin, 1910, p.180, repr. sous le titre «Petite fille au bassin»

La chaleur brulante du soleil du midi évoquée dans sa Vue de Labastide-du-Vert a disparu au profit de la fraicheur procurée par l'un des deux bassins de la propriété, et par l'ombrage des feuillages qui rendent moins perceptibles les traits de l'enfant que l'on devine assise sur la margelle.
Notre toile s'inscrit dans cette deuxième période stylistique de Martin. Les larges touches caractérisant le vêtement de la jeune fille et l'eau illustrent la manière résolument libre du peintre tandis que la définition nette de la silhouette du personnage, ainsi que le tracé du bord du bassin font écho à une pratique assidue du dessin, resté rigoureux depuis la formation académique de Martin. La partie supérieure du tableau - les fleurs spécialement - ainsi que le visage témoignent quant à eux de la marque laissée par l'assimilation de la technique pointilliste; Martin ne reprend pas à son compte les préceptes scientifiques du néo-impressionnisme - comme le mélange optique des couleurs et la juxtaposition méthodique de couleurs complémentaires les unes à côté des autres - mais s'inspire de la décomposition de la touche afin de faire vibrer la surface de la toile.

The burning heat of the midday sun so present in his Vue de Labastide-du-Vert has given way to the coolness provided by one of the two ponds in his garden, and by the shady foliage half-concealing the features of the child we can make out sitting on the edge.

This painting dates from Martin's second stylistic period. The broad strokes he uses for the little girl's clothing and the water illustrates his decidedly untrammelled approach, while the figure's clearly defined silhouette and outline of the pond border reflect the rigorous drawing technique assiduously maintained since his academic studies. Meanwhile, the upper part of the picture (particularly the flowers) and the face illustrate the influence of the Pointillist technique he had assimilated. Martin never subscribed to the scientific precepts of Neo-Impressionism, like the optical mingling of colours and the methodical juxtaposition of complementary shades, but was fired by the fragmented strokes that gave vibrancy to the surface of the painting.

HENRI MARTIN (1860-1943)
Henri Jean Guillaume Martin naît en 1860 à Toulouse. Il étudie à l’Ecole des Beaux- Arts de sa ville natale où il intègre l’atelier de Jules Garipuy. En 1879, le peintre reçoit une bourse qui lui permet de se rendre à Paris. Il poursuit alors sa formation auprès de Jean-Paul Laurens avant d’effectuer, en 1885, un voyage en Italie qui marque durablement son art.
L’observation des maîtres de la Renaissance italienne et des primitifs nourrit dès lors l’imaginaire de Martin, qui développe un art aux affinités évidentes avec le symbolisme. En effet, en découvrant l’oeuvre de Giotto, dont les paysages sont lumineux et sereins, Martin prend ses distances avec son enseignement académique et parfait son propre style, caractérisé par de petites touches hachées et parallèles. A partir de la fin des années 1890, l’artiste investit une nouvelle manière de peindre, où l’influence du néo-impressionnisme se fait sentir. Pourtant critiqué par les tenants de ce mouvement, Martin réalise un travail aussi titanesque que révolutionnaire en ce qu’il applique à des compositions murales aux dimensions monumentales toute la finesse et le chromatisme nuancé du pointillisme. Henri Martin décède en 1943, à Labastidedu- Vert, dans le Lot. Son oeuvre demeure empreine de poésie, de rêve et de mystère. Son art est une véritable invitation au voyage, rappelant ses écrits favoris tels que Baudelaire, Edgar Alan Poe ou encore Lord Byron.
Aujourd’hui, le musée de Cahors Henri Martin continue, parmi tant d’autres, d’honorer l’oeuvre du peintre.

Henri Jean Guillaume Martin was born in Toulouse in 1860, and studied at the Ecole des Beaux-Arts in his native city under Jules Garipuy. In 1879, he received a grant that enabled him to go to Paris. He then continued his studies with Jean-Paul Laurens before setting out in 1885 on a journey to Italy, which had a lasting influence on him.

With an imagination nourished by his observation of Italian Renaissance masters and Primitives, he developed an art that had clear affinities with Symbolism. When he discovered the works of Giotto, in particular, with their serene, light-filled landscapes, Martin moved away from his academic training and explored his own style, characterised by tiny staccato parallel strokes. In the late 1890s, he started to move in a new direction palpably influenced by Neo-Impressionism. Although criticised by exponents of this movement, Martin produced a colossal body of ground-breaking work, applying all the refinement and subtle chromaticism of Pointillism to monumental wall compositions.
Henri Martin died in 1943, in Labastide-du- Vert, in the Lot region: an artist imbued with the poetic, the dream-like and the mysterious to the last. His art is a true invitation to a journey in the line of Baudelaire, Edgar Alan Poe and Byron, his favourite writers.
Today, the Musée de Cahors Henri Martin, like many other museums, continues to pay tribute to the artist’s work.

«Marquayrol, la maison achetée en 1900 à Labastide - du-Vert dans le Lot, tiendra une place très importante dans la vie et l’oeuvre d’Henri Martin. Il y passe environ cinq mois par an, entouré de sa famille et peignant principalement en plein air. Les portes, la pergola, la tonnelle, la terrasse et bien sûr les bassins de sa propriété sont des motifs qui lui tiennent à coeur : tout y est coloré, calme et serein. » Marquayrol. Peintres d’aujourd’hui, 1910.

Comme Monet à Giverny, il ne cessera de peindre son bassin et les géraniums l’entourant, dont les couleurs et les reflets chatoyants donneront naissance à de vivantes et radieuses compositions. « Marquayrol, the house he bought in 1900 in Labastide-du-Vert in the Lot region, became a highly significant place in the life and work of Henri Martin. He spent around five months there every year with his family, mainly painting outdoors. The gates, the pergola, the arbour, the terrace and, of course, the ponds in his property were all subjects he loved. Everything is imbued with colour, peace and serenity.» Marquayrol. Peintres d’aujourd’hui, 1910.

Like Monet at Giverny, he constantly painted the pond and the geraniums all around, whose colours and shimmering reflections inspired radiant compositions full of life.
Partager