Lot n° 128
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PISSARRO (Camille) — LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À SA FEMME JULIE, datée 1 mars [18]90, 4 pages in-8 (210 x 134 mm), contenant un DESSIN ORIGINAL (autoportrait vu de dos), sous chemise demi-maroquin bleu moderne.

Estimation : 3 000 - 4 000 €
Description
SUPERBE LETTRE INÉDITE ÉCRITE PEU DE JOURS AVANT LA DEUXIÈME EXPOSITION DE PEINTRES-GRAVEURS CHEZ DURAND-RUEL ÉVOQUANT MARY CASSATT, CÉZANNE, DEGAS, GUILLAUMIN ET THÉO VAN GOGH.

Julie Pissarro (1838-1926) était employée chez la mère du peintre lorsque celui-ci fit sa connaissance; elle fut toujours une épouse dévouée. Pissarro, qui habitait Eragny et séjournait très souvent à Paris, lui écrivait régulièrement pour lui donner de ses nouvelles. Il lui parle d'une exposition collective lui ayant permis de rencontrer ses vieux amis Degas et Cézanne.

Je reçois ta lettre à l'instant ou plutôt celle de Portier (Alphonse Portier, marchand très proche des impressionnistes dès leurs débuts), j'ai reçu hier la tienne [...] Portier me demande une toile qui ne m'appartient plus depuis 2 ans, c'est Durand-Ruel qui me l'a achetée 300 f., elle vaut actuellement au moins 1500 f., c'est toujours ce qu'ils ne peuvent plus avoir que les amateurs désirent [...]. Il évoque ensuite la prochaine exposition chez Durand-Ruel: mes œuvres de gravures sont rendues chez Durand-Ruel, il s'agit du placement, Miss Cassatt expose, il y a 32 exposants, Bracquemont, Luce [...]

Van Gogh est très content de l'exposition qui attire beaucoup de monde, il a plusieurs affaires en train [...] J'ai vu Degas hier soir qui m'a fait des compliments sur la tenue de mon grand tableau, il trouve fort beau la composition et le dessin des figures, des fonds et surtout l'unité de l'ensemble que je cherche depuis si longtemps, c'est l'avis de Degas, qui est si difficile, qui m'a le plus donné de courage et de l'espoir, il n'a vu mon tableau qu'à la lumière du gaz, il doit y retourner le jour. Il parle ensuite de sa visite chez un notaire, chez qui il a pu régler des histoires de famille assez embrouillées (testaments de son père et de sa mère): Cette fois nous avons été plus heureux [...] il a en mains le testament de ma mère, des papiers que ma mère y a déposés concernant l'association de mon frère avec Anzon [...] Il tombe de la neige ici, et nous avons à courir dans Paris...
Nous sommes très bien portant, pas encore de rhume, ton cache-nez est maintenant précieux le soir, aussi il ne me quitte pas, je courre [sic] dans Paris avec mes poches bondées de cache-nez, de gants de mouchoirs, j'ai l'air d'avoir une crinoline !!
Pissarro accompagne ses propos d'un amusant croquis à l'encre le représentant de dos, emmitouflé et brandissant un parapluie.

Grande nouvelle: J'ai vu Cézanne !!!! — de grandes amitiés, il m'a chargé de te faire des compliments, il est blanchi mais toujours le même. — Il est convenu que nous devons nous trouver un soir ensemble à un café quelconque !...
[Pissarro et Cézanne étaient amis depuis 1861].

Cette lettre ne figure pas dans la correspondance de Camille Pissarro publiée par Jeannine Bailly-Herzberg, Paris, 1989.

Petite déchirure à la pliure centrale.
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