Lot n° 125
Sélection Bibliorare

Henry de MONTHERLANT. — Manuscrit autographe, signé en plusieurs endroits, avec insertion de fragments dactylographiés, photocopiés ou découpés d’imprimés, [Garder tout en composant tout : 1924-1972] ; — 368 ff. in-4.

Estimation : 5 000 - 7 000 €
Adjudication : 12 160 €
Description
Manuscrit complet de ce recueil composé de fragments de carnets et de manuscrits d’articles et lettres ouvertes, réuni par Jean-Claude et Yasmina Barat qui en donnèrent une édition en 2001, dans « Les Cahiers de la NRF » de Gallimard, avec le sous-titre : carnets inédits, derniers carnets.

Classées chronologiquement, ces pages, majoritairement autographes, sont presque toutes écrites, ou composées de béquets collés, au dos de tapuscrits de Montherlant, d’épreuves et prospectus, ou de correspondances à lui adressées (dont André Chamson, Gabriel Matzneff, Lars Schmidt, Laurent Boyer, Louis de Sadeleer, etc.).
Sa signature figure en bas de certains textes destinés à des périodiques : pages 40, 48, 78, 124 [ter], 164 [bis], 177, 235 [ter], 270 [bis], 279…

Y figurent des articles (La Conversion de Tibère, Petites notes d’un idiot, Lettres de femmes, La Vie, Le héros, etc.), des minutes de lettres (à Georges Soria, à Mac Avoy, à des journalistes ou rédacteurs, etc.), des fragments de manuscrits de « carnets » (souvent préparés par Montherlant pour la dactylographie), le discours de donation du manuscrit de La Reine morte à la Comédie française, des réflexions sur son théâtre, sur Sénèque, Cicéron, Plutarque, Goethe, Barrès, Romain Rolland, André Suarès, l’Académie française, le général de Gaulle, etc. ; un texte sur Roger Martin du Gard pour la radio nationale, un Hommage à Tolstoï ; des vers, etc., etc.

La plus grande part du recueil se compose de morceaux choisis dans ses « carnets » : aphorismes découpés ; réflexions sur lui-même, sur l’écriture, sur le théâtre, sur la mort, sur la politique, etc. ; observations sur ses confrères et son temps ; anecdotes sur ses œuvres ; historiettes ; citations des classiques ; maximes, souvent misogynes…
« Une passion totalement libre devient une obsession. Une passion qu’on entrave en devient une aussi »…
« Je vise l’homme qui ne souffre pas. Je vise aussi l’homme qui n’a pas peur. Je vise le désir dans l’homme, mais non le divin des dieux “émouvants” : le divin des dieux qui n’ont pas peur et ne souffrent pas »… « “Les épinards et Saint-Simon ont été mes seuls goûts durables”, a écrit Stendhal. Là-dessus tous ceux qui préfèrent les artichauts lui dénient le talent, ou attaquent sa vie privée »…

« 11 novembre. – Les Allemands traversent la zone non occupée. Devant des événements de cette nature, le réflexe des gens est : je ne paye plus mes dettes. Le mien : je ne réponds plus aux lettres »… « Il est regrettable que personne n’ait songé à porter sur le théâtre, à la belle époque de la pédérastie littéraire en France (1928-1953 ??), les amours de Jules César et de Nicomède, roi de Bithynie.
Titre – cornélien – :
Nicomède. Ou – plus aimable – : Mon Jules »…
« Je compte six mois pour finir Cette voix d’un autre monde, dix-huit mois de temps perdu aux publications des nouveaux Carnets et de La Rose de sable et aux reprises de théâtre et choses accessoires. Et deux années pour écrire le roman que je veux écrire, sans parler de la pièce : nous n’en finirions pas. Il me faut quatre ans, et quatre ans avec la tête intacte, non avec la tête ramollie. Les aurai-je ? C’est une espèce de match entre la mort et moi »… Etc.
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