Lot n° 114
Sélection Bibliorare

BOUDIN (Eugène). 1824-1898. Artiste peintre.:

Estimation : 45 000 - 50 000 €
Adjudication : 57 200 €
Description
Correspondance à Louis Braquaval. Paris, Boulogne, Deauville, Beaulieu-sur-Mer, 1889-1898. 33 l.a.s. sur env. 120 pp. in-12.
Magnifique correspondance du peintre Eugène Boudin enseignant les techniques de dessins et de peinture à son protégé Louis Braquaval (1854-1919).
Septembre-octobre 1889. Conseils pour peindre depuis son «petit atelier champêtre»; (...) Avez-vous essayé de pousser quelques études dans le détail... je vous y engage encore de loin. (...) Vous devriez aussi pour vous habituer à bien saisir les massifs d'arbre, dessiner au fusain sur papier vos motifs. Vous en peignez ensuite sur une toile et vous rendez compte des valeurs et de la masse. Il faut beaucoup travailler ainsi pour arriver à quelque chose, or il me semble que vous vous pressez un peu trop de vouloir arriver au tableau qui doit être le résumé et la suite d'études solides, d'études de détails surtout (...). Moi-même tout vieux que je suis (...) je me reprends de temps à autres à vouloir étudier un bout de terrain, un coin de fossé où je détaille toutes les herbes, toutes les plantes (...) Ne négligez pas les animaux, poules, canards, montons, vaches (...). En Normandie, entre Deauville, Le Hâvre et Pont-Lévêque, Boudin fait part de ses travaux, malgré le mauvais temps et la mer qui est grosse; «claquemuré dans l'atelier», il a plaisir à revoir ses études qu'il reprend. De retour à Paris fin octobre, Boudin lui fait part de sa santé, remercie de l'envoie des conserves et confitures de Mme Braquaval, et se plait à donner des conseils à son ami pour bien prendre les motifs, avant d'évoquer ses travaux. Je voudrais pouvoir vous parler Art mais je suis attaché au pilori ! c'est mon chevalet et je ne vois que les ventes irrésistibles qui sont rares en ce moment. Travaillez donc et dites nous si la chaleur est encore suffisante pour que vous puissiez peindre ce fameux cheval dans le verger des voisins (...).
Septembre 1890. A Deauville, Boudin continue d'encourager Braquaval dans ses études; suit une intéressante discussion sur la manière de peindre comme les impressionnistes et jugement sévère sur cet art; (...) Il parait que vous avez enfin trouver un paradis terrestre pour le peindre. Mes compliments. Mais si je vous dois encore un conseil amical, je vous crierai: dessinez, dessinez, il n'y a que ça dans la peinture. Ne cherchez pas à faire du coloris (...) Etudiez mieux le détail, modelez chaque chose. Je constate dans vos études une sorte de recherche du coloriage qui ne prouve rien. Sacrifiez l'aspect à l'étude profonde des choses (...) Vos arbres ne sont jamais ni modelés ni poursuivis dans leurs nervures. Vos branches viennent au hasard et les feuillages ne sont point caractérisés (...) J'irais bien plus loin mais je ne veux pas vous découragez, au contraire. Mais j'estime que vous commencez (...) dans un genre le plus difficile de toute la peinture (...). Ah, l'école du gâchi... mais j'en suis aussi moi qui vous parle... l'école du «vite-fait» comme on pourrait l'appeler plutôt. Tous s'y jettent et c'est pourquoi ils font de l'impressionnisme, ainsi désigné parce que l'impression seule du peintre y joue un rôle (...). J'en suis la preuve en ce moment. Forcé de faire une série de tableaux du champ de courses, je me heurte à des difficultés sans nombre. Les collines seule, rien que pour les étudier dans leurs détails, demanderaient des semaines ! Et jusqu'à présent, j'ai fait tout cela sans façon en quelques coups de brosses et au ton vaporeux (...) Ne soyez pas de l'école hâtive, mon cher ami. Vous êtes comme tous vos confrères, vous avez hâtes de vous exposer (...). Décembre 1891. Après avoir passé l'été entre Boulogne et Deauville, Boudin lui fait part de ses sentiments. (...) Nous sommes rentrés depuis plus d'un mois, mais malgré l'impression des amateurs, je n'avance guère... je suis affligé de douleurs... je vieillis, pas trop de l'intelligence mais du corps (...). J'arrive à ce moment où accepté de tous, je pourrais récolter enfin ce que j'ai semé durant nombre d'années. C'est le sort commun, on se hâte (...). Il est très touché du succès de son élève à Lille, demande des nouvelles du château de Spicker, etc.
Janvier 1892. Ses impressions sur Villefranches et la région. Oui mon cher ami, nous avons enjambé la France (...) tout à coup transporté sans transition dans cet heureux pays où es généranium servent de haies et sont en pleine floraison. (...). Le pays de Villefranche est la plus cocasse petite ville qu'on puisse imaginer. Il ya plusieurs peintres qui en illustrent les vieilles rues: que ça vous plairait les milles colories... moi, je peinds de préférence les aspects de la mer, les côtes (...). Septembre-octobre 1892, évocation des ses travaux au Havre et à Deauville. Janvier 1893, Boudin envisage de passer six semaines «au pays du soleil». Mars 1894, à propos de diverses expositions et encouragement pour le salon d'automne, et sur l'intérêt d'un galeriste travaillant à New-York pour le «petit tableau de neige» de Braquaval qu'il propose d'acheter. Vous voyez que c'est un mince succès, mais j'ai préféré cela aux bons offices d'Ebstein auquel vous pourrez faire parvenir quelques petites toiles par mon entremise (...). Boudin profite pour lui faire plusieurs observations sur sa manière de peindre. Deauville, fin octobre 1894. Après un séjour à Fécamp, il envisage de rentrer; Aujourd'hui j'ai encore voulu essayer de peindre, mais il n'y a plus moyen de résister au vent. Notre pauvre petit appareil n'est pas assez fort pour braver les tempêtes. C'était pourtant beau ces jours derniers, mais l'heure du départ a sonné (...). Je suppose que vous êtes bien calé là-haut dans votre atelier. C'est le cas de vous résumer un peu et de vous essayer au «fini», pas sur vos études, mais sur des essais de tableaux (...). Mars 1895. A propos des tableaux vendus à Ebstein; il a pris la liberté de signer ses tableaux, Braquaval ayant oublié de le faire. Je ne sais que vous dire de plus sinon que je trouve mon métier de plus en plus difficile surtout depuis que je de finir mes études dehors (...). Encouragement pour le salon de Bruxelles. Mai 1895. Longue discussion sur les derniers salons de peintures. Septembre 1895. Evocation de Rouen, Honfleur, Etretat, Lisieux... etc
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