Lot n° 110
Sélection Bibliorare

Camille SAINT-SAËNS (1835-1921). 43 L.A.S. et 1 P.S., 1880-1917, à Léonce Détroyat ou à Madame ; 86 pages formats divers, quelques adresses.. Importante correspondance, en grande partie relative à Henri VIII, opéra en 4 actes, livret de Détroyat et Armand Silvestre [créé à l’Opéra le 5 mars 1883]..

Estimation : 4 000 - 5 000
Adjudication : 5 376 €
Description

.. 15 décembre 1880. Vaucorbeil et Régnier lui ont parlé d’Inez de Castro « avec un enthousiasme extrême et Régnier a dû vous écrire pour vous engager à redemander votre poëme au grand maestro. Ils ne se soucient plus d’Henry VIII, ils craignent que le public ne s’interresse pas à un personnage non moins antipathique qu’historique. Nous pouvons voir à le placer en Angleterre, où j’ai trouvé des airs du temps très-intéressants, mais pour l’Opéra je crois qu’il n’y faut pas songer »…

10 janvier 1881. « Il paraît que M. Verdi vous laisse toute liberté et malgré l’attrait bien naturel que vous offrait la collaboration elle me semble bien aléatoire. Ayez donc l’obligeance de me répondre le plus vite possible si oui ou non vous m’autorisez à m’occuper d’Inez de Castro. Autrement, pour ne pas laisser perdre une occasion que je ne retrouverai peut-être jamais, je me verrais forcé à mon regret de me tourner d’un autre côté »…

17 janvier. Il a bien compris que Détroyat ne renonçait pas à « l’espoir de la collaboration princière du maestro Verdi ». Cependant « il était évident pour moi que le vent m’était favorable, bien que la cause de ce changement de temps me soit inconnue et je craignais en laissant passer le moment qu’un autre – un autre larron ! – vînt à la traverse. Maintenant tout va marcher sur des roulettes. […] qui sait, dans un an à pareille époque, peut-être serons-nous en pleine répétition ! »… 22 janvier. Compte rendu d’une réunion avec Régnier et Silvestre, et conseils pour obtenir un traité de Vaucorbeil avant que Régnier ne se retire de l’Opéra…

27 mars. « Il y a un fait, c’est que la musique me vient toute seule en tête quand je pense à Henri VIII et ne me vient pas du tout quand je pense à Inès. Que faire à cela ? Aller contre mon instinct, c’est courir à une perte certaine. […] cela vaut encore mieux pour tout le monde que de faire un four. Inès trouvera bien un amateur parmi les gens de talent qui désirent travailler pour l’Opéra »… 12 mai. Il a insisté auprès de Silvestre « sur le retour au rôle du Bouffon »… 15 juillet. Traité en 9 articles entre Saint-Saëns, Détroyat, Silvestre et la maison d’édition Durand, Schoenewerk et Cie, pour la partition d’Henri VIII…

15 mars 1882. Dalila a fait « une brillante apparition » à Hambourg : cela « prépare les voies pour Henri VIII »… Saint-Saëns continue son travail, et a ajouté « quelque chose d’amoureux au grand duo » du deuxième acte : « De tes beaux yeux le feu brûle et m’enivre ;/ De mes tourments ton amour me délivre !/ Ô ma beauté, viens ! »…

[8 juin 1886]. « Vous pouvez dire à l’Opéra qu’il est inutile de me proposer de nouveau la suppression du 3me acte, je n’y consentirai jamais. Je n’irai pas à l’Opéra ce soir, j’ai besoin de repos »…

8 juillet 1888. « Benvenuto est déjà pris, et pour mes œuvres autres que les œuvres de théâtre j’ai un traité qui m’interdit toute édition extra muros. Quant à ce qui est de faire partie d’un conseil d’administration, cela n’est ni dans mes goûts ni dans mes aptitudes »…

9 avril 1889. La direction désire la reprise d’Henri VIII. « Adiny répète Catherine ; Gailhard aurait bien voulu faire jouer Anne à Litwina ; elle trouve probablement le rôle trop grave. Comme beaucoup de mezzo-soprani, elle veut être tout à fait soprano, de là son succès incomplet dans Les Huguenots […]. Ne demandez pas Dufranne, elle assomme tout le monde […]. Elle a beaucoup de talent, mais elle ennuie, il n’y a rien à faire à cela. La beauté d’Adiny ajoutera à l’intérêt du personnage, ce sera curieux ; les situations seront encore plus accentuées »…

19 octobre 1892. Ayant accepté d’achever le grand ouvrage que Guiraud avait commencé [Frédégonde], il ne peut se charger d’autre chose. « Il n’y a que deux tableaux d’écrits sur six et rien n’est orchestré. […] Après vous savez que je ne veux plus faire d’opéra, je désire consacrer mes dernières années à la musique de chambre et finir comme j’ai commencé »…

3 février 1893. Pour aller vite, « Messager orchestrera le 1er acte pendant que je ferai le second »… Il est heureux que son ami soit d’accord pour confier le rôle de Phryné à une Française : « il s’agit de dire du dialogue en vers ! J’ai fait de Lampito un soprano, et de telle façon qu’il n’y a pas à y revenir. Phryné est une chanteuse légère, à vocalises, à voix très aigüe ; une Miolan. Tâchez d’en dénicher une ! Nicias est tout à fait ce qu’il faut pour Delaquerrière. Il y sera charmant »… 31 décembre 1895. Grand succès d’Henri VIII à Milan, malgré un public mal disposé. « Le 3ème acte réputé si dangereux, a tout sauvé »… Éloge de Mme Litwina et du baryton Sammarco…

15 juillet 1898. Grand succès de leur opéra à Covent Garden, avec Renaud supérieur à Lassalle dans le rôle du Roi… 17 août 1917 : « j’ai écrit trois chœurs pour une Société chorale de femmes qui vient de se fonder et j’ai songé à vous en offrir la dédicace »…

2 septembre 1917. Il a lu Le Chapeau d’un horloger de Mme de Girardin, et l’a trouvé ravissant et divertissant : « Tout l’effet est dans le rôle du domestique ; Lesueur devait y être parfait avec les mines ahuries et son agitation perpétuelle. Ce quiproquo entre une femme et une pendule existe déjà dans Gilles ravisseur qui n’est lui-même qu’une ancienne pièce, Pierrot voleur, transformée en un opéra-comique dont Grisar écrivit la musique et qui eut un grand succès »… Etc. On rencontre aussi les noms de Ritt, Ambroise Thomas, Gabriel Fauré, Carvalho, Rose Caron, Méyrianne Héglon… Etc.. On joint une photographie avec dédicace a.s. à Hélène Détroyat (1917), un portrait lithographié avec un mot a.s. rapporté, une carte de visite autogr. ; plus une L.A.S. de Johannes Baltz (1881).

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