Lot n° 281
Sélection Bibliorare

DUTILLEUX Henri [Angers, 1916 Paris, 2013], compositeur français

Estimation : 1 500 - 2 000 EUR
Adjudication : 1 600 €
Description
Importante correspondance musicale, adressée à Claude Pascal.
Cette correspondance s'étale de 1943 à 2006 et regroupe plus de 50 documents: 46 lettres ou cartes autographes signées, 2 pièces autographes signées, 1 pièce signée, et une carte de visite autographe. Sont jointes des photocopies de lettres, des photographies représentant Henri Dutilleux chez Claude Pascal à l'Île-aux-Moines, avec Jean Mouillère, deux pièces de Geneviève Joy-Dutilleux.
Nous ne pouvons tout retranscrire, toutes les lettres donnant de précieux détails sur les deux compositeurs, nous retranscrirons cette lettre du 18 juillet 1946; «Tu ne peux savoir combien j'ai été heureux de recevoir de tes nouvelles si détaillées. [...] Tout ce que tu me dis de tes voyages m'intéresse énormément - Tu parais avoir une sacrée bougeotte ! Je n'en ai hélas ! pas fait autant, m'étant contenté de découvrir
Florence, qui m'a laissé le plus vif souvenir, Rome que je connais moins et Naples et Capri où j'ai passé quelques bonnes journées. [...]
J'ai même des projets pour septembre où il se pourrait que Geneviève et moi profitions d'une occasion de voiture [...] pour venir vous retrouver. Car à cette époque, mon vieux Claude, nous serons sûrement mariés. Cette nouvelle qui n'est plus très originale est maintenant archi-officielle et tu peux la répandre autour de toi, si le coeur t'en dit. Nous n'avons pas envoyé de cartons, ni fait paraître une annonce dans le Figaro, et notre mariage lui-même se fera très simplement. Par contre dès la rentrée, nous ferons une grande réception où nous inviterons tous nos amis dans un hôtel parisien. [...] Je suis venu passer une dizaine de jours au Val-André où je pêche la crevette rose et prends des bains de mer et de soleil. C'est pacifique et reposant. Je m'en trouve déjà fort bien et serai d'attaque à mon retour (le 22 juillet) pour entreprendre mon deuxième film "Six heures à perdre" dont Luguet est la vedette. Entre temps je travaillerai à ma sonate ! encore interrompue par la Princesse d'Elide le mois dernier. Heureusement "Fils du Diable" et "la Princesse" marchent bien, ce qui me donne une consolation d'avoir encore abandonné cette sonate, si bien commencée... Il faut dire que la radio n'est pas étrangère, elle non plus, à cette période de gestation plus qu'avancée ! Cependant, elle m'a un peu moins absorbé depuis ton départ et je voudrais que ça continue.
Parlons maintenant de ce Concours de Rome dont tu n'as du avoir que des tuyaux très incomplets et souvent tendancieux d'ailleurs dans les journaux.
[...] Pour moi, c'était Grégoire Krettly qui méritait la première place. Sa cantate était d'un équilibre parfait, très bien construite, très dans l'esprit
Marivaux comme l'exigeait le livret, remplie d'astuce et de sensibilité, pas trop mais juste assez, et l'on ne peut lui reprocher l'influence de Messager alors que pas un seul des concurrents n'y a échappé.
Pierre Petit, lui, était servi par une distribution éclatante et remarquablement homogène [...].
Sa cantate comportait d'ailleurs une trouvaille, la conclusion, qui provoqua des "mouvements divers", sympathiques et légitimes d'ailleurs. D'autres passages étaient fort bien venus mais chose curieuse, sa cantate dans l'ensemble me paraissait pas être issue de sa plume, mais d'une plume très académique, pas du tout dans le style de ce que nous connaissons de lui. On avait le sentiment que ce farceur avait, à tout prix, voulu faire "sage" pour émouvoir les vieilles barbes. Ce qui me faisait dire, à la sortie, qu'il s'était prostitué»...
Deux missives émouvantes, d'une écriture tremblée en 2010, complètent cet ensemble.
On joint 6 lettres et 1 carte autographes signées de sa femme, Mme Geneviève Joy et un télégramme.
AUTOGRAPHES
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