Lot n° 140
Sélection Bibliorare

*Michel DÉON (1919-2016). 19 L.A.S. et 2 L.S., 1959-1993, à Luis Forjaz TRIGUEIROS à Lisbonne ; environ 36 pages formats divers.

Estimation : 800 - 1 000 EUR
Description
*Michel DÉON (1919-2016). 19 L.A.S. et 2 L.S., 1959-1993, à Luis Forjaz TRIGUEIROS à Lisbonne ; environ 36 pages formats divers.

Belle correspondance littéraire et amicale, principalement de Grèce ou d’Écosse, qui débute au retour de Déon à Paris après un long séjour au Portugal. Paris 8/8/58. De retour à Paris, qui déjà l’engloutit et lui fait regretter le calme portugais et ses amis si généreux, il a vu CHARDONNE ; il remercie Luis de sa gentillesse et son dévouement, qui ont rendu son séjour si agréable... Lugano 30/10/59. De Suisse, où il s’ennuie, il va se rendre en Grèce par la Yougoslavie, « le chemin des écoliers ». Il a soif de cette vie de vagabondages, qui lui réussit si bien, mais n’oublie pas son attachement envers le Portugal. Il a fini son roman [La Carotte et le Bâton] qui paraîtra en mars, mais sera auparavant publié dans la Revue des Deux Mondes, « sous une forme abrégée et pudique, où les gros mots sont remplacés par trois points, où personne ne fait plus l’amour, car les lecteurs de cette revue qui est une institution nationale, l’antichambre de l’Académie, la coulisse des gouvernements de droite, les lecteurs de cette revue ne disent jamais merde et ne font pas l’amour ce qui pose le grave problème (insoluble pour moi) de savoir comment ils se renouvellent depuis plus de cent ans »… En même temps que le roman, paraitront les récits de Tout l’amour du monde II, où le Portugal est présent, avec les Baléares et les lacs d’Italie… Spetsai 24/12/59. Il s’est établi sur l’île de Spetsai, et raconte ce paradis… 10/2/60, parlant de la beauté de Spetsai, où il travaille, réfléchit, et corrige les épreuves de Tout l’amour du monde II et de son gros roman… Paris 21/11/61. Il est aux Éditions de la Table Ronde, qui lui donnent énormément de travail : « Nous sommes peu et nous publions cinq à six livres par mois » ; de plus, il a accepté de succéder à Gabriel Marcel pour la chronique théâtrale des Nouvelles littéraires… L’atmosphère est horrible « nous sommes au bord de la guerre civile. Le gouvernement la veut et l’encourage. […]. Je suis sombre ! »… 4/12/61, envoyant les épreuves (jointes) d’un article de MAURRAS sur SALAZAR, refusé par la censure et interdit le 22-8-44, « quelques jours à peine avant la “Libération” (si j’ose dire) », alors qu’il était secrétaire de rédaction à l’Action Française. « Une semaine après, Maurras était arrêté. Il n’y avait plus rien à dire ! »… Tynagh 5/11/74. Il pense à ses amis portugais, et suit la situation dans la presse, avec inquiétude… 21/10/79. Il s’inquiète de la situation portugaise, qui semble pourtant s’améliorer… 7/2/83. Il travaille à un livre de souvenirs ; pour le cinéma, aussi… 8/3/85. Voir le Portugal s’enfoncer ainsi lui serre le cœur, et il encourage son ami à combattre : « il ne faut pas vivre en vase clos, il faut parler aux écrivains, aux enseignants, leur ouvrir les yeux, leur apprendre qu’il existe un autre monde que le monde concentrationnaire du socialisme. Je le fais de mon côté », auprès de la nouvelle génération… Spetsai 1/9/85. Il publie un 2e volume des Arches de Noé intitulé Bagages pour Vancouver, et évoque un séjour au Canada, chassant l’ours et pêchant le saumon. Il a été élu directeur de l’Académie Française. Il lit beaucoup : « La littérature traverse une mauvaise crise et l’édition est devenue affaire d’argent. La presse est pauvre en critiques de valeur »… Nouvelles de sa famille… Galway 3/1/91. Il ne cesse de travailler, « trouvant dans l’écriture ou la lecture le meilleur remède au temps qui passe. Je n’oublie pas le Portugal et je relis surtout ses poètes »… 26/2/91. Il accepte avec grand honneur la proposition de devenir Membre associé de l’Académie des sciences portugaise, qui l’émeut beaucoup, car il reste intellectuellement et sentimentalement très attaché à ce pays… Galway 25/9/91, envoyant à l’Académie portugaise son curriculum vitae et sa bibliographie ; on lui demande ses titres universitaires, « et j’ai quelque honte (ou orgueil) à avouer que je n’en ai guère »… Galway 7/I/93. Il dira son discours de remerciements à l’Académie portugaise le 28 janvier, entre temps il va à Paris surveiller les répétitions de sa pièce Ariane ou l’oubli, que Gallimard va publier… Galway 8/II/93. Remerciements pour les deux magnifiques journées passées à Lisbonne. « Que d’honneurs sur ma pauvre tête ! »…
On joint les textes de son discours de réception à l’Académie portugaise le 28 janvier 1993, et de celui de Louis F. Trigueiros (photocopies des dactylogrammes corrigés).
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