Lot n° 106
Sélection Bibliorare

BAUDELAIRE Charles (1821 1867) L.A.S. «Ch. Baudelaire», 1er mai 1859, [à Auguste POULET-MALASSIS]; 4 pages in-8. Longue lettre à son éditeur sur la publication de ses œuvres.

Estimation : 8 000 - 10 000 EUR
Adjudication : 6 500 €
Description

Longue lettre à son éditeur sur la publication de ses œuvres.

[Baudelaire évoque ici successivement sa plaquette sur Théophile Gautier (essai paru dans L'Artiste le 13 mars 1859), Les Paradis artificiels (Poulet-Malassis et De Broise, 1860, après trois prépublications partielles dans la Revue contemporaine du 30 septembre 1858 et des 15 et 30 janvier 1860), et ses accords avec Alphonse de CALONNE, directeur de la Revue contemporaine.] «Le GAUTIER. Je ne veux pas renoncer au portrait. Ou De Broise fera tirer tout de suite les frontispices dont il aura besoin plus tard, ou le frontispice de ma brochure sera semblable à celui d'Émaux et Camées.

Cependant, comment fait-on pour tirer des épreuves d'estampes à plusieurs teintes ? [...] Il est évident qu'il y a un moyen, et que ce moyen n'est pas de ma compétence. Postérieurement nous ferons tirer le titre en lettres bizarres. En somme deux tirages, comme pour les ornements rouges et noirs. - Le portrait est une garantie de vente»... Il évoque son projet de deux épigraphes, égratignant en passant Victor de LAPRADE, reçu dernièrement à l'Académie... «OPIUM ET HASCHISCH. Un joli petit livre. Je compte là-dessus pour rentrer un peu en circulation. Vous serez satisfait de l'Opium; ce sera brillant et dramatique. En total: 80 pages de la Revue contemporaine.
Je suis sûr de la vente».

Quant à CALONNE, il «marchera, je le sais, et il ne m'est pas permis de vous dire pourquoi. Vos 3000 fr. ne me sortent pas de la tête.
Voici ma situation: je lui dois toujours ses 500 frs, moins le salaire de la Danse macabre, 45 francs. Son Opium (que je relis maintenant) étant livré, commence une série de sommes pour vous. C'est en pensant à vous, que j'ai exigé de lui la promesse que si je lui livrais deux fortes nouvelles en juin et juillet, publiées ou non publiées, il les paierait en argent ou en billets tout de suite. - Vous me prenez donc pour un ingrat, ou un imbécile. - De vers, il n'en aura plus»...
Baudelaire renvoie son ami à la Méthode de composition d'Edgar POE, et lui reproche de lui avoir fait beaucoup de peine: «Vous voilà tout aux brochures politiques, et vous oubliez qu'il est dans la nature humaine de toujours dépenser cinq francs pour acheter un roman ou une stalle au spectacle. Je ne vous remercie donc pas du tout de l'honneur que vous voulez bien faire exceptionnellement pour mes livres. Mes Fleurs du Mal resteront; mes articles critiques se vendront, moins rapidement peut-être qu'en un meilleur temps, mais ils se vendront. Quand même la guerre voyagerait de l'Italie sur le Rhin, les hommes voudront lire les disputes littéraires et les romans; et c'est surtout quand tout le monde perd la tête, qu'il y a bénéfice, et gros bénéfice, à ne pas la perdre»...
En post-scriptum, Baudelaire s'en prend à Frédéric MISTRAL: «M. Mistral, auteur de Mireio, est un poëte patoisant, cornaqué par Adolphe Dumas.
Le mauvais sujet a regretté qu'il ne fut pas tout à fait sauvage; il a vu avec douleur que M. Mistral, par ses commentaires, avait prouvé qu'il savait le français. D'ailleurs, ce charabiaïsant est l'étoile du moment»...

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