Lot n° 73
Sélection Bibliorare

FARGUE LÉON-PAUL (1876-1947) — Tancrède, manuscrit autographe signé. — S.d., 1 f. de garde portant une dédicace datée du 14 mars 1930, 38 ff. rédigés au recto à l'encre noire et à l'encre violette (2 ff. portent au verso des vers...

Estimation : 15 000 - 20 000 €
Adjudication : Invendu
Description
biffés) dans un cahier d'écolier de 46 ff. de papier vélin ligné et margé, relié demi percaline verte à coins à la Bradel estampée à froid.
♦ Précieux manuscrit autographe complet et original du premier chef-d'oeuvre de Léon-Paul Fargue, faisant le lien entre le symbolisme et le surréalisme à naître.

Sur le feuillet de garde du présent manuscrit, Léon- Paul Fargue a lui-même retracé la genèse bibliographique de son livre: «Ce petit «roman lyrique» a été composé en 1893, en classe, et confisqué, puis rendu avec émotion par mon professeur, Monsieur Vautier. Il a été publié pour la première fois dans Pan, revue franco-allemande, en 1895, avec des illustrations de Launay, Bottini, Delcourt, morts depuis, et «édité en volume» en 1911, par les soins de Valery Larbaud».

Le texte eut un certain retentissement, comme on le verra, mais Léon-Paul Fargue, malgré de nombreuses sollicitations hésitera toujours à le faire rééditer. Il fallut qu'en 1911, son ami Valery Larbaud prît l'initiative, sans en avertir l'auteur, de faire imprimer à ses frais le texte de Pan dans une plaquette tirée à 212 exemplaires. Il consentit enfin à en donner une édition en 1943 chez Gallimard, mais dans une version amputée de plusieurs chapitres.

Le présent manuscrit correspond à la version complète, telle que parue dans Pan et publiée par Larbaud.

«Il était plusieurs fois un jeune homme si beau que les femmes voulaient expressément qu'il écrivît». L'ouvrage, «petit roman lyrique», se compose de six textes en prose et deux séries de poèmes. C'est en quelque sorte un roman d'apprentissage intellectuel et sensuel. Dans le second chapitre, Tancrède passe la nuit avec une jeune prostituée qu'il quitte au matin: «L'aurore au lustre indolent déclara la petite malheureuse dormante. Au cran du rideau, le matin noua froidement ses faveurs bleues. [...] Je pars. L'ombre esquissée d'un oiseau glisse au volet. [...]».

Le troisième chapitre est un conte situé hors du temps, qui rappelle Le Livre de Monelle de Marcel Schwob: «Plusieurs aimaient la même femme. [...] Il leur vint une charmante folie, celle du silence devant sa beauté.» Dans Allégorie de l'aurore, on trouve le récit d'un amour déçu, à la première personne, triste et romantique: «La petite fille m'accosta près du buisson. Pas de bruit. La lune était blanche comme les chantiers. Le vent prit son élan. La barrière cria. Je me crus tranquille et croyais pleurer». Le dernier chapitre est autobiographique. Sous le titre Traits de caractère, ou Jean qui pleure et Jean qui rit, Fargue fait son propre portrait, tel qu'il se voit et tel qu'il se rêve, avec l'insolence et les doutes de l'adolescence.
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