Lot n° 310
Sélection Bibliorare

MICHAUX HENRI (1899-1984) — Carnet manuscrit autographe avec dessins originaux 1969, en anglais et en français, 49 feuillets in-8 au feutre noir, à l'encre bleue et noire et au crayon, carnet à spirales. — Couverture de plastique bleu, spirale...

Estimation : 20 000 - 30 000 EUR
Adjudication : 18 000 €
Description
métallique. — Chemise à bandes de maroquin rouge, étui.
Plus de 600 dessins originaux autographes à l'encre: pictogrammes, idéogrammes chinois et japonais, certains fantaisistes.

A la fin, 6 dessins autographes au crayon (paysages, têtes de chat, encadrés d'écriture mescalinienne, frise de personnages, aigle, poussins, serpent).

Ce manuscrit présente des séries de pictogrammes accompagnés de longues légendes explicatives en anglais. Seule la page numérotée 42, consacrée à l'écriture hiéroglyphique chinoise, est assortie de commentaires en français.

En 1930, le voyage en Asie décide de l'œuvre ultérieure de Michaux :
« Né, élevé, instruit dans un milieu et une culture uniquement du « verbal ». Je peins pour me déconditionner » (Emergences-Résurgences). Michaux décide d'apprendre le chinois et le Japonais. Ce carnet indique que la première séance a eu lieu le 27 novembre 1969. Dans cette recherche d'une langue en mouvement, on comprend l'intérêt de Michaux pour l'écriture chinoise qui est très étroitement liée à l'art pictural. La culture chinoise a créé son écriture à partir d'images, et les pictogrammes originels n'ont pas subi de changements fondamentaux depuis cinq mille ans. Les idéogrammes de ce carnet se présentent par séries de quatre où l'on voit cette évolution de l'image vers le signe. Le dessin se transforme peu à peu pour devenir un caractère. Cependant, les idéogrammes que Michaux dessine sont créés par son imagination. Ils n'existent pas dans la langue chinoise. Le caractère signifiant « homme » que Michaux invente, est la déformation et la simplification d'un dessin représentant un homme. Ce carnet de croquis est une oeuvre poétique à part entière: Michaux invente une langue qui s'inspire des idéogrammes chinois. L'écriture naît du dessin. « Tels qu'ils sont actuellement, éloignés de leur mimétisme d'autrefois, les signes chinois ont la grâce de l'impatience, l'envol de la nature, sa diversité, sa façon inégalable de savoir se ployer, rebondir, se redresser » (Idéogrammes en Chine). Michaux donnera en 1971 un commentaire poétique de ce carnet dans un texte Idéogrammes chinois, préface au livre de Léon Chang,
La Calligraphie chinois (« Club français du livre », puis Fata morgana, 1975).

♦ ♦ Rarissime.

─ PROVENANCE :
- Maurice Saillet
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