Lot n° 15
Sélection Bibliorare

LIVRE D'HEURES (À L'USAGE DE PARIS). — En latin, manuscrit enluminé sur parchemin. — France, Paris, vers 1490-1500. — Avec 35 miniatures dont 7 grandes miniatures par le Maître de la Chronique scandaleuse (actif à Paris de la fin du XVe...

Estimation : 40 000 - 60 000 €
Adjudication : 58 500 €
Description
siècle au début du XVIe siècle) et 28 petites miniatures par le Maître d'Etienne Poncher (artiste actif à Paris de circa 1490 à 1510). 133 ff., précédés de 2 ff. de gardes de papier (le recto de la première garde est doublé de tabis rouge) et suivis de 2 ff. de gardes de papier (le verso de la dernière garde est doublé de tabis rouge), sans calendrier [collation : i1 (inclusion d'un feuillet de parchemin plus récent), ii8, iii8, iv4, v8, vi8, vii8, viii8, ix8, x8, xi8, xii8, xiii8, xiv8, xv8, xvi8 ; xvii4, xviii8, xix4], quelques réclames (certaines rognées court), écriture bâtarde calligraphique à l'encre brune, texte sur 23 lignes, réglure à l'encre rouge pâle (justification : 53 x 115 mm), rubriques en bleu et en lettres d'or, bout-de-lignes en rouge ou bleu avec décor doré, d'autres bout-de-lignes sous forme de bois écotés dorés sur fonds rouge, marron ou bleu, initiales de tons pastels (rose, gris, bleu, mauve) avec rehauts blancs sur fonds d'or, parfois ornés d'insectes, d'oiseaux, de fleurs, de fruits (de 1- à 3-lignes de hauteur), avec 35 MINIATURES (28 petites et 7 grandes) inscrites dans des encadrements enluminés avec décor de feuilles d'acanthe colorées, fleurs, fruits, bestiaire, grotesques et insectes variés sur fonds à l'or liquide (chaque feuillet contenant une miniature est serti de bordures enluminées), les sept grandes miniatures sont inscrites dans des encadrements dorées à colonnes. ─ Reliure parisienne à la fanfare (vers 1590 ?), maroquin rouge, grand décor doré à la fanfare se développant, à partir du cartouche ovale, en une multitude de compartiments et demi-compartiments à torsades ornementés de petits fers, fleurs, glands, fers courbes, branches de lauriers, feuillages, spirales de filets et points dorés, roulette dorée en encadrement du décor à la fanfare, petits pointillés dorés sur les coupes, dos lisse orné de même, fermoirs composés de lanières de cuir et de fer, tranches dorées (quelques restaurations). Manuscrit conservé dans une boîte moderne articulée de demi-maroquin rouge avec lettrage doré au dos, intérieur de velours (étiquette James Brockman Binder (Oxford)). → Voir G. Hobson, Les reliures à la fanfare. Le problème de l'S fermé, Londres, 1935, p. 14. Une note au crayon indique : «[...] Hobson, Rel. à la fanfare, S14 (Vente Laroche Lacarelle (1888) no. 14) + Vente G.-E. Lang, no. 36 (Ex-Nédonchel - Descamps-Scrive)...». Ces références à des reliures comparables renvoient respectivement aux catalogues de vente suivants : (1) [La Roche Lacarelle (Baron de)]. Catalogue des livres rares et précieux, manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de feu M. le Baron de la Roche Lacarelle, Paris, 1888, no. 24, reliure reproduite. - (2) [Descamps-Scrive]. Bibliothèque Descamps-Scrive. Première partie, 1923, no. 25, reliure reproduite. – Manuscrit grand de marge, format un peu allongé, presque oblong. Mors supérieur fragile avec quelques restaurations, mors supérieur fendu sur 2 cm à partir du bas. Quelques épidermures. ─ Dimensions : 120 x 200 mm. → Fort belle reliure au décor à la fanfare renfermant un livre d'heures aux couleurs chatoyantes. ─ Les miniatures de ce très beau livre d'heures sont attribuables à deux enlumineurs parisiens : le Maître de la Chronique scandaleuse qui peint les grandes miniatures (ff. 2, 7v, 22, 46, 47v, 78 et 91) et le Maître d'Etienne Poncher qui peint les petites miniatures. Les grandes miniatures sont inscrites dans des encadrements architecturés avec pilastres ou colonnes dorées. ─ Le Maître de la Chronique scandaleuse est un maître anonyme enlumineur actif à Paris à la fin du XVe et au début du XVIe siècle. Il est baptisé ainsi par Nicole Reynaud (1993), du nom de son ouvrage le plus considérable, dit la Chronique Scandaleuse de Jean de Roye, Paris, BnF, Ms Clair. 481. Il travaille pour une clientèle princière et on suit sa carrière de circa 1493 à circa 1510. Il enlumine de nombreux incunables pour Antoine Vérard destinés au roi Charles VIII pour lequel il réalise également de Très Petites Heures (Drouot, 4 décembre 2000, lot 25). Il illustre deux manuscrits pour Anne de Bretagne, celui de la Description du couronnement..., conservé à Waddesdon Manor 22, et des Epistres d'Ovide par Octavien de Saint-Gelais (Christie's, Londres, Vente Arcana, 7 juillet 2010 lot 42 ; Aguttes, Vente Aristophil, 16 juin 2018, lot 18). Sur le Maître de la Chronique scandaleuse, voir Avril et Reynaud, Les manuscrits à peintures en France 1440-1520, cat. expo. Paris, BnF. 1993, cat. 150-151 ; France 1500 entre Moyen Age et Renaissance, Paris, Grand-Palais 2010-2011, cat. 105, 107. ─ Le Maître d'Étienne Poncher doit son nom, quant à lui, à deux manuscrits réalisés pour ce prélat évêque de Paris de 1502 à 1519.
Il s’agit de son Pontifical à l’usage de Paris (Paris, BnF. ms. Lat. 956) et d’un autre manuscrit intitulé Les Empereurs de Rome et d’Allemagne (vente Mensing, Amsterdam, 1929, lot 45). Sa carrière se déroule des années 1490 à1510 et c’est sans doute auprès du Maître de Jacques de Besançon qu’il a fait son apprentissage : il lui empreinte d’ailleurs de nombreuses compositions. Il a enluminé un livres d’heures à l’iconographie foisonnante dans lequel on le retrouve aux côtés du Maître de la Chronique Scandaleuse et du Maître des Triomphes de Pétrarque. Ce sont les heures de Madrid dites Heures de Charles Quint (Madrid Vit-24-3) dans lesquelles on remarque l’intervention de l’enlumineur tourangeau Jean Poyet (Sur le Maître d’Etienne Poncher, voir I. Delaunay, Échanges artistiques entre livresd’heures manuscrits et imprimés produits à Paris vers 1480-1500, thèse de doctorat, Paris Sorbonne, sous la direction de F. Joubert, oct. 2000, vol. 1 : texte, pp. 289-310).

Les deux artistes ont collaboré dans un certain nombre de manuscrits. Citons par exemple un livre d'heures à l'usage de Rome destiné à un membre de la famille de la Cauchie, vers 1500, avec 18 miniatures de la main du Maître de la Chronique scandaleuse, les autres étant attribuées au Maître d'Étienne Poncher (voir Vente Paris, Alde, 31 octobre 2012, lot 75). Les bordures et la mise en page des présentes Heures rappellent également celles du manuscrit éponyme du Maître d’Etienne Poncher à savoir le Pontifical d’Etienne Poncher (Paris, BnF, latin 956 et 957) avec des bordures ornées sur fond d’orliquide peuplées d’un bestiaire ou créatures zoomorphes variés, perchés sur de petits ilots de gazon ; le décor secondaireest aussi proche, avec par exemple des bout-de-lignes sous forme de bois écotés dorés.

─ Provenance
1 - Manuscrit copié et peint à Paris, d’après l’usage liturgique et sur des bases stylistiques. Ce manuscrit est peint par deux artistes parisiens à savoir le Maître de la Chronique scandaleuse (artiste actif à Paris de la fin du XVe siècle au début du XVIe siècle) en collaboration avec le Maître d’Etienne Poncher (artiste actif à Paris de circa 1490 à 1510).

2 - Vignettes ex-libris, non collées, glissées au commencement de l’ouvrage :
– (1) Jean-Thomas Aubry (1714-1785), prêtre et bibliophile, curé de Saint-Louis-en-l’île (Paris).
– (2) Wrest Park, avec une note au crayon : « Baroness Lucas and Dingwall » et une référence à une vente Sotheby’s 18/19 octobre 1954 (ne figure pas dans cette vente). Nan InoCooper, Baroness Lucas of Crudwell and Lady Dingwall (1880-1958), hérite de la collection de gravures, de dessinset de livres conservés à Wrest Park (Bedfordshire) de la Countess de Grey.
– 3 - Antiquariat Bibermühle Tenschert, Fünfzig Unika 1472-1949: Jubiläumskatalog, no. 40 (1998), pp. 334-350.
– 4 - Collection particulière.

─ Texte
f. 1, Feuillet de parchemin rajouté, titre copié à la fin du XVIIe ou début XVIIIe siècle : « Heures de Nostre Dame à l’usage de Paris », titre inscrit dans un cartouche ovale enluminé décoré ;
ff. 2-7, Péricopes évangéliques ;
ff. 7v-13v, Passion selon Saint Jean, avec rubrique : Passio domini nostri ihesu christi secundum iohannem; suivi d’uneprière, incipit, « Deus qui manus tuas... » ;
ff. 13v-16, Obsecro te, désinence masculine (fol. 15 : «...et mihi famulo tuo... ») ;
ff. 16v-21, O intemerata ;
ff. 21v, feuillet blanc réglé ;
ff. 22-77v, Heures de la Vierge (usage de Paris) avec Heures de la Croix et Heures du Saint-Esprit insérées à la suite desHeures de la Vierge : matines (Heures de la Vierge) (ff. 22-38) ; laudes (Heures de la Vierge) (ff. 38v-45v) ; Heures de laCroix, matines (ff. 46-47) ; Heures du Saint-Esprit, matines (ff. 47v-48) ; prime (ff. 48v-53v), avec antienne, « Benedictatu » et capitule, « Felix namque » ; tierce (ff. 54-58) ; sexte (ff. 58v-62v) ; none (ff. 63-66v), avec antienne, « Sicut lilium »,capitule, « Per te dei » ; vêpres (ff. 67-72v) ; complies (ff. 73-77v) ;
ff. 78-90, Psaumes de la Pénitence suivis des litanies (relevons : Denis, Marie l’Egyptienne, Geneviève) ;
f. 90v, feuillet blanc réglé ;
ff. 91-121v, Office des morts, à l’usage de Paris (selon le relevé du Chanoine Leroquais), avec les leçons suivantes : (1) Qui Lazarum ; (2) Credo quod ; (3) Heu michi ; (4) Ne recorderis ; (5) Domine quando ; (6) Peccantem me ; (7) Dominesecundum ; (8) Memento mei ; (9) Libera me ;
ff. 122-132v, Suffrages aux saints, avec : Trinité ; Michel ; Jean-Baptiste ; Jean l’Evangéliste ; Laurent ; Sébastien ; Claude ; Nicolas ; Anne ; Marie Madeleine ; Marthe ; Catherine ; Barbe ; Potentienne ; Geneviève ; Marie l’Egyptienne ;
ff. 133-133v, feuillets blancs réglés.

Signalons le suffrage peu commun à Sainte Potentienne : l'église de Chatillon-sur-Loing (Chatillon-Coligny [dept. Loiret], fief de la famille de Coligny ; Gaspard Ier de Coligny (1465-1522) est né à Chatillon-Coligny ; son fils Gaspard II de Coligny, chef du protestantisme français, assassiné lors du massacre de la Saint-Barthélemy), possédait le corps entier deSainte Potentienne. Une chapelle est consacrée à Sainte Potentienne dans l’église Saint-Pierre et Saint-Paul de Chatillon-sur-Loing. Voir Bourdon, Sainte Potentienne, vierge, deuxième patronne de Châtillon-sur-Loing, Paris, 1856.

─ Illustration
Ce manuscrit contient 7 grandes miniatures et 28 petites miniatures :
f. 2, Saint Jean l’Evangéliste sur l’ile de Patmos avec son symbole (grande miniature ; dimensions : 90 x 55 mm) [Maîtrede la Chronique scandaleuse] ;
f. 3v, Saint Luc peignant la Vierge [Saint Luc est le Saint patron des peintres] (petite miniature ; dimensions : 50 x 55 mm) ;
f. 5, Saint Mathieu écrivant, son symbole l’Ange (petite miniature ; dimensions : 50 x 55 mm) ;
f. 6v, Saint Marc écrivant, son symbole le lion (petite miniature ; dimensions : 50 x 55 mm) ;
f. 7v, Jésus au jardin de Gethsémani (grande miniature ; dimensions : 90 x 55 mm) [Maître de la Chronique scandaleuse] ;
f. 13v, Vierge à l’Enfant [à noter que l’Enfant est figuré sous les traits d’un jeune garçon et pas d’un nourrisson ; l’imageest inspirée de celle peinte par Fouquet dans les Heures de Simon de Varie et se retrouve dans un certain nombre demanuscrits peints par des artistes parisiens, tel des Heures peintes par le Maître de la Chronique scandaleuse (Paris, Bibl.Arsenal, MS 1193, fol. 201)] (petite miniature ; dimensions : 40 x 52 mm) ;
f. 16v, Pietà (petite miniature ; dimensions : 42 x 52 mm) ;
f. 22, Annonciation (grande miniature ; dimensions : 90 x 55 mm) [Maître de la Chronique scandaleuse] ;
f. 38v, Visitation (petite miniature ; dimensions : 40 x 55 mm) ;
f. 46, Crucifixion (grande miniature ; dimensions : 90 x 55 mm) [Maître de la Chronique scandaleuse];
f. 47v, Pentecôte (grande miniature ; dimensions : 95 x 55 mm) [Maître de la Chronique scandaleuse] ;
f. 48v, Nativité (petite miniature ; dimensions : 40 x 55 mm) ;
f. 54, Annonce aux bergers (petite miniature ; dimensions : 38 x 54 mm) ;
f. 58v, Adoration des mages (petite miniature ; dimensions : 40 x 55 mm) ;
f. 63, Circoncision (petite miniature ; dimensions : 38 x 54 mm) ;
f. 67, Fuite en Egypte (petite miniature ; dimensions : 40 x 54 mm) ;
f. 73, Couronnement de la Vierge, Dieu bénissant la Vierge (petite miniature ; dimensions : 42 x 54 mm) ;
f. 78, David et Bethsabée au bain (grande miniature ; dimensions : 95 x 53 mm) [Maître de la Chronique scandaleuse] ;
f. 91, Job raillé par ses fils (grande miniature ; dimensions : 90 x 55 mm) [Maître de la Chronique scandaleuse];
f. 122, Trinité (petite miniature ; dimensions : 50 x 55 mm) ;
f. 122v, Saint Michel et le dragon (petite miniature ; dimensions : 42 x 55 mm) ;
f. 123, Saint Jean-Baptiste (petite miniature ; dimensions : 45 x 54 mm) ;
f. 123v, Saint Jean l’Evangéliste (petite miniature ; dimensions : 47 x 52 mm) ;
f. 124, Saint Laurent (petite miniature ; dimensions : 47 x 54 mm) ;
f. 124v, Martyre de Saint Sébastien (petite miniature ; dimensions : 45 x 55 mm) ;
f. 125v, Miracle de Saint Claude (petite miniature ; dimensions : 50 x 55 mm) ;
f. 126v, Saint Nicolas et le miracle des trois enfants (petite miniature ; dimensions : 45 x 55 mm)
f. 127, Sainte Anne apprenant à lire à Marie (petite miniature ; dimensions : 50 x 54 mm)-
f. 128, Sainte Marie-Madeleine (petite miniature ; dimensions : 50 x 54 mm) ;
f. 128v, Sainte Marthe (petite miniature ; dimensions : 52 x 55 mm) ;
f. 129, Sainte Catherine (petite miniature ; dimensions : 50 x 54 mm) ;
f. 129v, Sainte Barbe (petite miniature ; dimensions : 50 x 54 mm) ;
f. 130v, Sainte Potentienne (petite miniature ; dimensions : 48 x 55 mm) ;
f. 131, Sainte Geneviève (petite miniature ; dimensions : 48 x 55 mm) ;
f. 131v, Sainte Marie l’Egyptienne (petite miniature ; dimensions : 45 x 54 mm).

─ Bibliographie
•Avril, F and N. Reynaud, Les manuscrits à peintures en France 1440-1520, Paris, 1993. •Delaunay, I. Echanges artistiques entre livres d’heures manuscrits et imprimés produits à Paris (vers 1480-1500), thèse de doctorat, dir. F. Joubert oct. 2000, Université de Paris IV.
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