Lot n° 149
Sélection Bibliorare

MATISSE HENRI (1869-1954). — 7 L.A.S. «H.M.» ou «H» (une «Henri Matisse»), Séville et Tanger 1910-1912, à sa femme Amélie ; 31 pages in-8 et 1 page in-12, 5 à en-tête Sevilla. Circulo de Labradores y proprietarios, la dernière à...

Estimation : 10000 - 15000
Adjudication : 11 050 €
Description
en-tête Villa de France Hôtel, Tanger. — Belle correspondance familiale, sur son séjour à Séville et à Tanger, et ses peintures pour Chtchoukine.
• Séville 16 décembre 1910. Il a loué un très bel atelier à Séville pour un mois, dans la rue Argote de Molina, pour 40 pesetas, et compte se mettre lundi à la première nature morte pour Stsch. [le collectionneur russe Sergei CHTCHOUKINE, pour qui Matisse fit La Danse]. «Je suis d'aplomb vraiment et j'espère faire du bon travail». Il explique son changement d'itinéraire et de projets à cause de la tempête, et dessine une petite carte d'Espagne. Il est un peu surpris de l'emballement de Chtchoukine, mais quant aux «méchancetés et imbécilités des gens, en ce moment je suis bien calme je n'y pense pas du tout, je jouis de cette tranquillité d'esprit que je n'ai pas eu depuis si longtemps. [...] Quant à ce que tu me dis de Purrmann, je pense que tu t'emballe un peu, et je crois que cette folle d'Olga aurait mieux fait de taire ce qu'elle t'a raconté»... Il l'entretient de choses familières, dont son fils Pierre, la petite chienne, leurs amis Sembat et Bréal, et le linoléum du Bon Marché, dont il fait deux croquis, en damier...
21 décembre. «J'attends tes lettres comme un verre d'eau fraîche au milieu du désert, et depuis plusieurs jours ou je n'ai rien eu ou j'ai eu des lettres pas trop tendres. Si tu continues je retourne. Je ne puis vivre ainsi, je n'ai pas les nerfs trop solides, j'ai le sommeil plutôt léger et si je reste c'est uniquement pour travailler»... Il a eu des nouvelles de Marquet et Jean Puy, s'inquiète de la santé de sa mère... «Ce matin je n'ai pas eu le temps pour moi pour travailler, de plus j'ai mal dormi et ai mal à la tête. [...] Peut-être mon travail m'énerve d'avantage»... - 6 h. du soir. «Je t'en prie écris-moi ma chérie, tu me fera tant de bien. Je m'ennuie tu vois mais je veux rester pour travailler - encourage-moi, j'en ai besoin, ou je pars»...
•29 décembre, à son beau-père, Berthe Weill et Amélie. Souhaits de bonne année... Il s'inquiète d'être sans nouvelles d'Issy et d'Amélie. «J'ai terminé une grande nature morte, que je pense bonne. J'ai reçu une lettre de Stchoukine qui me dit que ses décorations [La Danse et La Musique] sont placées et que l'effet n'est pas mauvais, qu'il les trouve intéressantes, mais que le public est contre - enfin il a confiance et il espère triompher. Il me demande de lui faire 3 nouveaux panneaux de deux mètres ½ sur 2 comme la décoration de salle à manger rouge»...
•31 décembre. Déçu qu'Amélie ne vienne pas à Séville, il expose ses raisons d'y rester : «à peine arrivé ici, mon sommeil a presque disparu, et vraiment j'étais assez déprimé. Bréal m'a offert de coucher plusieurs nuits chez lui, et les bains que le médecin m'a fait prendre, tes lettres très affectueuses, les témoignages d'amitié des Sembat, m'ont calmé»... Les inondations à Grenade, la commande de Chtchoukine, les encouragements d'Amélie, l'ont incité à y rester. Cependant «lorsque tu as su que j'avais loué l'atelier où je travaille tu m'as écrit des lettres que j'ai trouvé douloureuses, très douloureuses [...], à partir de ce moment je me suis trouvé aplati. [...] Écoute-moi ma chérie, j'ai souvent raison. Je sais ce qui sert mon but et mon but est mon travail»...
•[Début janvier 1911]. Il transmet une lettre de Chtchoukine, reçue le 29 décembre, pour avoir l'avis d'Amélie. «Les 3 panneaux sont de la dimen­sion de la chambre rouge ( je crois 1,90 x 2.50). Il me semble que les 3 pour 25F serait raisonnable qu'en penses-tu. Dis-le-moi aussitôt pour que je réponde. Je pense retourner cependant bientôt comme je te dis aussitôt ma 2e n. m. [nature morte] finie. Car il me tarde de rentrer je suis assez fatigué et je m'ennuie. Dans le silence ici toutes les choses du salon critiques et autres me sont revenues il a fallu les mettre en ordre et les digérer - si bien que je suis agité je ne dors pas beaucoup, mais je pense que c'est un morceau dur à avaler, mais qu'il est nécessaire. Aussi quand j'ai reçu cette lettre de Sts. je n'étais pas trop content. Pour les grandes décorations je suis content qu'elles ne fassent pas mal. J'en avais peur à cause de l'escalier. L'avenir fera le reste»...
•Tanger Mercredi [1912]. Il ne retrouvait plus le Tanger qu'il avait laissé au printemps. «Mais aujourd'hui j'ai vu des choses épatantes et je crois que ça va marcher. Tous les petits endroits que je connaissais sont changés, il n'y a plus les fleurettes qui étaient partout sur les murs, sur le petit marabout de la Casbah par exemple tout est sec, les fonds de colline qu'on voyait du petit café arabe sont roux, l'herbe est brûlée on me dit que ça va vite changer quelques pluies vont tout faire reverdir»... Parmi d'autres changements : des arbres abattus sur la lisière de Broux, la création d’un jardin public sur le marschan (plateau), la perte de son modèle Zora, jeune fille expulsée de Tanger comme impure : « on m’en cherche d’autres qui seront plus sérieuses »… Il énumère ses activités depuis son arrivée lundi : promenade à cheval, cinéma avec les Tavares, démêlés avec la douane, projets de peinture à la Casbah, etc. ; après dîner il ira au concert juif. « Enfin je suis content car la santé est bonne et j’espère bien travailler sans trop m’ennuyer. Ça me paraît moins loin »…

7 L.A.S. "H.M." or "H" (one "Henri Matisse"), Seville and Tangier 1910-1912, to his wife Amélie ; 31 pages in-8 and 1 page in-12, 5 headed Sevilla. Circulo de Labradores y proprietarios, the last one on Villa de France Hotel letterhead, Tangier. — Nice family correspondence, about his stay in Seville and Tangier, and his paintings for Shchukin. — Seville 16 December 1910. He has rented a very nice studio in Seville for a month, in Argote de Molina street, for 40 pesetas, and intends to start on Monday with the first still life for Stsch. [the Russian collector Sergei SHCHUKIN, for whom Matisse did The Dance]. "I'm really up to it and I hope to do a good job. He explains his change of itinerary and projects because of the storm, and draws a small map of Spain. He is a little surprised by Chtchoukine's excitement, but as for the "meanness and imbecility of people, at the moment I am quite calm, I don't think about it at all, I enjoy this peace of mind that I haven't had for so long. [...] As for what you tell me about Purrmann, I think you're getting a bit carried away, and I think that crazy Olga would have done better to keep quiet about what she told you"... He talks to her about familiar things, including his son Pierre, the little dog, their friends Sembat and Bréal, and the linoleum at Le Bon Marché, of which he makes two sketches, in a checkerboard pattern... December 21. "I wait for your letters like a glass of fresh water in the middle of the desert, and for several days now I have either had nothing or I have had letters that were not too tender. If you continue, I will return. I cannot live like this, my nerves are not too strong, I sleep rather lightly and if I stay it is only to work"... He had news of Marquet and Jean Puy, and was worried about his mother's health... "This morning I had no time for myself to work, besides I slept badly and have a headache. [...] Maybe my work is getting on my nerves"... - 6 p.m. "Please write to me, my darling, you will do me so much good. I'm bored, you see, but I want to stay and work - encourage me, I need it, or I'll leave"... December 29, to her father-in-law, Berthe Weill and Amélie. Wishes for the New Year... He worries that he has no news of Issy and Amélie. "I have finished a large still life, which I think is good. I have received a letter from Stchukin who tells me that his decorations [The Dance and The Music] have been placed and that the effect is not bad, that he finds them interesting, but that the public is against them - at last he has confidence and hopes to triumph. He asks me to make him 3 new panels of two ½ meters by 2 as the red dining room decoration"... December 31. Disappointed that Amélie is not coming to Seville, he explains his reasons for staying : "as soon as I arrived here, my sleep almost disappeared, and really I was quite depressed. Bréal offered to let me sleep at his place for several nights, and the baths the doctor gave me, your very affectionate letters, the Sembats' expressions of friendship, calmed me down"... The floods in Granada, the commission from Shchukin, Amélie's encouragement, encouraged him to stay. However "when you knew that I had rented the studio where I work you wrote me letters that I found painful, very painful [...], from that moment on I found myself flattened. [...] Listen to me my dear, I am often right. I know what serves my purpose and my purpose is my work"... [Early January 1911]. He forwards a letter from Shchukin, received on December 29, asking for Amelie's opinion. "The three panels are the size of the Red Room (I think 1.90 x 2.50). It seems to me that the 3 for 25F would be reasonable what do you think. Let me know right away so I can respond. I am thinking of returning soon, however, as I tell you as soon as my 2nd still life is finished. For I am longing to return I am quite tired and bored. In the silence here all the critical and other things from the salon have come back to me - I had to put them in order and digest them - so that I am restless, I don't sleep much, but I think it is a hard piece to swallow, but it is necessary. So when I received this letter from Sts. I was not too happy. For the big decorations I'm glad they don't hurt. I was afraid of it because of the stairs. The future will do the rest"... — Tangier Wednesday [1912]. He no longer found the Tangier he had left in the spring. "But today I saw some amazing things and I think it will work out. All the little places I knew are changed, there are no longer the flowers that were everywhere on the walls, on the little marabout of the Casbah for example everything is dry, the bottoms of the hill that we saw from the little Arab café are red, the grass is burnt, I am told that it will change quickly, a few rains will make everything green again"... Among other changes : trees cut down on the edge of
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