Lot n° 8
Sélection Bibliorare

HEURES DE « HJ » OU « JH » AU PÉLICAN MYSTIQUE — LIVRE D’HEURES (À L’USAGE DE PARIS) — EN LATIN, MANUSCRIT ENLUMINÉ SUR PARCHEMIN — FRANCE, PARIS, VERS 1490-1500 — AVEC 21 GRANDES MINIATURES ET 40 PETITES MINIATURES (DONT 24 AU...

Estimation : 250 000 - 300 000 €
Adjudication : Invendu
Description

CALENDRIER) ; MINIATURES ATTRIBUABLES À TROIS ARTISTES DISTINCTS : LE MAÎTRE DE JEAN D’ALBRET (19 GRANDES MINIATURES ET 27 PETITES MINIATURES), LE MAITRE DE LA CHRONIQUE SCANDALEUSE (1 GRANDE MINIATURE ET SANS DOUTE. — 13 PETITES MINIATURES) ET LE MAÎTRE DES TRIOMPHES DE PÉTRARQUE (1 GRANDE MINIATURE, PORTRAIT DE LA COMMANDITAIRE NON IDENTIFIÉE). ♦ EXCEPTIONNEL MANUSCRIT QUI ALLIE POÉSIE, MYSTIQUE ET ALLÉGORIE.

CE MANUSCRIT CONSTITUE UNE REDÉCOUVERTE, CONSERVÉ JUSQU'ICI DANS UNE COLLECTION PRIVÉE. LES RECHERCHES EFFECTUÉES N'ONT PAS PERMIS D'IDENTIFIER LA COMMANDITAIRE, FIÈREMENT REPRÉSENTÉE AU FEUILLET 27V FACE À LA PIETÀ. CELLE-CI ÉTAIT, EN TOUT CAS, SENSIBLE AU BESTIAIRE MYSTIQUE ET À LA VIE FORESTIÈRE QUI FIGURE DE FÉROCES PAPILLONS, OISEAUX, SANGLIERS, LAPINS ET AUTRES BÊTES BELLIQUEUSES.

211 ff. (f. 1 est une garde blanche chiffrée et f. 210 une garde blanche non chiffrée), chiffrés de 1-120, 120bis, et 121-209), collation : I6, II6, III8 +1, IV8+2,V8, VI8, VII8, VIII8, IX8, X8, XI8, XII8, XIII8, XIV8+1, XV8+1, XVI8, XVII8, XVIII8, XIX8, XX8, XXI8, XXII8, XXIII8, XXIV8, XXV8, XXVI4, XXVII8, XXVIII3 (DE 4, LE DERNIER FEUILLET SANS DOUTE UN FEUILLET RÉGLÉ) [feuillets blancs : f. 14, 27, 31, 105, 119v-120], écriture gothique à l’encre brune (calendrier à l’encre brune, rouge et bleue), réglure à l’encre rouge, 16 longues lignes par page, texte sur une colonne (justification : 87 x 50 mm), rubriques en rouge foncé et quelques-unes en bleu, bout-de-lignes en rouge et bleu avec rehauts blancs et or bruni, initiales à l’or bruni sur fonds bleu et rouge avec rehauts blancs (1 ligne de hauteur), initiales en gris avec rehauts blancs sur fonds or (calendrier), autres initiales en gris ou rose pâle avec rehauts blancs sur fonds rouge ou or, parfois avec rehauts à l’or liquide et motifs floraux ou insectes (2 lignes de hauteur), plus grandes initiales en bleu avec rehauts blancs sur fonds rouge et or (2 à 5 lignes de hauteur), bordures enluminées à toutes les pages, association de bordures sur fonds or ou réservé avec motifs floraux, grotesques et hybrides zoomorphes et feuilles d’acanthes bleu et or, autres bordures historiées avec scènes de vie forestière et bestiaire.

Reliure de maroquin rouge, plats décorés d'un décor à la Du Seuil, encadrement extérieur de triple filet doré, au centre un second encadrement de triple filet doré avec fleurons aux angles extérieurs, fermoirs métalliques, tranches dorées
(rel. du XVIIe siècle). Mors supérieur fragile. Quelques défauts intérieurs avec quelques écaillures de peinture ou pliures au parchemin, quelques frottements à certains feuillets. Très bel état général de conservation.
Dimensions des feuillets : 110 x 162 mm ; dimensions de la reliure : 115 x 165 mm.

Provenance
•1. Manuscrit réalisé pour l’usage liturgique de Paris (Heures de la Vierge à l’usage de Paris ; Office des morts à l’usage de Paris). Le calendrier reflète aussi cet usage parisien. Par ailleurs, sur le plan stylistique, les artistes ayant contribué à l’enluminure de ces Heures sont tous parisiens, actifs à la fin du XVe et au début du XVIe siècle.
Ce manuscrit fut réalisé pour une commanditaire – pour l’heure non identifiée – dont le portrait figure en bonne place au fol. 27v. Dans la bordure inférieure se trouve un espace laissé blanc qui devait accueillir les armoiries, non réalisées. On relève également un autre indice, les initiales « I H » (fol. 61) et inversées « H I » (fol. 61v) entrelacées dans la bordure : il peut s’agir des initiales de la commanditaire ou celles d’un couple. On notera également au fol. 196v dans la bordure un ceinturon doré, peut-être aussi un symbole voulu de la commanditaire.
On peut souligner l’attachement de la commanditaire pour deux symboles animaliers, à savoir le « pélican mystique » (une pleine page lui est consacré (fol. 105v) et on le retrouve également dans le bas-de-page au fol. 106) ; autre symbole récurrent, celui du papillon, que l’on trouve à plusieurs reprises (ff. 15, 17, 22v, 31v, 105v, 113v).
•2. Ex-libris manuscrit au verso de la première garde : « B. Combes, prêtre ».
•3. France, collection particulière.

D’une grande originalité, ce manuscrit est une œuvre de collaboration entre plusieurs artistes parisiens. Il est à rattacher à un groupe de manuscrits présentant un décor semblable avec notamment des scènes animalières en bas-de-page ou dans les bordures (Ecouen, Musée de la Renaissance, MS E. cl. 1251 ; Oxford, Bodleian Library, Rawl. Liturg. e. 36 ; Yale Univeristy, Beinecke Library, MS 411) et associant des artistes parisiens tels : Maître de Robert Gaguin,
Jean Pichore ou le Maître des Triomphes de Pétrarque, Maître d’Etienne Poncher, Maître de Jean d’Albret, Maître de Jeanne d’Hervez. Ce groupe très spécifique de manuscrits est toujours peint en collaboration, avec des artistes ayant tous la particularité d’avoir également travaillé pour des imprimeurs : faut-il voir dans ces Heures une réalisation chorale sous l’égide d’un libraire qui fait appel à plusieurs artistes, inspirés par les « nouveaux » modèles des Heures imprimées alors en circulation, avec notamment le soin apporté aux scènes dans les bordures ? Tous les artistes ayant contribué des miniatures aux présentes Heures manuscrites (Maître de Jean d’Albret, Maître de la Chronique scandaleuse, Maître des Triomphes de Pétrarque (dont les peintures sont parfois données ou retirées à Jean Pichore qui fut lui-même un temps imprimeur) ont contribué à l’illustration des Heures imprimées.

La mise-en-page des présentes Heures doit aussi beaucoup à l’enluminure parisienne de la génération précédente, notamment autour des artistes tels « Maître François ». On évoquera l’influence par exemple des Warncliffe Hours (Melbourne) qui contient également des bas de pages animés par des scènes animalières inscrites dans des paysages.

Ce manuscrit appartient à un ensemble de livres d’heures dits « à bordures historiées », reliés à la production d’imprimés parisiens du dernier quart du XVe siècle, notamment les imprimeurs Du Pré, Le Rouge et Vérard. La mise en page avec un système recherché de niches, bordures cernées de colonnes, arches bilobées et/ou réticulées doivent beaucoup à la mise en page des imprimés des années 1490-1500 qui font la part belle aux encadrements architecturaux, aux niches et espaces cloisonnés. Ce cloisonnement dans les livres d’heures imprimés permet de multiplier les scènes autour du texte ou d’enluminures centrales et de les lier au besoin. Certaines compositions se retrouvent dans les Heures imprimées telle St Jean sur l’île de Patmos avec la bête de l’Apocalypse (fol. 15) qui reprend le bois gravé des Heures imprimées par Du Pré 1487/1488 (Paris, BnF, Rés. Vélins 1643) ou encore l’Arbre de Jessé (fol. 31v) que l’on trouve dans plusieurs éditions parisiennes des années 1480-1490.

La plus grande partie des enluminures de ces Heures sont attribuables au Maître de Jean d’Albret, un artiste identifié et nommé par Isabelle Delaunay (2000, vol. II, pp. 30-31) : il est actif à Paris vers 1490 - 1510 et contribue à la fois à l’illustration de manuscrits et d’imprimés. Son nom dérive de deux incunables peints pour Jean d’Albret (1469-1516) à savoir Raoul Le Fèvre, Recueil des histories troiennes, c. 1494 (New York, PML 515 CHL NoF1541; voir Winn, 1997, pp. 198-99, 349, figs. 5) et Sébastian Brant, La nef des fous, Paris, A. Bocard pour J. Philippe et G. de Marnef, 1497 (Dresden, Sächsische Landesbibliothek, Inc. 4114 ; Winn, 1997, p. 198, fig. 4, 26). Le Maître de Jean d’Albret travailla beaucoup pour l’imprimeur Antoine Vérard, par exemple il enlumine un exemplaire d’Aeneas Sylvius Piccolomini, Euralius et Lucresse, Paris, Antoine Vérard, c. 1493 (Londres, BL, IB 41145; Winn, 1997, fig. 3.2, p. 90). Également pour Vérard, le Maitre de Jean d’Albret peint de Grandes Heures Royales pour Anne de Beaujeu (1490) (Coll. particulière ; Winn, 1997, p. 195, fig. 4.25) ainsi que des Heures pour Charles d’Angoulême, c. 1492 (New York, PML 127775; Winn, 1997, p. 159, fig. 4. 12). Enfin on reconnait sa main dans des Heures à l’usage de Rome (Carpentras, BM, MS 54, voir Delaunay, 2000, vol. II, pp. 28-31.

Dans les présentes Heures dites et « H J » ou « J H », on a confié au Maître de la Chronique scandaleuse une grande peinture (Vierge à l’Enfant, fol. 192) et 13 petites peintures, notamment les 12 peintures des suffrages. Le Maître de la Chronique scandaleuse est un maître anonyme enlumineur actif à Paris à la fin du XVe et au début du XVIe siècle. Il est baptisé ainsi par Nicole Reynaud (1993), du nom de son ouvrage le plus considérable, Chronique Scandaleuse de Jean de Roye, Paris, BnF, Ms Clair. 481. Il travaille pour une clientèle princière et on suit sa carrière de circa 1493 à circa 1510. Comme le Maître de Jean d’Albret, il enlumine de nombreux incunables pour Antoine Vérard destinés au roi Charles VIII pour lequel il réalise également de Très Petites Heures (Drouot, 4 décembre 2000, lot 25). Il illustre deux manuscrits pour Anne de Bretagne, celui de la Description du couronnement…, conservé à Waddesdon Manor 22, et des Epistres d’Ovide par Octavien de Saint-Gelais (Christie’s, Londres, Vente Arcana, 7 juillet 2010 lot 42 ; Aguttes, Vente Aristophil, 16 juin 2018, lot 18). Sur le Maître de la Chronique scandaleuse, voir Avril et Reynaud, Les manuscrits à peintures en France 1440-1520, cat. expo. Paris, BnF. 1993, cat. 150-151 ; France 1500 entre Moyen Age et Renaissance, Paris, Grand-Palais 2010-2011, cat. 105, 107.

Enfin, la représentation de la figure de la commanditaire (fol. 27v) a été confiée à un troisième artiste, également parisien.
Il semblerait que la figure ait été peinte sur un fond réalisé par le même peintre que les autres peintures données au Maître de Jean d’Albret : on reconnait le traitement du paysage et même des détails des fleurs et de la faune. Toutefois la figure de la commanditaire proprement dite est confiée à ce troisième artiste dit le « Maitre des Triomphes de Pétrarque ». L’artiste l’a peint agenouillée devant son prie-Dieu sur lequel est posé un livre ouvert, des Heures sans nul doute. Le Maître des Triomphes de Pétrarque est parfois confondu avec Jean Pichore avec lequel il collabora au sein de l’atelier Pichore (voir Zöhl, 2004).

Le Maître des Triomphes de Pétrarque est actif à Paris et à Rouen (notamment au service du Cardinal Georges d’Amboise) entre 1499 et 1514. Il doit son nom à un manuscrit des Triomphes de Pétrarque (Paris, BnF, fr. 594). Il a œuvré en association avec plusieurs artistes parisiens : dans le présent manuscrit c’est à lui que l’on commande le beau portrait de la commanditaire, pour l’heure anonyme, en l’absence des armoiries prévues dans le bas-de-page mais non réalisées.

Texte
f. 1, garde blanche ;
ff. 2-13v, Calendrier parisien, rédigé en français ; voir Paul PERDRIZET, Le calendrier parisien à la fin du moyen âge d’après le bréviaire et les livres d’heures, Paris, 1933 (Publications de la Faculté des Lettres de l’Université de Strasbourg, 63).
f. 14, feuillet blanc ;
ff. 15-22, Péricopes évangéliques, selon saint Jean (ff. 15-17) ; selon saint Luc (ff. 17-19) ; selon saint Mathieu (ff. 19-20v) ; selon saint Marc (ff. 21-22) ;
ff. 22-26v, Obsecro te (désinence masculine) ;
ff. 28-30v, O intemerata ;
ff. 30v-104v, Heures de la Vierge, à l’usage de Paris, matines (ff. 30v-58) ; laudes (ff. 58v-71) ; prime (ff. 71v-77v), avec antienne, « Benedicta tu » et capitule, « Felix namque » ; tierce (ff. 78-82v) ; sexte (ff. 83-87) ; none (ff. 87v-91), avec antienne, « Sicut lilium » et capitule, « Per te dei » ; vêpres (ff. 91v-99) ; complies (ff. 99-104v) ;
f. 105, feuillet blanc ;
ff. 105v-113, Heures de la Croix ;
ff. 113-119, Heures du Saint-Esprit ;
ff. 119v-120, feuillets blancs ;
ff. 120v-139v, Psaumes de la pénitence, avec litanies (ff. 134-138v) ;
ff. 140-190v, Office des morts selon l’usage de Paris, avec les leçons suivantes : (1) Qui Lazarum ; (2) Credo Quod ; (3) Heu michi ; (4) Ne recorderis ; (5) Domine quando ; (6) Peccactum me ; (7) Domine secundum ; (8) Memento mei ; (9) Libera me. Voir Ottosen, pp. 329-330.
ff. 191-196v, Prière à la Vierge : Doulce dame de misericorde, mere de piété, fontaine de tous les biens.
ff. 197-201, Prière à la Sainte Trinité : Doulx Dieu, doul[x] père, sainte Trinité, ung Dieu, beau sire Dieu.
ff. 201-209v, Suffrages. De Sancta Trinitate (ff. 201-201v), De sancto Michaele (ff. 201v-202), De sancto Johanne Baptista (ff. 202-202v), De sanctis Petro et Paulo (f. 203-203v), De sancto Laurencio (ff. 203v-204) ; De sancto Nicolao (f. 204-205), De sancta Anna (f. 205-205v), De beata Maria Magdalena (ff. 205v- 206v), De sancta Katherina (ff. 206v-207), De sancta Genovefa (f. 207v), De sancta Katherina (ff. 208-208v), De sancta Barbe (ff. 208v-209v).
ff. 210-210v, garde blanche.

Illustration
Ce manuscrit contient 21 grandes miniatures et 40 petites miniatures. Parmi les 40 miniatures, 24 miniatures illustrent
le calendrier et 16 petites miniatures illustrent le texte.

Calendrier
Les petites miniatures du calendrier sont attribuables au Maître de Jean d’Albret.

f. 2, Calendrier, mois de janvier, Homme attablé ; dans la marge, scène de forêt avec bestiaire ;
f. 2v, Calendrier, mois de janvier, Verseau ; dans la marge, scène de forêt avec bestiaire ;

f. 3, Calendrier, mois de février, Homme se chauffant au feu ; dans la marge, scène de chasse au sanglier ;
f. 3v, Calendrier, mois de février, Poissons ; dans la marge, scène de forêt, chasse au cerf ;

f. 4v, Calendrier, mois de mars, Taille de la vigne ; dans la marge, scène au pied d’un étang, oiseau chassant une anguille ;
f. 4, Calendrier, mois de mars, Bélier ; dans la marge, scène de forêt, renard (?) dévorant un volatile (poule ?) ;

f. 5v, Calendrier, mois d’avril, Jeune femme dans un jardin ; dans la marge, scène de forêt, quadrupède avec une selle ; dans l’étang un oiseau ayant attrapé une anguille ;
f. 5, Calendrier, mois d’avril, Taureau ; dans la marge, scène de forêt, deux chiens poursuivant un cerf ;

f. 6v, Calendrier, mois de mai, Jeune homme et son cheval ; dans la marge, scène de forêt, oiseaux dans les arbres ;
f. 6, Calendrier, mois de mai, Gémeaux ; dans la marge, scène de forêt, au bord d’un plan d’eau un quadrupède (chat sauvage ?) ;

f. 7v, Calendrier, mois de juin, Travail des champs ; dans la marge, scène de forêt avec oiseau ;
f. 7, Calendrier, mois de juin, Cancer ; dans la marge, scène de forêt, avec hibou ;

f. 8v, Calendrier, mois de juillet, Fauchage ; dans la marge, scène de forêt, plusieurs oiseaux dont un rapace qui attaque un oiseau ;
f. 8, Calendrier, mois de juillet, Lion ; dans la marge, scène de forêt, deux oiseaux dont l’un au bord d’un plan d’eau ;

f. 9v, Calendrier, mois d’août, Battage des céréales (fléau) ; dans la marge, scène de forêt, deux animaux camouflés par un arbre ;
f. 9, Calendrier, mois d’août, Vierge ; dans la marge, scène de forêt, avec oiseaux ;

f. 10v, Calendrier, mois de septembre, Foulage du raisin ; dans la marge, scène de forêt, avec oiseaux et renard au bord d’un plan d’eau ;

f. 10, Calendrier, mois de septembre, Balance ; dans la marge, scène de forêt avec un ours monté par un singe ;

f. 11v, Calendrier, mois d’octobre, Glandée ; dans la marge, scène de forêt ou d’étang avec oiseaux ;
f. 11, Calendrier, mois d’octobre, Scorpion ; dans la marge, scène de forêt avec créature hybride et oiseaux ;

f. 12v, Calendrier, mois de novembre, Saignée du cochon ; dans la marge, scène de forêt et d’étang avec oiseaux ;
f. 12, Calendrier, mois de novembre, Sagittaire ; dans la marge, scène de forêt avec un oiseau attaquant un escargot ;

f. 13v, Calendrier, mois de décembre, Cuisson du pain ; dans la marge, scène de forêt avec deux sangliers transpercés (?) ;
f. 13, Calendrier, mois de décembre, Capricorne ; dans la marge, scène de forêt avec oiseaux et hibou ;

Suivent les grandes et petites miniatures :
f. 14v, Naissance d’Ève (grande miniature) : Eve nue, mains jointes, sort de la côte d’Adam, couché sur le côté, Dieu les bénissant. La scène est située dans un paysage campagnard, agrémenté d’une fontaine d’où jaillit de l’eau. – En bas de page : deux oiseaux et un renard [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 15, Saint Jean sur l’île de Patmos (grande miniature) : Jean écrit sur ses genoux devant l’aigle, son symbole ; au-delà, la mer où voguent des navires menacés par une hydre à sept têtes (bête de l’Apocalypse). La peinture est ici encadrée d’une bordure de tiges avec feuilles portant des petites fleurs de couleur (blanches, roses, rouges, bleues) peintes sur un fond or. – En bas de page : scène de la vie champêtre, un oiseau saisissant un papillon, sous les yeux d’une grenouille. [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 17, Saint Luc écrivant devant son symbole, le bœuf (petite miniature). – En bas de page : scène de la vie silvestre avec un cerf, un papillon et un quadrupède. [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 19, Saint Mathieu écrivant devant son symbole, l’ange (petite miniature) [attribuable au Maître de la Chronique scandaleuse ?].

f. 21, Saint Marc écrivant devant son symbole, le lion (petite miniature). – En bas de page : scène de forêt, avec cerf, hibou dans un arbre et oiseau saisissant une mouche. – Bordure extérieure : guêpe (?) et papillon [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 22v, Vierge à l’Enfant (grande miniature) : La Vierge couronnée est vêtue d’un manteau bleu à parements rouges jeté sur une robe blanche dotée de belles transparences. Assise sous un dais rose, elle tient l’Enfant dans ses bras. – En bas de page : scène de forêt, avec deux chiens poursuivant un renard (?). – Dans l’initiale O, un papillon [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 27v, Commanditaire du manuscrit, en prière (grande miniature) : Une jeune femme vêtue d’une robe rouge, agenouillée, mains jointes devant un livre ouvert posé sur un pupitre. La scène est située dans un décor paysager, avec des arbres où reposent un nid peuplé d’oisillons recevant la becquée, et un gros papillon. La peinture est placée dans une bordure dorée constituée, côtés intérieur et extérieur, de colonnes ornées de grands motifs floraux à l’or et, dans la marge inférieure, de la bordure dorée commune à ce manuscrit, au centre de laquelle, soutenue par deux lévriers blancs avec collier rouge, aurait dû être peint un blason [attribuable au Maître des Triomphes de Pétrarque].

f. 28, Pietà illustrant la prière O intemerata (petite miniature). – Bordure de droite et bas de page : scène de forêt, créature quadrupède et sanglier buvant à un cours d’eau [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 31v, Arbre de Jessé (grande miniature) : La peinture s’inscrit sur un fond rouge : Jessé est vêtue d’une robe gris bleu avec décor doré ; l’arbre est une tige verte portant des branches de même ton terminées par des calices où reposent les personnages ; celle où repose la Vierge est en fleur. Tous les visages sont admirables. - En bas de page : scène de forêt, avec papillon et grenouille [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 32, Annonciation (grande miniature) : L’ange Gabriel, vêtu d’une robe blanche sous un manteau rose hachuré d’or, est agenouillé devant la Vierge assise, un livre ouvert sur les genoux. En lieu et place de la traditionnelle colombe, c’est l’Enfant brandissant une croix qui surgit dans la pièce par la fenêtre ouverte. Cette vision de l’Annonciation est très inhabituelle pour l’époque, alors qu’elle sera courante au XVIIe siècle (Rubens, Philippe de Champaigne, etc.) [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 58v, Visitation (grande miniature) : Une scène d’extérieur. Élisabeth est vêtue d’une robe rose rehaussée à l’or devant Marie qui, sous son manteau bleu, porte une robe gris bleu avec rehauts à l’or, qui laisse l’impression d’avoir été obtenue sur grattage. – Bordure de gauche et bas de page : scène de forêt, bête sauvage et homme sauvage (?) menaçant un sanglier d’un bâton [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 71v, Nativité (grande miniature) : Sous un appentis, Joseph et Marie agenouillés devant Jésus, couché sur la robe bleue de sa mère. Sous son manteau, Marie est vêtue d’une robe grise très hachurée à l’or. – Bordure de gauche et bas de page : scène de forêt, oiseau, nid dans un arbre et face à face entre un oiseau et un sanglier [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 78, Annonce aux bergers (grande miniature) : Une scène très ramassée, avec un berger vêtu d’une veste gris bleu très hachurée et de chausses rouges, et d’une bergère vêtue d’une robe bleue tenant un agneau sur ses genoux. On notera ici un repentir dans la courbure que l’artiste entend donner au poignet du berger, qui semble protéger sa vue de la lumière que dégage dans le ciel l’ange annonciateur [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 83, Adoration des mages (grande miniature) : Sous son appentis, la Vierge reçoit les trois Rois mages ; au premier plan, l’un d’entre eux vêtu d’une robe rouge présente, agenouillé, une cassette à l’Enfant, qui plonge sa main à l’intérieur ; au second plan, debout, se tiennent les deux autres mages, l’un vêtu d’un manteau gris bleu, l’autre d’un manteau vert. Les hachures à l’or sont très abondantes dans les vêtements, mais il est remarquable qu’elles sont plus utilisées comme ornementation que comme moyen de souligner les plis [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 87v, Présentation au Temple (grande miniature) : Le prêtre tient l’Enfant qui se retourne et tend les bras vers sa mère. La Vierge est vêtue de son traditionnel manteau bleu jeté sur une robe gris bleu (comme celle du prêtre). Sa servante, vêtue d’un manteau rouge très hachuré et d’un bonnet pointu gris, porte le panier qui contient l’offrande à l’officiant (2 pigeons) [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 92, Fuite en Égypte (grande miniature) : Une autre scène resserrée entre deux colonnes portant une voûte « bilobée ». L’âne figure au premier plan occupant toute la largeur de la peinture, ce qui est en partie occulté par le manteau bleu de la Vierge. La scène est située dans un cadre paysager très accidenté du second plan, avec enfin une paysage fuyant de montagnes bleutées se découpant sur des ciels bleus et blancs [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 99v, Couronnement de la Vierge (grande miniature) : Sous un dais rose, Dieu le Père, vêtu d’une robe rose hachurée à l’or bénit la Vierge aux lèvres très rouges. Le fond est constitué d’une tenture verte maintenue par des anges de couleur orange [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 105v, Le Pélican mystique nourrissant ses petits (grande miniature) : Les Heures de la Croix sont introduites par deux peintures. Le pélican nourrissant sa nichée de ses entrailles fait face à Jésus crucifié pour la rédemption des hommes. Dans l’iconographie et la symbolique chrétienne occidentale, le pélican symbolise le sacrifice du Christ, qui versa lui aussi son sang pour les autres. Le pélican est certes le symbole de l’amour paternel, mais la figuration isolée de ce symbole est rarissime. La peinture semble divisée en trois parties, encadrées de deux colonnes : la scène du pélican située dans une clairière entourée de grands arbres avec un paysage fuyant bleuté : deux grands arbres à gauche et, au-dessous de l’image principale, deux papillons qui s’ébattent dans une clairière. L’impression dominante est l’unité de la page, alors que la mise en page est parfaitement conforme à celle des peintures du manuscrit. – Bordure de gauche et bas de page : scène de forêt, avec deux papillons [attribuable au Maître de Jean d’Albret (?)].

f. 106, Crucifixion (grande miniature) : La place centrale est occupée par un Christ en croix très filiforme, aux bras fins et longs. À gauche, la Vierge soutenue par saint Jean au second plan ; à droite, un personnage barbu, vêtu d’un manteau blanc grisâtre passé sur une robe rouge avec rehauts à l’or, contemple la scène. – Bas de page : scène de forêt, oiseau pourchassant deux grenouilles et pélican mystique dans un arbre [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 113v, Pentecôte (grande miniature) : C’est une scène d’intérieur qui figure les apôtres regroupés autour de la Vierge. Le premier plan est occupé par un personnage vêtu d’une robe blanc grisâtre. L’espace supérieur est occupé par une colombe et des flammèches. – Bas de page : scène de forêt, avec combat entre un papillon et un oiseau [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 120v, David et Goliath (grande miniature) : les Psaumes de la pénitence sont introduits par deux peintures se faisant face, l’une et l’autre figurant un épisode fort de la vie de David. Le jeune David, brandissant sa fronde, est ici figuré au second plan ; le premier plan est occupé par un Goliath affaissé, le front sanguinolent ; le fond de la peinture est occupé par une troupe de soldats sortant de la forêt. – Bordure de gauche et bas de page : scène de forêt, avec oiseau dans un arbre ; face à face entre un chien et un oiseau [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 121, David et Bethsabée (grande miniature) : David au balcon, accoudé sur une tenture bleue sur laquelle est écrit « DAVID ROY », contemple Bethsabée se baignant. Un beau paysage fuyant bleu très accidenté se détache sur un ciel bleu assez nuageux [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 140, Job (grande miniature) : Job, à moitié nu, est assis sur un tas de fumier ; devant lui, sa femme, vêtue d’une robe rouge rehaussée à l’or, l’implore : « Pourquoi persévérer dans ton intégrité ? Maudis donc Dieu et meurs ! » (Job, 2,9). La gestuelle des deux personnages met en évidence des doigts disproportionnés. – Bordure de gauche et bas de page : scène de forêt, avec chien chassant un lapin, un lapin sortant de son terrier, un oiseau saisissant un serpent [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 192, Vierge à l’Enfant (grande miniature) : La scène est encadrée de deux colonnes et d’une voûte gothique flamboyant. La peinture de la Vierge et de l’Enfant est limitée à la tête et au buste. Au second plan, une tenture rouge pointée d’or maintenue par un groupe d’anges de couleur orange. La Vierge a les yeux mi-clos et des mains démesurées. – Bas de page : scène de forêt, avec un hibou saisissant un mulot et un oiseau saisissant une mouche ou insecte [attribuable au Maître de la Chronique scandaleuse].

f. 197, Trinité (grande miniature) : Dieu le Père, entouré d’anges de couleur orange, est assis sur son trône, et tient la croix sur laquelle le Fils est cloué ; l’Esprit (une colombe) est posée à l’intersection des barres du T de la croix. – Bas de page : scène de forêt, avec deux oiseaux dans un arbre et rapace attaquant des terriers de lapins [attribuable au Maître de Jean d’Albret].

f. 201, Trinité (petite miniature) [attribuable au Maître de la Chronique scandaleuse].

f. 201v, saint Michel (petite miniature) [attribuable au Maître de la Chronique scandaleuse].

f. 202v, saint Jean Baptiste (petite miniature) [attribuable au Maître de la Chronique scandaleuse].

f. 203, saints Pierre et Paul (petite miniature) [attribuable au Maître de la Chronique scandaleuse].

f. 203v, saint Laurent (petite miniature) [attribuable au Maître de la Chronique scandaleuse].

f. 204v, saint Nicolas et le miracle des trois enfants (petite miniature) [attribuable au Maître de la Chronique scandaleuse].

f. 205, sainte Anne (petite miniature) [attribuable au Maître de la Chronique scandaleuse].

f. 206, sainte Marie Madeleine (petite miniature) [attribuable au Maître de la Chronique scandaleuse].

f. 206v, sainte Catherine (petite miniature) [attribuable au Maître de la Chronique scandaleuse].

f. 207v, sainte Geneviève (petite miniature) [attribuable au Maître de la Chronique scandaleuse].

f. 208, sainte Catherine (petite miniature). – Bordure de droite et bas de page : scène de forêt, avec marcassin se cachant dans les arbres ; chien poursuivant un lapin [attribuable au Maître de la Chronique scandaleuse].

f. 208v, sainte Barbe (petite miniature). – Bordure de gauche et bas de page : scène de forêt, avec oiseau dans un arbre et créature hybride [attribuable au Maître de la Chronique scandaleuse].

Bordures
Le premier type de bordure, sur fond blanc, est réservé au texte, et se développe dans la marge extérieure de toutes les pages. Il s’agit d’une bande constituée de grandes feuilles d’acanthe au milieu de feuillages et de fleurs de couleurs vives plantés sur des tiges rouges, peints sur des fonds blancs et or. Le plus souvent, le fond blanc est réservé à la peinture des feuilles d’acanthe (bleues et or), les fonds or à celle des feuillages et des fleurs (rouge, bleu et rose). Mais elles sont d’une grande diversité ; on y trouve des troncs verts et bruns, ces derniers rehaussés d’or (f. 51, 52, 53), ou bleus et or (f. 184r-185v, 190rv) ; certaines sont cloisonnées, soit sur fond or (f. 35r, 38r, 54r), soit sur fond blanc (f. 54v), certaines mêlent les deux types (f. 83v, 96r-98v, 103rv, 129v, 130v, 133v, 167v-168v, 177rv). Enfin, parfois, un animal fantastique vient animer ce décor végétal (f. 18, 20, 23, 30, 128).

Le second type de bordure est sur fond or. Il orne presque toutes les pages portant de grandes peintures, soit le début de toutes les grandes sections du manuscrit (f. 15r, 22v, 31v-32r, 78r [cloisonné blanc/or], 83r, 87v, 92r, 99v, 106r, 112v, 120r, 191r, 197r) ; exceptionnellement, on peut le trouver en lieu et place de la bordure de type I au verso des pages de titre
(f. 32v). Le décor est constitué de tiges rouges, avec des feuilles vertes, portant des fleurs blanches, roses, rouges et bleues ; viennent s’y adjoindre, à partir de f. 32, des feuilles d’acanthe et, parfois, des insectes, des oiseaux et des animaux plus ou moins imaginaires.

Le troisième type est le plus curieux. Il repose sur la peinture de scènes de la vie forestière. La forêt est plantée d’arbres avec de longs troncs, dont le feuillage est peint à petites touches vertes et or ; des sentiers ocre permettent d’y créer des perspectives, voire des sous-bois. Elle est peuplée d’insectes, d’oiseaux, d’animaux sauvages ; s’y égare parfois un grotesque ou un lévrier avec un collier rouge. Ces bordures sont traitées comme le sont les paysages des grandes peintures, et cette continuité donne à la page une ampleur peu commune.

En réalité, le plus souvent deux des types de bordures — voire les trois — se télescopent. Ainsi ce décor forestier se retrouve dans la bordure inférieure de quelques pages illustrées (f. 15r, 22v, 32v, 106r, 113v, 191r, 197r).

C’est bien évidemment dans les bordures que l’artiste se sent le plus libre : scènes cruelles de la vie animale, un chien saisissant un faisan (f. 4v), un oiseau attrapant un poisson (f. 5), un oiseau saisissant une libellule et un rapace dévorant un oiseau mort (f. 8), un oiseau s’attaquant à un énorme escargot (f. 12v), la mise à mort d’un sanglier (f. 13), un oiseau saisissant un énorme papillon (f. 15). Dès les bordures du calendrier apparaissent des singes, brun/rouge très rehaussé à l’or, dans des postures parfois cocasses : un singe débusque un animal qui se cache derrière un arbre (f. 9), un autre chevauche un ours (f. 10v), un troisième chasse, tenant un épervier dans sa main droite (f. 11v). Quelques grotesques ou animaux fantastiques apparaissent dans les bordures sur fond blanc du texte. Les quelques bordures dorées peuvent aussi être propices à l’insertion parmi les feuillages et fleurettes de grotesques particulièrement soignés (f. 32, 78 [cloisonnée], 83, 87v, 92, 99v, 106, 113v, 120bis). On notera qu’ils n’apparaissent jamais dans les bordures des peintures figurant la Vierge et l’Enfant.

Au milieu de ces paysages forestiers et champêtres, dominent les scènes de la vie animale et, beaucoup plus rarement, les scènes de chasse. L’homme n’apparaît jamais, son rôle semble en effet tenu par le singe. En revanche, le gibier fourmille et, pour l’attraper, on voit parfois apparaître un lévrier blanc avec un collier (ff. 2, 120v, 208). Signalons aussi les deux superbes lévriers de part et d’autre de l’écu non réalisé sous le portrait de la commanditaire (f. 27v).

Bibliographie
Delaunay, I. « Les Heures d’Ecouen du Musée national de la Renaissance : échanges entre manuscrits et imprimés autour de 1500 », in Revue du Louvre, 1993, 43 (no. 4), pp. 11-24.
Delaunay, I. « Échanges artistiques entre livres d’heures, manuscrits et imprimés produits à Paris vers 1480-1500 »,
3 vol., Thèse de doctorat, Paris IV, Sorbonne, 2000.
Winn, M. B. Antoine Vérard, Parisian Publisher, 1485-1512, Genève, 1997.
Zöhl, Caroline. Jean Pichore. Buchmaler, Graphiker und Verleger in Paris um 1500, Brepols, 2004.

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