Lot n° 13

BAUDELAIRE Charles (1821-1867). L.A.S. « Charles Baudelaire », 11 décembre 1861, [à Abel …

Estimation : 4 000 - 5 000 EUR
Adjudication : Invendu
Description
BAUDELAIRE Charles (1821-1867). L.A.S. « Charles Baudelaire », 11 décembre 1861, [à Abel VILLEMAIN, secrétaire perpétuel de l'Académie française] ; 2 pages in-4 (infimes fentes aux pliures).
Précieuse lettre de candidature de Baudelaire à l'Académie française, dans laquelle il commente ses œuvres. [En 1861, deux fauteuils devinrent vacants après la mort de Scribe et de Lacordaire. Baudelaire présenta sa candidature, et effectua une visite chez Alfred de Vigny, lequel tenta d'abord de le dissuader avant d'accepter de soutenir ce qu'il comprit être une ferme intention. Plus tard, Baudelaire retirera sa candidature.] « J'ai l'honneur de vous instruire que je désire être inscrit parmi les candidats qui se présentent pour l'un des fauteuils actuellement vacants à l'Académie française, et je vous prie de vouloir faire part à vos collègues de mes intentions à cet égard. Il est possible qu'à des yeux trop indulgents je puisse montrer quelques titres : permettez-moi de vous rappeler un livre de poësie qui a fait plus de bruit qu'il ne voulait [Les Fleurs du mal] ; une traduction qui a popularisé en France un grand auteur inconnu [Edgar Allan POE] ; une étude sévère et minutieuse sur les jouissances et les dangers contenus dans les Excitants [Les Paradis artificiels] ; enfin un grand nombre de brochures et d'articles sur les principaux artistes et les hommes de lettres de mon temps. Mais à mes propres yeux, Monsieur, c'est là un compte de titres bien insuffisant, surtout si je les compare à tous ceux, plus nombreux et plus singuliers, que j'avais rêvés. Croyez donc, Monsieur, et je vous supplie de le répéter, que ma modestie n'est pas simulée ; c'est une modestie commandée, non seulement par la circonstance, mais aussi par ma conscience, qui est aussi sévère que celle de tous les grands ambitieux. Pour dire toute la vérité, la principale considération qui me pousse à solliciter déjà vos suffrages est que, si je me déterminais à ne les solliciter que quand je m'en sentirai digne, je ne les solliciterais jamais. Je me suis dit qu'après tout il valait peut-être mieux commencer tout de suite ; si mon nom est connu de quelques-uns parmi vous, peut-être mon audace sera-t-elle prise en bonne part, et quelques voix, miraculeusement obtenues, seront considérées par moi comme un généreux encouragement et un ordre de mieux faire »...
Correspondance (éd. Cl. Pichois, Bibl. de la Pléiade, t. II, p. 193.
Provenance : collection Philippe de Flers (vente 13 juin 2014, n° 8).
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