Lot n° 58

FLAUBERT Gustave (1821-1880). 2 MANUSCRITS autographes, Hegel Cours d'esthétique, [1844 et 1872] …

Estimation : 8 000 - 10 000 EUR
Adjudication : Invendu
Description
FLAUBERT Gustave (1821-1880). 2 MANUSCRITS autographes, Hegel Cours d'esthétique, [1844 et 1872] ; 51 pages sur 48 ff. de papier vélin fin, puis 13 pages sur 7 ff. de papier bleu (mal chiffrées 1-52, puis 53-59), environ 22,5 x 18,5 cm, le tout monté sur onglets et relié en un volume petit in-4, cartonnage ancien papier gaufré vert.
Important ensemble de notes de jeunesse sur Hegel, utilisées pour
Bouvard et Pécuchet, et complétées lors de la rédaction du roman.
Flaubert a pris des notes développées sur l'Esthétique de HEGEL (originellement parue en allemand en 1832) sur la traduction française donnée par Charles Bénard de 1840 à 1852 (5 volumes). Il a travaillé en 1844 sur les deux premiers volumes. C'est dans le cadre de ses travaux préparatoires à Bouvard et Pécuchet qu'il acheva la lecture des trois derniers volumes, en 1872, ajoutant de nouvelles notes sur papier bleu, tout en inscrivant de nouvelles réflexions en marge de ses premières notes. La lecture de Hegel a nourri avec profit la réflexion de Flaubert sur le Beau, le Vrai et le Bien, et sur l'œuvre d'art dans son rapport avec le réel. Ces notes font partie du dossier documentaire sur la Philosophie pour Bouvard et Pécuchet, et ont été utilisées au chapitre VIII du roman.
Citons quelques lignes des notes sur l'Introduction de l'ouvrage de Hegel : « On reproche à l'art de produire ses effets par l'illusion 'apparence ; le même reproche pourrait s'adresser à la nature, aux actes de la vie humaine. Car la réalité, le principe n'est point dans toutes ces apparences, il n'est manifesté que par elle. Or c'est précisément l'action et le développement de cette force qui est l'objet des représentations de l'art. - L'art dégage la vérité des formes illusoires du monde pour la revêtir d'une forme plus élevée et plus pure, fixée par l'esprit lui-même. Le monde de l'art est plus vrai que celui de la nature et de l'histoire »... En marge, Flaubert a ajouté en 1872 : « essence & vérité de l'art : pas de différence entre l'art et la nature », puis « l'art supérieur à la Nature »...
Citons quelques-uns des chapitres suivants : « De l'idée du beau dans l'art, ou de l'idéal », « De la détermination de l'idéal », « De l'action », « De la détermination extérieure de l'idéal », « De l'accord de l'idéal avec sa réalité extérieure (de l'homme avec la nature) », « De l'artiste », « Développement de l'idéal dans les formes particulières que revêt le beau dans l'art », « De la forme symbolique de l'art », « Unité immédiate de l'idée et de la forme sensible », « De la symbolique de l'imaginaire », « la symbolique du sublime », « du Panthéisme de l'art », « De la symbolique réfléchie ou de la forme de l'art dont la base est la comparaison », « La métaphore, l'image et la comparaison », « Disparition de la forme symbolique de l'art », « De la forme classique de l'Art », « Destruction de l'Art classique », « De la Forme romantique de l'art », « De l'indépendance personnelle dans le cercle de la vie réelle », etc. À plusieurs reprises, Flaubert a ajouté des commentaires lors de sa relecture de 1872.
Pour ses notes de 1872, Flaubert a plié ses feuillets bleus de manière à créer une marge où s'inscrivent rubriques et mots-clefs. Nous citerons quelques-unes de ces notes, au début du dossier : « Ce qu'on est convenu d'appeler le Bon goût n'ose s'attaquer aux gds effets de l'art.
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Il garde le silence quand les caractères extérieurs & accessoires font place à la chose elle-même. Il n'est pas nécessaire que l'objet de l'art soit vivant. Il ne doit même pas l'être puis qu'il est destiné à satisfaire les intérêts de l'esprit & qu'il exclut tout désir. Le Principe de l'ironie a pr point de départ la philosophie de Fichte, qui pose le moi, avant toutes choses. Donc comme artiste, il n'y a que moi de sérieux je dois regarder toutes les choses humaines comme insignifiantes. L'art a son but en lui-même puisqu'il a pr mission de représenter le vrai dans une image sensible. Le Beau est la manifestation sensible de l'idée »... Etc.
Bibliographie : Gisèle Séginger, Dix ans de critique : notes inédites de Flaubert sur l'Esthétique de Hegel (Lettres Modernes-Minard, 2005).
Provenance : Caroline Franklin-Grout-Flaubert (nièce de Flaubert), vente Antibes 28-30 avril 1931, n° 66.
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