Lot n° 99
Sélection Bibliorare

GIDE André (1869-1951). MANUSCRIT autographe, Les Poésies d'André Walter, [1891] ; 33 pages …

Estimation : 10 000 - 12 000 EUR
Adjudication : 9 226 €
Description
GIDE André (1869-1951). MANUSCRIT autographe, Les Poésies d'André Walter, [1891] ; 33 pages petit in-4 (22 x 16,5 cm) montées sur onglets sur des feuillets de papier vélin ; reliure plein maroquin janséniste vert amande, dos à 5 nerfs (couleur du dos un peu passée), doublures et gardes de maroquin ivoire, tranches dorées, étui (G. Mercier, 1934).
Manuscrit complet préparé pour l'impression des Poésies d'André Walter, seul recueil poétique de Gide.
L'ensemble fut publié anonymement en avril 1892 sous le titre Les Poésies d'André Walter. Œuvre posthume, à la Librairie de l'Art indépendant. Le manuscrit, à l'encre noire sur papier vergé, sans rature, a servi pour l'impression ; il comporte de très nombreuses indications typographiques au crayon, témoignant du soin apporté par Gide et son éditeur à la forme matérielle de l'œuvre. Certains poèmes ont été publiés dans la revue La Conque en janvier 1892, et deux dans La Syrinx en avril 1892.
Le manuscrit, comme l'édition, comprend vingt poèmes. Il porte en sous-titre : L'Itinéraire Symbolique. Seuls, quelques poèmes présentent un titre. I « Il n'y a pas eu de printemps cette année, ma chère »... ; II « Une lampe neuve remplace la vide »... ; III « Un soir nous avons levé la tête »... ; IV Éclipse : « Une nuit nous sommes sortis de notre chambre basse »... ; V « Il a dû se passer quelque chose »... ; VI « Je sais qu'une âme implique un geste »... ; VII Nocturne : « J'errais sur les lisières aventureuses ».... ; VIII « Nous sommes deux pauvres petites âmes »... ; IX « Autrefois nous avions de jolis sourires »... ; X « Un matin pourtant un rayon de soleil oblique »... ; XI « Un matin pourtant elle est venue »... : XII L'Avenue : « Une rhythmique allée haute et découverte »... ; XIII « Sous la calme brûlure des lèvres »... ; XIV Solstice : « Un chant de cor a retenti dans l'air sonore »... ; XV Le Parc : « Quand nous avons vu que la petite porte était fermée »... ; XVI Montagnes : « Montagnes ! Montagnes que nous avons gravies »... ; XVII Polders : « Un ciel gris ; de la vase verte »... ; XVIII Lande double : « Cette lande de bruyère rose »... ; XIX Promontoire : « Nous avons erré jusqu'au soir vers la mer »... ; XX « La plaine monotone encore, marécageuse et sans chemins »...
Les Poésies d'André Walter sont le troisième ouvrage publié par Gide, après Les Cahiers d'André Walter ; elles sont écrites en même temps que le Traité du Narcisse à l'été 1891 à La Roque. C'est l'époque où il commence à fréquenter Mallarmé, dont il est devenu un familier du salon littéraire, chaque mardi rue de Rome. Les Poésies d'André Walter sont l'unique recueil de poèmes de Gide et déjà, dans les Cahiers, le faux journal cédait parfois la place à des vers. « Ces poèmes se font l'écho de la cruelle déception que Gide ressentit après que sa cousine eut refusé sa demande en mariage en janvier 1891. Le ton diffère notablement de celui des Cahiers du pseudo-André Walter : il devient ironique et désabusé à la manière des poèmes de Jules Laforgue que Gide venait de découvrir » (F. Callu).
Le recueil fut salué à sa sortie par Francis Viélé-Griffin : « Presque tout est délicieusement pensé et senti dans cette plaquette », et par Camille Mauclair : « Un ensemble en dehors de l'esthétique », qui ajoutait : « Le mieux est de lire ces choses ingénues, ces fleurs d'une âme liante et subtile de métaphysicien maladif ». Ces poèmes constituent une série de paysages et « des émotions par lui causées ». C'est le « premier Gide » qui s'exprime ici, poète symboliste fortement marqué par Stéphane Mallarmé, cherchant, comme il le dit lui-même à « plier la langue ». Pour autant, Gide ne renia jamais cet ouvrage. S'il ne relisait pas les Cahiers, il avouait : « Par contre, je relis avec plaisir certaines de ces Poésies [...]. Je les écrivis presque toutes en moins de huit jours, peu de temps après la publication des Cahiers, ce qui explique leur titre, et cette attribution à un André Walter imaginaire, encore que celui-ci fût déjà mort en moi. Même il ne me paraît pas que l'André Walter des Cahiers eût été capable de les écrire ; je l'avais déjà dépassé ».
Provenance : bibliothèque Du Bourg de Bozas-Chaix d'Est Ange (ex-libris, vente 27-28 juin 1990, n° 309).
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