Lot n° 102
Sélection Bibliorare

GIDE André (1869-1951). 2 MANUSCRITS autographes du Journal : 1934 et Juillet 35-Décembre 35 ; 2 …

Estimation : 12 000 - 15 000 EUR
Adjudication : 5 200 €
Description
GIDE André (1869-1951). 2 MANUSCRITS autographes du Journal : 1934 et Juillet 35-Décembre 35 ; 2 carnets de 137 pages in-8 (18 x 12 cm) et 43 pages in-12 (16,5 x 10 cm), de la marque The Canvas, reliures souples d’origine en toile beige.
Deux précieux carnets d’André Gide pour son Journal, en partie inédits. Carnet « 1934 ». Il comprend 137 pages chiffrées, plus les revers des couvertures et les feuillets de garde non chiffrés. Il est écrit à l’encre noire au recto des feuillets de papier ligné, des notes et ajouts venant s’inscrire sur la page en regard ; à partir du 23 juillet, le carnet étant rempli, Gide utilise le carnet tête-bêche des pages 136 à 70. Il prend la suite du carnet 64 (gamma 1629) conservé à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, et correspond aux pages 448-477 du tome II du Journal dans l’édition Sagaert de la Bibliothèque de la Pléiade. On relève de nombreuses variantes avec le texte publié et revu par Gide pour l’édition, ainsi que des ratures et corrections, et des passages marqués au crayon rouge, ainsi que de nombreuses pages inédites. Ce carnet est commencé le 6 février à Syracuse, et la dernière entrée est notée à Cuverville le 1er octobre. Gide y raconte son séjour à Syracuse ; des notations sont ajoutées à Cuverville, à Manosque, à Nice (soirée avec Paul Valéry), à Cabris, Paris, Karlsbad (cure dans la ville d’eaux), Prague (5 août, impressions sur cette « ville très étrange »), Ascona (« Tout ici baigne dans un azur splendide ») et Arona, Nice et Bormes, Cuverville enfin. Il parle de son travail sur son roman Geneviève puis Robert ; il note ses lectures (Dos Passos, Shakespeare, Hölderlin, Voltaire, Racine, Lamennais, Zola, Goethe, Platen, Schiller, Descartes, Balzac), des réflexions sur la musique (Bach et Chopin) et sur la littérature (Goethe et Voltaire, la diction des vers, Baudelaire), des réactions à la politique (visite de la Mostra fascista, l’exécution du responsable de l’incendie du Reichstag, les journées de février, l’Allemagne hitlérienne, le communisme, les nationalismes, la situation en U.R.S.S.) ; il réagit aux rumeurs sur son suicide… Nombreuses pensées et réflexions divers, aphorismes… Plusieurs pages sont inédites et n’ont pas été reprises dans le texte du Journal. « Mais inadmissibles toutes, presque toutes, les pages écrites en vue de mes Nouvelles Nourritures. Projet que, décidément, j’abandonne. Tandis que je croyais, au contraire, devoir abandonner Geneviève. J’y pourrai verser ceci dans cela. » (6 février) À propos des jeunes élèves d’un « collège de prêtres » en promenade : « J’imagine quelle instruction l’on va pouvoir donner à ces cancres ; quelles graines faire germer sur ce terreau... » (8 février). « Méphisto fait le jeu de Goethe ; mais c’est Goethe qui tient les cartes et, pour jouer, il ne s’en remet pas à Méphisto » (11 février, 3 lignes biffées à la fin). À la suite de l’entrée concernant l’exécution de Van der Lubbe (incendiaire présumé du Reichstag) : « Cela ne fortifie-t-il pas tous les soupçons qu’on pût avoir et rien d’autre expliquerait-il l’énigmatique attitude de Van der Lubbe durant tout le cours du procès, sa prostration, son mutisme, ses regards abattus, et même cette salivation abondante […] qu’un empoisonnement lent par l’arsenic »… (21 février). Notes sur Racine et l’expression « À d’autres ! » (id.).
L’entrée concernant la rumeur de suicide (30 mars) se poursuit par un long développement inédit relatant sa discussion le soir avec Marc Allégret, au sujet de cette rumeur, de propos qu’on lui prête dans une pseudo-interview, et de fausses nouvelles dans les journaux, s’achevant ainsi : « J’ai bien assez d’ennemis dans la presse pour pouvoir être à peu près certain que l’on n’y donnera vent qu’à ce qui peut espérer de me nuire. » Son emploi du temps et itinéraire du 18 au 28 avril, de Cabris à Tende, Sermione, Vérone, Riva, Merano puis Zurich. Le 18 mai, réaction à un article sur lui dans L’Action française. Le 22 mai, à Cuverville, développement à propos d’une fleur de véronique ; puis longue entrée (p. 79-85) à propos d’un « embryon de dialogue » avec Paul Valéry, rapporté par les journaux, où Gide aurait déclaré : « Si l’on m’empêchait d’écrire, je tuerais », puis sur un article écrit pour soutenir Les Frères Karamazov montés par Copeau, ainsi conclue : « Ne me suis-je pas exposé au reproche d’avoir voulu “tomber” Balzac pour avoir simplement écrit que je lui préférais Dostoiewsky ? Et cela, je crois bien, par Thibaudet lui-même. Dans ces conditions mieux vaut se taire ; ou, du moins, ne pas donner sa prose aux journaux. » L’entrée « Mercredi 11 juillet. Karlsbad 22 heures » relate son voyage en train depuis Bâle, et les premières relations liées dans le train avec un « rabbin suédois » et « un couple de juifs russes-suédois »… Un autre relation du début du séjour à Karlsbad (13 juillet, puis le 17 juillet) n’a pas été retenue, non plus qu’une réaction à une lettre « antichrétienne » de Ruyters (14 juillet), puis une longue discussi
Partager