Lot n° 16
Sélection Bibliorare

Marcel PROUST — Du côté de chez Swann.

Estimation : 4000 - 5000 €
Adjudication : 12 500 €
Description
Paris, Bernard Grasset, 1913. In-12, maroquin gris janséniste, filet intérieur doré, doublure et gardes de moire bleu ciel, tranches dorées, étui bordé (Alix).Édition originale du premier tome de la Recherche, dont il n'a été tiré que 17 exemplaires en grand papier.
Proust, qui avait terminé d’écrire Du côté de chez Swann à l’automne 1912, l’a d’abord proposé à l’éditeur Fasquelle, recommandé par Gaston Calmette, le directeur du Figaro, mais une réponse tardant à venir, il le présenta à Gaston Gallimard, alors administrateur du comptoir d’éditions de la NRF. À la veille de Noël, toutefois, Proust reçut deux lettres de refus, de Fasquelle d’une part et de la NRF de l’autre. Proust prit alors contact avec Bernard Grasset, un nouvel éditeur qui venait d’obtenir les deux derniers prix Goncourt, auquel il proposa de publier Du côté de chez Swann à compte d’auteur, avec des conditions très favorables pour l'éditeur. Swann parut le 14 novembre 1913 et connut un succès d’estime. Dès lors, la NRF, en la personne d'André Gide – qui regrettait un refus dont il s'estimait « beaucoup responsable » – offrit à Proust de publier les tomes suivants d’À la recherche du temps perdu.
Exemplaire de premier tirage, avec l'achevé d’imprimer du 8 novembre 1913 au verso de la p. 523, la faute à Grasset sur le titre et sans table des matières. Il est bien complet du catalogue de l'éditeur. Comme toujours, la couverture est datée de 1913 et le titre de 1914.
Envoi autographe signé de Marcel Proust à André Arnyvelde, daté de cinq jours après la publication de l'ouvrage :
19 novembre 1913
À Monsieur Arnyvelde,
Souvenir de sympathie profonde et de gratitude après une heure passée ensemble
Marcel Proust
Journaliste et auteur dramatique, André David Lévy (1881-1942), André Arnyvelde de son nom de plume, réalisa un entretien avec Marcel Proust une dizaine de jours après la parution de Swann, entretien qu'il publia dans Le Miroir du 21 décembre 1913 sous le titre À propos d’un livre récent. L’Œuvre écrite dans la chambre close. Chez M. Marcel Proust.
Cet entretien a été publié par Philip Kolb dans les Textes retrouvés de Marcel Proust, avec une note citant le présent exemplaire et sa dédicace d'après un catalogue de librairie (éd. Gallimard, 1971, n°124, pp. 292-295, n. 3).
Le volume est, en outre, enrichi d'une très belle lettre inédite de Proust à André Arnyvelde relative à cet entretien :
Cher Monsieur,
J'ai lu avec un singulier intérêt le poème en prose que vous avez bien voulu écrire à propos de moi. Grâce à vous je me suis aperçu « dans le Miroir » ; je vous ai dit (vous même y avez fait allusion) que je ne m'y regardais jamais. Aussi ne me suis-je pas reconnu. Mais j'ai apprécié l'unité, la cohérence, l'harmonie, le mystère, la distinction, la vie, que vous avez su donner à la figure whistlerienne, voire un peu poëesque, de cet étranger, de ce malade, soudain surgi devant moi. [...]
Cette lettre autographe signée de 1913 (non datée) comprend 3 pp. in-8 repliées et montées sur onglets en tête du volume. Elle ne figure pas dans la Correspondance générale établie par Philip Kolb.
Mors un peu frottés, dos reteinté, légères traces blanchâtres sur les plats ; le feuillet de papier pelure comportant l'envoi, particulièrement fragile, a été monté sur onglet, comme souvent.
Partager