Lot n° 44
Sélection Bibliorare

Marcel PROUST — L.A.S., [4 ou 5 mai 1921], à Fernand VANDÉREM ; 4 pages in-8.

Estimation : 2500 - 3000 €
Adjudication : 8 750 €
Description
Très belle lettre évoquant la peinture de Vermeer.
[Proust réagit à un article de Vandérem (Revue de France, 15 mars 1921) critiquant Eugène Fromentin ; il mentionne, à propos de Vermeer, l’Exposition hollandaise au Musée du Jeu de Paume (avril-mai 1921), où étaient exposés trois tableaux de Vermeer, dont la fameuse Vue de Delft ; il s’y rendra avec Jean-Louis Vaudoyer vers le 24 mai, pour aller contempler le petit pan de mur jaune, et y sera pris d’un malaise, qui lui inspirera les pages de la mort de Bergotte.]
Il va essayer la cure conseillée par Vandérem, « en homme qui ne sait plus “à quel saint se vouer”. Je suis ravi de ce que vous dites de Fromentin pour lequel ma mince admiration (voire dédain dans Pastiches et Mélanges etc.) m’a fait honnir par Thibaudet. Vous êtes bien indulgent pour les charmants Maîtres d’Autrefois. Nous qui trouvons que Ste Beuve s’est trompé sur ses contemporains, que dirons-nous de Fromentin qui dans les Maîtres d’Autrefois cite à peine le nom et sans éloge, du plus grand peintre de tous les pays Ver Meer de Delft. Hélas si je pouvais une fois me lever et me traîner à l’Exposition hollandaise où il y a 3 toiles de lui, malheureusement celles que j’ai vues autrefois et que je sais par cœur (tandis que je ne connais ni celui de Dresde, ni les autres), mais enfin qui seraient peut’être capables de rendre la vigueur comme dit notre cher Baudelaire du vin, à un homme si ébloui par Vermeer que même 20 ans après l’avoir vu il ne pouvait s’empêcher de dire de Swann qu’il était en train “d’écrire une étude sur Vermeer” ».
Puis il dément avoir demandé un article à Vandérem : « Les critiques en font si cela leur fait plaisir, ou n’en font pas. Mais croyez bien que désormais sévérités ou silence même ne peuvent rien changer à mon amitié »…
Correspondance (Ph. Kolb), t. XX, p. 245.
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