Lot n° 16
Sélection Bibliorare

GAUGUIN (Paul). Lettre autographe signée « P. Gauguin » AU PEINTRE CAMILLE PISSARRO. [Paris], 9 …

Estimation : 4 000 - 5 000 EUR
Adjudication : 8 250 €
Description
GAUGUIN (Paul). Lettre autographe signée « P. Gauguin » AU PEINTRE CAMILLE PISSARRO. [Paris], 9 février 1883. 3 pp. 2/3 in-12, une petite tache. « Mon cher Pissarro... votre contrat a été très exagéré ; on vous a d'abord fait payer une prime de 1 f. 50 au lieu de 1 f., ce qui vous fait sur le tout 84 f. que vous payez de trop. En outre, la Préservative est une sale petite Cie qui serait incapable de vous payer si vous brûliez. Ce qui est fait peut, pour l'année suivante, être diminué pour les années suivantes. Voici en un mot ce que nous allons faire. 1° Attendre le mois de mai parce que si vous brûlez d'ici cette époque, il ne faudrait pas qu'ils aient matière à chicane. Au mois de mai, je vous ferai diminuer votre contrat de 280.000 à 15.000 f., ce qui vous fera une prime d'une vingtaine de francs. Quand vous viendrez à Paris, je vous expliquerai cela parce que par lettre il est difficile de comprendre. En tout cas vous pouvez dormir sur les deux oreilles ; vous n'aurez pas à payer 300 f. au mois de juin prochain. Mais une fois pour toutes, à tous ceux qui voudront vous tourmenter pour affaires d'assurances, répondez-leur que vous n'y entendez rien mais que vous avez un ami qui s'occupe de cela. Le moyen de se débarrasser des gens d'affaires, c'est de leur répondre que vous avez déjà un homme d'affaires. Je viens d'avoir bien des ennuis, mon beau-frère TAULOW vient de divorcer [le peintre norvégien Frits Thaulow avait épousé en premières noces Ingeborg Gad, sœur de la femme de Paul Gauguin] et j'ai été obligé de m'occuper de tout cela et je suis encore au milieu de tous ces tiraillements. Malgré cela, j'ai du travail sur la planche pour un bout de temps. J'AI POUR DIMANCHE EN HUIT UN PETIT PORTRAIT A FAIRE (UNE ESQUISSE, BIEN ENTENDU) D'UNE PETITE FILLE EN COSTUME ESPAGNOL NOIR ET ROSE EN SATIN : UN VRAI JEU DE COULEURS. Le mardi gras, comme je sortais du bureau à 2 heures, J'AI ETE FAIRE UN PETIT TOUR DU COTE DE MONTMARTRE ET J'AI VU CHEZ LUI MANET. Chose curieuse, il a cru comprendre à votre dernier voyage chez lui, que vous et moi étions en froid. Je l'ai assuré du contraire, quant à moi du moins, mes opinions comme mes sentiments n'ayant pas changé à votre égard. Bien des choses à madame Pissarro... Je garde votre contrat, je vous le remettrai en mains quand vous viendrez. » Paul Gauguin, qui connaissait Camille Pissarro depuis longtemps et peignait parfois avec lui, venait de se décider à se consacrer pleinement à la peinture. Il abandonnait ainsi son ancien métier de courtier en bourse (en raison de son amour de l'art mais aussi des conséquences du krach de 1882), mais son expérience en matière financière lui permettait de conseiller ses amis, comme ici Camille Pissarro.
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