Lot n° 114
Sélection Bibliorare

MESSIAEN (Olivier) — 2 cahiers autographes, dont le premier avec ENVIRON 40 PP. DE NOTATIONS MUSICALES.

Estimation : 3000 - 4000 €
Adjudication : 3 750 €
Description
Âgé de 18 ans, Olivier Messiaen était alors étudiant au Conservatoire de Paris, où il était entré en 1919 à l'âge de 11 ans et d'où il sortirait en 1930, auréolé de plusieurs prix.

– NOTES POUR SES ETUDES D'HARMONIE ET SES COMPOSITIONS PERSONNELLES. [Vers 1926]. Environ 70 pp. in-4 au crayon (sauf quelques lignes à l'encre) dans un cahier d'écolier à dos de percaline et plats de carton rouge semi-rigide.
Olivier Messiaen y a consigné des principes de composition, des programmes de travail (lecture de musique, etc.), un témoignage de ses recherches sur les techniques d'autres compositeurs (la rythmique de Debussy et de Stravinski, les « formules à la Bach », etc.), ou encore une liste d'œuvres notables ou à étudier : « Partition : Saint-Saëns, Les Barbares. 4 mains : Schmitt : Salomé, Humoresque. Saint-Saëns, 3e symphonie, Dukas, L'Apprenti sorcier. Morceaux : Massenet, Amours bénis / mélodie réduite pour piano seul. Franck : Psyché, 1ère partie, Le Sommeil de Psyché, Les Éolides, 2e Fantaisie pour orgue. Orchestre : Fauré, Quatuor à cordes op. 121. Mozart : quatuors ».
Il a noté les projets de compositions qui lui venaient successivement, souvent détaillés, plusieurs avec esquisses musicales et la plupart avec commentaires personnels : une sonatine, un hymne du Saint-Sacrement, un morceau pour la Communion du Jeudi Saint, un thème pour variations pour piano sur un texte de Shakespeare (« Les sept âges de la vie », extrait de la pièce Comme il vous plaira), une « Impression de cinéma », un « Raccourci de vie et de mort » (prévu comme pièce pour piano puis comme « 6 esquisses pour orchestre »), un « Prélude à l'Ascension », une pièce intitulée « Sur les ailes du vent », un morceau d'orgue sur la Trinité, ou encore un « traité d'harmonie doctrinal », « un "Alleluia" pour orchestre ». Les formules varient : « faire pour les préludes à l'Ascension une toccata (après monodie et avant montée) pour orchestre (forme et genre toccata d'orgue avec choral aux trombones seuls puis à tous les cuivres) ». – « Me servir de la superposition de 2 rythmes caractéristiques de Debussy et de Strawinsky » (avec muisuqe notée). – « Créer un style musical et poétique où la sombre volupté de l'amour humain et la calme pureté de l'amour divin seront en perpétuel combat ». – « Faire opéra en un acte à 2 personnages : le jeune homme et la jeune fille dont j'écrirai le poème (style Yeats romantique), accompagnement : 4 pianos pp style mélangé théâtre balinais et Tristan. 4 ou 5 fois un solo de violon (toujours le même) qui commencera et terminera la pièce et sera suffisamment frappant et répété pour que les spectateurs puissent le chanter à la sortie... ». – « Faire une suite de morceaux d'orgue (au moins 12 ou 15) commentant la prière sacerdotale (St-Jean) ». – « Faire un opéra en un acte sur l'histoire de ma vie. Faire le poème moi-même. Construction à la Mozart... »

– JOURNAL DE DEUIL A LA MORT DE SA MERE, ET PRIERES IN MEMORIAM. Août 1927 et s.d. Une vingtaine de pp. in-4 à l'encre dans un cahier de musique interfolié à dos de percaline et plats de carton bleu semi-rigide.
La poétesse Cécile Sauvage, mère d'Olivier Messiaen, mourut de la tuberculose en 1927, et le compositeur lui rend ici un hommage où la tendresse et le deuil se mêlent dans des souvenirs d'une intimité heureuse sous le signe d'une profonde piété.
Le compositeur mit en musique plusieurs poèmes de sa mère, dont un dans la suite Trois mélodies (publiée en 1930).
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