Hésiode en comptait 9, Hegel ne dépassa pas 5. On parle des fameuses muses qui sont censées
inspirer chaque forme d'art. Chez les Grecs la poésie côtoyait la musique qui, elle-même,
se mêlait au chant et les 9 muses pouvaient tour à tour inspirer qui elles voulaient.J e suis du
côté d'Hésiode et j e pense qu'auj ourd'hui il en compterait davantage.J ean Cocteau avait pris
soin de tout classer sous le vocable poésie, poésie de roman, poésie de cinéma etc. Pourquoi
Paul Valéry ne l'aurait-il pas fait sous celui de poésie de mathématiques ? Qu'y a-t-il de
commun entre Rutebeuf, Gabriel Du Bois-Hus et Bob Dylan qui vient de se voir, à juste titre,
décerner le prix Nobel de littérature ?
La musique, comme la poésie, est de plus en plus multiple. Là encore, on peut se demander
ce qui relieAdam de la Halle à Schönberg et àJ ohn
Cage.Audelà de Cage, il existe une
musique qui n’est peut être écoutée que par une partie du monde, mais qui l’est.
Auj ourd’hui la poésie et la musique s’in�ltrent partout et il faut les accueillir sans la moindre
discrimination.J e n’ai j amais pu vivre sans elles et j e plains ceux qui y parviennent.
Pierre Bergé
Jean Cocteau et Pierre Bergé. Photo © Édouard Dermit