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296.
Kees Van DongEn
. 6 L.A.S. « Kiki »,
Monza
,
Milan
puis
Paris
mai-juillet 1925, à Jasmy v
an
d
onGen
à Paris, puis à Château-l’Évêque
(Dordogne) et Bordeaux ; 5 pages in-4 et 6 pages in-8, plusieurs à en-tête
et une avec petite vignette aux chevaux, 4 enveloppes.
5.000/6.000
Les premiers courriers sont écrits depuis l’Italie : Monza, où certains de
ses tableaux sont exposés à l’occasion de la Biennale des Arts Décoratifs, puis
Milan. Une lettre est ornée d’un
double
dessIn
à la plume.
[Monza]
Jeudi 30 [avril]
, en-tête de la
II
a
Mostra Internazionale delle Arte Decorative.
Il est bien arrivé à la Villa Reale de Monza, « un vaste couvent sonnant le creux »… L’exposition
n’ouvrira que le 10 mai. Sa salle est prête mais ses œuvres ne sont pas encore arrivées. « Monza serait bien
si tu y étais pour faire remuer tout cela et y dépenser beaucoup de lires pour l’arranger »…
Milan vendredi [1
er
mai]
. Il attend ses caisses qui sont à la douane… Il s’est promené dans Milan : « Ils en font un potin
les italianos si tu les entendais gueuler les journaux dans la rue tu t’amuserais et tu gueulerais comme eux »… Il a failli lui acheter
des poussins pour le Louvard mais ne peut les garder à l’hôtel. L’exposition ouvrira plus tard que prévu, le 14. Il rentrera à Paris
dès qu’il aura accroché ses peintures : « je suis sage je suis comme un commis-voyageur sans bagout. Je vais voir de la peinture
faut-il que je sois désœuvré »…
Milan Samedi 2 mai.
Il s’ennuie et le temps est à la pluie : « Il n’y a rien à faire ici et comme à Venise il doit faire aussi mauvais
qu’ici je reviens vivement à Paname »… Il n’a croisé aucune connaissance. « Il n’y a du reste pas une seule poule baisable ici tu peux
donc compter sur ma fidélité. Ensuite la vie est chère et sans charme »…
[Paris] mardi matin [juillet ?]
. Il doit se faire photographier dans son costume de plage pour une revue : « C’est quelque fois
ennuyeux d’être beau et élégant mais enfin – noblesse oblige. Rien de neuf ici il pleut comme vache qui pisse je m’installe dans
mes vacances, mais suis obligé de travailler quand même, tandis qu’il y a des gens qui jouent aux châtelains. C’est dégoutant »…
Ce mercredi
[9 juillet]
. « Tu dois bien t’amuser. Quant à ton écureuil il tourne en rond il tourne en bourique car il pensait
avoir quelques beaux jours de belles vacances et il a dû mettre son petit chandail tellement il fait froid et pluvieux. Il est toujours
enrhumé et se soigne au porto. […] J’ai commencé un portrait de n
azImova
. Encore un chef d’œuvre je ne sais pas ce que j’ai mais
je ne fais rien de médiocre tout ce que je fais est épatant »… Il aurait aimé la rejoindre à Château-l’Évêque, en Dordogne, « mais
c’est très difficile pour moi » ; il doit gérer ses affaires…
Il a eu sa première séance de pose très amusante avec
Nazimova : « Elle est maquillée comme pour le cinéma et
toute différente qu’en civil »… Il termine la lettre avec un
dessIn
[rectangle blanc avec une petite pipe] : « Voici un
dessin de moi dans mon lit. Si tu ne vois rien c’est qu’il
y a plein de fumée dans la chambre »… La dernière page
est toute remplie par
deux
dessIns
à l’encre bleue : dans
la partie supérieure
Château-l’Évêque
, un beau château
fleuri ; dans le bas, «
Paris
», une foule de parapluies sous
les nuages et la pluie.
Dimanche
[12 juillet]
(au dos d’une lettre de Mme J.
Réquin qui veut organiser chez les Van Dongen un bal
pour une fête de charité). Jasmy est à Bordeaux, il espère
qu’elle y a beau temps… « Les bals musettes s’installent
aux carrefours et le peuple danse. Je travaille. On m’a
demandé quand le R
embrand
t sera terminé et on m’a
envoyé les dessins de
Venise porte des eaux
à colorier [Paul
Leclère,
Venise seuil des eaux
, La Cité des Livres, 1925].
J’aimerais mieux être avec toi mais il faut que je travaille
car on va augmenter le prix du gaz et de l’eau et comme tu
aimes barbotter dans l’eau chaude il faut que je tache de
gagner beaucoup d’argent pour payer tout ce luxe inutile.
[…] Ne te laisse pas conter fleurettes par les bordelais et
ne vas pas au bordel. […] je t’ambrasse où tu veux et même
où tu ne veux pas »… On joint une coupure de presse
relatant « Le dernier lundi de Van Dongen ».