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298.
Kees Van DongEn
. 11 L.A.S. « Kiki »,
Paris
décembre-
janvier 1926, à « Madame v
an
d
onGen
» à Beaulieu sur mer,
Cannes puis Grasse ; 9 pages in-4 à son adresse
5, rue Juliette
Lamber
, et 11 pages in-8, enveloppes (une lettre fendue et
réparée).
5.000/7.000
Ce mardi [29 décembre].
« Je suis seul et il pleut. Et il pleut sur
mon cœur comme il pleut sur la ville »… Il a reçu la lettre d’un
monsieur qui « renonce à l’achat de ce beau tableau de tulipes
pour
des raisons fiscales
!!! […] J’ai retrouvé Tobby au petit restaurant des chauffeurs
et je suis triste, triste, saoul de tristesse. Je t’adore et je pleurs »…
Dimanche 3 janvier
(au dos d’une lettre de vœux de Louise p
erret
à Jasmy). « J’ai beaucoup à
travailler et ne sais pas encore si j’irai dans le midi. […] Puis j’ai à peindre des fleurs qu’on t’a envoyé puis les
bonbons à manger. Je ne me suis pas consolé mais je suis triste non pas parce que tu es partie courir le soleil mais de la
façon dont tu es partie fachée
injustement
. Enfin assez dit de conneries. Amuses toi. À moi les corvées »…
Ce mardi soir [5 janvier 1926]
(écrite au dos d’une lettre de vœux du comte Raoul de G
ontaut
-b
Iron
à Jasmy). « Mais non je
ne viens pas à Cannes. Si j’avais eu l’intention de venir je serais parti avec toi, mais tu n’es pas assez gentille avec moi. Tu quittes
le navire à la moindre bise tu te réfugies sur une côte ensoleillée et de là tu fais signe au capitaine. Ce métier de sirène te va bien
mais je suis un vieux marin et je ne quitte pas mon bord pour laisser mon bateau s’en aller tout seul au gré des vents »… Il travaille
à ses portraits et a peint les fleurs qu’on a envoyées à Jasmy pour le jour de l’An… Il a joint une coupure de presse sur sa légion
d’honneur.
Ce samedi [9 janvier]
(au dos d’une lettre de vœux à Jasmy par « Henriette »). Il a reçu un coup de téléphone de tante Lénine
« très exité qui voulait te voir je l’ai invité à venir me raconter ses aventures mais comme tu n’es pas là je ne l’ai plus revu »… Il
n’ose plus rien écrire « puisque mes lettres sont considérées comme filles publiques et lues par tout le monde »…
Mercredi soir [13 janvier]
. « Ma Tunisienne. Il me semble que je t’avais répondu au sujet de Tunis la Grande et que j’avais dit
que c’est pas le moment qu’il faut que je travaille et toutes
sortes d’autres mauvaises raisons mais la principale est que
je suis homme d’intérieur (trop pour toi dis-tu ce qui n’est
guère aimable) et puis ça coûte cher. […] si tu étais en ce
moment à Paris tu viendrais dormir avec moi sur mon grabat
dans mon cagibis et si c’était par amour ce serait pour avoir
chaud car ce temps me rappelle le temps où tu pleurais de
froid dans ton alcove fermé et où je te berçais avec de douces
paroles d’espoir en te disant que demain il y aura de fleurs
aux arbres et tu te rappelles que c’était vrai. Tu vois comme
je suis gentil […] Tout ce que tu fais m’intéresse parce que
cela se rapporte à moi quand même. Je vais bien mais je ne
m’amuse pas »… Jointe une lettre de Sarah Charley Drouilly
à Jasmy.
Jeudi soir [14 janvier]
. Il est surpris d’apprendre qu’elle
est à Cannes : « Qu’est ce qui se passe ? Tu ne t’es pas fâchée
avec Jeanne j’espère. [...] Écris moi un peu plus et un peu
plus gentiment car je ne m’amuse pas beaucoup ici je ne
peux pas lâcher tout surtout dans des moments difficiles.
[…] Je travaille à mes portraits, ça n’est pas toujours drôle
et je travaille aussi à ce sacré r
embrandt
. On m’a demandé
de nouveau quand je leur donnerai la copie. […] Moi je
t’aime toujours tu sais comme je suis tenace – à en être
insupportable »…
Ce dimanche
[17 janvier]
(au dos d’une lettre à Jasmy par
une employée de la maison de couture Jenny). « Ici il fait un
temps de chien. Toby et moi nous nous regardons. Zezette