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[sa voiture] est au repos tu comprends qu’avec ce temps-là je ne la sort pas j’en ai du reste pas besoin pour aller jusqu’au petit bistro.
Je lui ai prêté ma vieille pèlerine pour qu’elle n’ait pas froid à son moteur. […] il paraît qu’il neige partout même en Afrique donc
on est aussi bien à Paris. Je travaille à ce bouquin sur Rembrandt et veux en finir »…
19 janvier
. Il la prie de ne pas dépenser trop d’argent : « Je viens de recevoir un avertissement du percepteur j’ai encore plus
de dix mille francs de contributions de
rabiot à payer
alors tu penses comme je suis disposé à dépenser ma pauvre galette en
voyages pour voir la statue d’Edouard VII et la silhouette de Cornuché. Et tu continues à faire la Sirène et à m’appeler de loin et
tu oublies que de près tu ne veux pas me voir ou tu ne vois que mes défauts »… à propos de sa décoration récente : « Ce truc de
la légion d’honneur fait beaucoup de foin je reçois des tas de cartes de félicitations – même d’inconnus – si je pensais augmenter
le prix de mes marchandises grâce à cette croix ça serait pas mal mais les affaires sont tout à fait calmes »… On joint une lettre de
Pierre B
orel
(20 janvier), au sujet d’une maison à vendre près de Nice ; Van Dongen ajoute : « Léo, va voir cette maison. Demande
le prix etc à Mr Borel. C’est peut-être quelque chose pour Jeanne »…
Lundi [25 janvier]
. « Ma petite chérie je ne suis pas mécontent de constater pour la tantième fois que de nous deux c’est toi
le chameau la vache le cochon l’être insupportable et sur lequel on ne peut pas compter. Souvent femme varie – au fond on n’est
nulle part mieux que près de moi mais il ne faut surtout pas le faire voir. Enfin tout est bien qui finit bien mais tu aurais aussi
bien pu être enrhumée à Paris que là-bas et tout de même tu as tort [...] de t’absenter trop souvent car je finirai par prendre des
allures d’indépendance et de vouloir sortir et rentrer comme bien me semble et tu te plaindrais en disant –
il n’y a plus d’enfants
 »…
26 janvier
. Il cite la dépêche reçue pour sa fête : « Comme c’est bien le progrès ces tendresses par dépêches et qui n’engagent à
rien – qu’ils soient signés Léo ou le Juif errant – c’est du reste un peu la même chose. Enfin encore une
fête
à
fêter
dans une espèce
de solitude ». Il va dîner chez Fleming J
ones
, « une belle fille »… Il vient de payer une facture d’électricité : « tout augmente sauf
les rentrées »… Il attend son retour lundi …
Ce jeudi [28 janvier]
. « Comme les voyages forment la jeunesse et que tu as pas mal voyagé ces jours ci, ces temps-ci, j’espère
que tu en as assez pour un bon bout de temps – et tu voudras enfin me repriser la montagne de chaussettes qui t’attendent dans
leur pureté blanche mais ternies. Et que ça t’amusera de rester un peu avec moi – je n’y compte pas trop. En tout cas si ce voyage
t’a fait du bien c’est bien pour moi aussi car il y a un proverbe que je ne sais pas traduire en français mais qui est en arabe à peu
près ceci, soigne bien ton petit cochon, car tu retrouveras tous tes soins plus tard quand tu le tueras pour le manger – Amen »…