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164*.
Albert SCHWEITZER
. 2 L.A.S., septembre-décembre 1959, à la Doctoresse Margrieta
van der
K
reek
 ; 2 pages in-4
(au crayon), et 1 page obl. in-8 (papier pelure, traces de scotch) ; en allemand.
600/800
Sur l’autoroute de Francfort à Cassel 24 septembre 1959
. Il lui écrit pour son anniversaire dans la voiture d’Erika, qui file à
plus de 100 km/h. Qu’il serait heureux d’être à Lambaréné pour lui faire un discours et une petite fête tranquille. Il est fasciné
et plus content que jamais qu’elle ait trouvé la voie de la piété et de l’introspection, et qu’il ait pu en partager l’expérience avec
elle… Dans trois jours ils iront de Gunsbach à Copenhague, où il recevra un prix de l’Université. Ensuite à Malmö pour revoir
Bengt A
ndreas
et d’autres amis suédois, à Münster (Westphalie) où le professeur M
ai
le présentera à la faculté, à Dortmund et
au sud pour visiter des universités, dont celle de Tübingen, où il est parent d’un théologien. Puis vers le 12 octobre, Gunsbach
et Strasbourg, et en novembre, Paris et Bruxelles… Du temps où il habitait Strasbourg, et qu’il faisait l’aller-retour de Paris pour
des concerts et répétitions, il prit l’habitude d’écrire dans le train, et maintenant qu’il passe ses journées dans la voiture, il tâche
de faire pareil. Cependant il a beaucoup de retard dans sa correspondance, et à Gunsbach, où il avait des visiteurs du matin au soir
souvent il ne terminait que deux lettres dans la journée ! Cela le rendait très nerveux…
Bordeaux 7 décembre 1959
. Il lui écrit de l’hôtel, mal éclairé et très fatigué : sa main et ses yeux ne veulent plus fonctionner. Le
voyage était agréable, mais pour lui, qui devait constamment préparer et prononcer des discours, très fatigant. Il ne peut pas encore
récupérer ; la fatigue le paralyse… Sa lettre l’a profondément ému. Elle sait combien il estime F
riedman
, et il va tout arranger pour
qu’il ait un bon congé. Bien entendu qu’il leur reviendra, il leur appartient, mais il faut qu’il garde présent à l’esprit qu’il ne doit
jamais perdre son sang-froid face aux patients et aux Noirs en général. L’hôpital pourrait être poursuivi en justice à cause d’un
incident de ce genre, et cela créerait une situation difficile pour Schweitzer. Qu’elle l’aide donc à faire en sorte qu’il ne perde pas
le contrôle à nouveau… Mais que ceci reste entre eux…
165*.
Albert SCHWEITZER
. L.A.S.,
Lambaréné-Gabon
29 mars 1963, à M. et Mme Guy B
arthélémy
 ; 1 page obl. in-8
(papier pelure), cachet encre
Hôpital du Docteur Schweitzer
.
250/300
« Vous serez les bienvenus quand vous viendrez chez nous. Je ne vous conseille pas d’amener le bébé. J’aimerais bien le
baptiser. Mais c’est risqué de lui faire faire le voyage ». Il envoie ses « bons vœux pour 1964 ».
166.
Eugène SCRIBE
(1791-1861) auteur dramatique. L.A.S., Paris 28 mars 1860, à une dame ; 3 pages et quart in-8.
100/150
J
olie
lettre
. Il est très flatté par le charmant feuilleton qu’elle a daigné lui écrire sur ses représentations théâtrales. « Me dire
à moi-même, que bien loin d’ici, il y a un pays que je n’ai jamais vu, et où cependant, de jeunes et d’aimables dames prononcent
mon nom, s’occupent de moi ou du moins de mes pensées ; me dire, qu’elles daignent les étudier, les traduire, les embellir, c’est
me dire que je ne suis pas un étranger pour elles, et de là à me croire un ami, il n’y a qu’un pas pour une imagination de poète »…
Il rêve d’assister à une de ses représentations, quoiqu’il ne puisse se faire une idée de ses « comédiens ordinaires » ; « mais vous,
madame, il me semble que je vous connais déjà, rien que par votre écriture… Il me semble alors que vous devez être charmante,
fine, élégante et distinguée ; et puis vous portez un nom qui m’est cher, celui d’une de mes premières héroïnes,
Valérie
, un nom
que j’aurais aimé à donner à ma fille, si le Ciel m’en avait accordé une »…
167.
SÉVERINE
(1855-1929) femme de lettres et révolutionnaire, amie de J. Vallès. M
anuscrit
autographe signé,
Revanche
, [1922]
; 7 pages petit in-4 à l’encre bleue avec ratures et corrections.
300/400
S
ur
la
grève
de
la métallurgie
au
H
avre
en
1922. Elle dénonce tout d’abord le « premier essai de représailles » des maîtres
métallurgistes pour prendre leur revanche sur les ouvriers, après avoir couvé le « ressentiment de la peur »… Elle revient sur « les
origines de cette grève du Havre et son caractère exclusivement professionnel. C’est la meilleure réponse […] aux interprétations
erronées des ignorants, aux calomnies éhontées des politiciens. C’est sur la question du salaire et pour le salaire uniquement, que
les ouvriers ont quitté l’établi, usé de l’unique moyen que la loi reconnaisse au travailleur »… Elle explique comment, pendant
la guerre, alors que l’industrie militaire avait si désespérément besoin de fondeurs, on a consenti à augmenter les ouvriers qui
s’étaient révoltés dans toute la France et menaçaient de tout arrêter, et comment on les envoya ensuite au Front pour les punir :
« Seulement, jamais, depuis l’exception arrachée par la nécessité, le fort salaire donné à contre cœur, et l’humiliation patronale,
n’ont été pardonnés aux métallurgistes. Les événements du Havre n’ont fait que trahir une longue rancune, et démontrer quel
abîme sépare désormais le producteur de l’exploitant qu’il enrichit ». O
n
joint
3 cartes de visite (vierges), et l’épreuve d’un article
(
Zut !
). Plus un mandat d’arrêt contre le notaire Costard à Caen accusé de faux, avec portrait (1888).
168.
Carlo, comte SFORZA
(1872-1952) diplomate et homme politique italien. L.S. avec 7 lignes autographes, Rome
17 mars 1947, à Édouard H
erriot
 ; 1 page in-fol. à en-tête
Il Ministro degli Affari Esteri
.
100/150
Il est revenu aux Affaires étrangères et veut « rétablir les liens d’avant l’horrible aventure fasciste entre nos deux pays. […] le
danger de demain n’est ni un danger soviétique ni autre, mais un seul : l’Allemagne inguérissable. […] il s’agit de la vie ou de la
mort de la latinité »… Il appelle Herriot à préparer le terrain de cette entente…