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demander « de travailler en collaboration
égale
[…] ce sont deux hommes de grande valeur, les seuls qui comprennent le costume et
la parure et dont la collaboration vous ferait une chose
unique
 ». Il faut qu’elle lui fasse confiance : « Vous pouvez dans la Péri être
paré comme on ne l’a jamais été »…
[6 mars]
. Il a vu P
oiret
qui a été très gentil : « Il ne pouvait, je vous l’avais dit, étant créateur
au
même
titre que moi, je le répète car j’ai une grande admiration pour ce qu’il fait, se mettre à ma remorque comme exécutant
des dessins d’un autre artiste ». Mais Poiret a une grande admiration pour elle et se met à sa disposition « pour vous donner tous
les renseignements ou aides dont vous aurez besoin à titre purement amical ». R
ivaud
lui soumettra des échantillons, mais il ne
veut pas qu’une exécution trop rapide trahisse ses dessins et l’empêche de signer sa collaboration à la
Péri
[8 mars]
. Il a envoyé
ses dessins pour le programme, et la rassure sur les délais : ils seront prêts ; mais que C
lustine
ne décommande pas les essayages
au dernier moment : « ces contretemps dérangent mon travail »… – Rendez-vous « pour essayer vos costumes
finis
. Le manteau est
très réussi. Je ne veux rien vous souhaiter puisqu’on ne doit jamais le faire mais je suis sûr que vous aurez un triomphe. C’est
très
beau
et vous allez être récompensée »… – Il proteste énergiquement sur le changement d’ordre du programme et le déplacement
de
La Péri 
: « C’est votre
meilleur
rôle : ne vous laissez pas saboter en faisant l’ascension au milieu de banquettes qui se lèvent.
C’est une erreur absolue : vous devez à D
ukas
qui a fait une si belle œuvre de lui laisser sa place »… –
[5 mai]
. Il souhaite que les
photos de
la Péri
soient faites par D
ruet
, le galeriste et photographe : « c’est le
seul
qui fasse de belles photos à Paris ». On a tort
d’éreinter
Hélène de Sparte
[de Verhaeren] : « Je vous abandonne entièrement votre amie R
ubinstein
. Elle a quelquefois de belles
attitudes mais son accent est à mourir de rire C’est lamentable quand elle ouvre la bouche ; mais le 1
er
et le 3
e
acte de B
akst
sont
des choses de premier ordre que j’applaudis avec joie »… – D’autres lettres concernent des photographies ou des séances de peinture
dans les costumes de
la Péri
… –
[1913 ?]
. Il refuse vigoureusement toute collaboration avec P
aquereau
 : « J’ai trop de respect pour
mon gosier pour consentir à ce breuvage infect ». D
esvallières
a refusé par politesse, « mais moi je vous assure franchement que
c’est comme si vous demandiez à Dukas d’ajouter un petit solo de flûte à la
Roma
de Massenet. Vous avez tort de vous servir de
mon rideau qui a été fait pour une grande scène et dont toutes les proportions vont être changées »…
Reproduction page 77
224.
Maurice RAVEL
(1875-1937). L.A.S., 5 février 1912, à Mlle Natalia T
rouhanowa
 ; 1 page in-8, enveloppe. 300/400
« Je vous remercie de votre aimable invitation et vous prie de compter sur moi demain Mardi »…
225.
Maurice RAVEL
. L.A.S., [21 avril 1912, à Mlle Natalia T
rouhanowa
] ; 6 pages in-8 (lég. effrang. au dernier feuillet).
1.500/2.000
T
rès
belle
lettre de colère avant
la création de
son
ballet
A
délaïde ou
le
L
angage des
fleurs
. [Ravel, à la demande de Natalia
Trouhanowa qui organisait des « concerts de danse », a conçu une version chorégraphique de ses
Valses nobles et sentimentales
sous
le titre
Adélaïde ou le Langage des fleurs
, sur un argument de Ravel lui-même, et une chorégraphie d’Ivan Clustine, le maître de
ballet de l’Opéra ; Trouhanowa dansait le rôle d’Adélaïde, aux côtés de Bekefi (Lorédan) et Vandeleer (le Duc), dans des décor et
costumes de Drésa. La création eut lieu au Châtelet le 22 avril 1912, sous la direction de Ravel, qui partageait l’affiche avec Istar
de V. d’Indy,
La Péri
de P. Dukas, et
La Tragédie de Salomé
de Fl. Schmitt].
…« Attention ! ce n’est pas une lettre
à la russe
, comme vous diriez. Je suis furieux […] : sachant que la répétition d’hier était
“de travail”, je n’avais fait inviter que 6 personnes, dont ma mère. Quand je suis arrivé à mon pupitre, je me suis trouvé devant
un public de
générale
. Je l’ai trouvé mauvaise, et c’est pour cela que j’ai affecté de faire travailler ». Puis il a cru à une erreur en
recevant ses invitations : « Pas de
générale
, 4 places pour la 1
re
alors que j’occupe, comme auteur et compositeur, le quart de la
soirée (à l’Opéra-Comique, j’en avais une quinzaine pour la générale, la 1
re
et la 2
de
, et je n’avais droit qu’à un 1/6
e
). Mais je me suis
incliné, devant l’assurance qui m’a été donnée, que tout était loué. Or, j’ai appris hier, par tout le monde, que c’était une véritable
première
, et qu’une grande partie de la salle serait remplie par des invités, comme d’habitude. Vous voyez d’ici ma fureur. J’aurais
voulu l’exprimer comme B
ekefy
, par bonds de 3 mètres. J’exige un dédommagement ou je
sabotte
la 1
re
, en dirigeant tout le temps
à 5 temps ». Il exige que l’on envoie sans faute pour la première une place à Ricciotto C
anudo
qui doit faire un compte-rendu pour
un journal important de New-York, 3 places à Cipa G
odebski
, et 2 places à F
ranc
-N
ohain
. Et il ajoute : « je n’ai rien dit hier ; vous
étiez, nous étions tous trop énervés. Mais vraiment… ça ne va pas du tout. […] Il n’y en a vraiment qu’un dont je sois satisfait : c’est
C
lustine
. Les ensembles sont très jolis, et commencent à bien marcher. Mais le reste n’est pas réglé du tout. […] Enfin, demain,
on va travailler. Mon ami Louis A
ubert
, le compositeur, qui a donné au piano la 1
re
audition des
Valses
… a bien voulu me rendre
le très grand service de servir de tapeur demain matin. Comme cela, on pourra faire de la bonne ouvrage. […] Armez-vous de
patience : vous allez voir ce que je puis être assommant pendant une répétition »… Il conclut : « J’aurais bien voulu inclure en ce
pneu quelques fleurs. Mais, étant donné le ton de la lettre, un paquet d’orties seul aurait pu faire l’affaire ».
226.
Henri de RÉGNIER
(1864-1936). 3 L.A.S., 1909 et s.d., à Mlle Natalia T
rouhanowa
 ; 3 pages in-12, 2 adresses.
100/120
Mars 1909
. Il n’a pu assister, à son grand regret, à sa représentation au Théâtre Michel, et il espère qu’une occasion se
présentera où rien ne le privera « du plaisir de vous admirer »… – C’est avec plaisir qu’il assistera à un de ses concerts. « Quant à la
comédie dont vous me parlez, je sais trop peu d’italien pour pouvoir entreprendre une traduction de cette langue »…
Lundi
. Il n’est
pas libre ce soir, mais demande deux places « pour
demain 23
, je serai heureux d’aller vous applaudir »…