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fondre la neige dès qu’il perce les nuages gris. Mon cœur ne peut vibrer et sentir qu’autant qu’il retrouve un écho dans un autre »…
Etc. – « Exquise adorée. Est-ce parce que vous m’avez fait attendre, est-ce parce que vous allez cueillir deux triomphes du bout de
vos pieds agiles et intelligents, est-ce parce que vous allez voler vers la Côte d’azur, est-ce pour une raison connue seule du dieu
de la beauté et de l’amour, mais vous étiez hier soir plus délicieuse, plus câline et plus douce que de coutume.[…] Votre peau est
si fine, si fine, qu’elle laisse passer à travers ses pores toute votre intelligence ». Il la compare à une poire exquise et savoureuse,
et au raisin chasselas du roi Henri : « Je ne suis pas le roi de France, je voudrais être seulement le roitelet de votre cœur, car vous
seriez mon chasselas doré et vermeil »… Etc. Les poèmes sont deux acrostiches sur le prénom et le nom de la danseuse : «
N
’es tu
pas la plus belle des belles […]
T
es dents sont des perles fines »…
Reproduction page 73
234.
André ROUVEYRE
(1879-1962) écrivain et dessinateur. 3 L.A.S., 1912-1919, [à Natalia T
rouhanowa
] ; 6 pages
in-8.
200/250
1
er
mai 1912
. Il aurait aimé assister à « l’une des répétitions des danses que vous venez de faire acclamer. J’aurais été heureux en
effet d’en fixer quelques croquis »…
1
er
mai [juin ?] 1912
. Il part à Avon-Fontainebleau pour l’été, et évoque un fait peu important
« auprès de ce que vous êtes, un de ces rares êtres, au génie naturel, dont chaque geste reflète une étincelle ». Il espère avoir bientôt la
joie de la rencontrer, car « on dit que vous êtes une personne d’esprit et de manière si simplement & naturellement rayonnants. A vrai
dire, il suffit de vous voir danser pour, en même temps que goûter le ravissement de votre Art, connaître, presque, l’esprit plein de
grâce qui l’anime »…
Barbizon 17 juillet 1919
. Il a été « sur le point de trépasser cet hiver après
10 mois de lit !
 », et doit encore se reposer.
Il a appris son mariage, et forme des vœux de bonheur. Quant aux chiens, « il ne faut pas écouter Maurice Boissard [Paul L
éautaud
]. Il
est trop radical avec son “baquet”. Quel malheur que vous ne le connaissiez pas ! C’est un admirable garçon, comme caractère, comme
netteté d’esprit, finesse, bon sens – mais sauvage ! mais délicieux pour
nous autres
 ». Quant à l’élimination des chiens à la naissance,
encouragée par Boissard : « oui, malheureusement en principe et en général, la destruction partielle est un bon usage étant donné le
précaire de la vie des animaux mais faut-il comme le prétend Boissard n’en épargner aucun ? »…
235.
Camille SAINT-SAËNS
(1835-1921). 4 L.A.S., 1910-1912, à Mlle Natalia T
rouhanowa
 ; 7 pages in-8, une adresse.
500/700
13 juillet 1910
. Il cherche à la convaincre de renoncer à adapter sa
Danse Macabre
en ballet, mais il en existe une de L
iszt
qui
s’y prêterait admirablement, même s’il s’agit « d’un morceau pour piano et orchestre ; mais ce serait une originalité de plus, et il
ne manque pas actuellement de jeunes virtuoses capables d’affronter cette aventure. Ce morceau est une suite de variations sur
le thème du Dies iræ, qui reproduisent musicalement les divers tableaux de la Danse Macabre d’H
olbein
[…] Quant à
ma
Danse
Macabre, je désire qu’on la laisse simple morceau de concert, telle qu’elle est, et qu’on n’essaie pas de la matérialiser. Liszt, au
contraire, eût aimé à voir matérialiser la sienne »…
21 octobre 1910
 : « Quelle idée de me gâter d’une façon pareille ! C’est bien trop
beau pour moi »…
8 mai 1912
. Il revient sur « la petite œuvre dont je vous ai parlé :
Sarabande et Rigaudon
. C’est vraiment joli et
peu connu. Vous y trouveriez l’occasion d’un ravissant numéro Louis XV : chevaliers et marquises ou berger et bergère Watteau »…
Reproduction page 85
236.
Florent SCHMITT
(1870-1958). 2 L.A.S., Saint-Cloud 1912, à Mlle Natalia T
rouhanowa
 ; 2 pages in-8 à son
adresse et une carte postale ill. avec adresse.
150/200
A
u
sujet de
L
a
T
ragédie
de
S
alomé
(que Trouhanowa va danser).
9. I.1912
. Il la remercie de son aimable carte : « vous écrivez
admirablement et je voudrais écrire ainsi le russe. Je serai très heureux de vous revoir. C’est entendu je dirigerai »…
Dimanche
. Il
s’excuse de ne pouvoir venir demain, « car j’ai terriblement à travailler pour la revue du Théâtre des Arts – et j’ai promis pour mardi
le ballet des vices. Mais je viendrai sûrement à la prochaine répétition de
Salomé
. […] il me tarde de connaître votre réalisation »…
237.
Natalia TROUHANOWA
(1885-1956). M
anuscrit
en partie autographe, signé « N. Trouhanowa-Ignatieff »,
Le Livre de Natacha
 ; 64 pages autographes et 230 pages dactylographiées annotées et corrigées, format in-4, sous
chemise cartonnée (qqs petits défauts).
1.200/1.500
I
mportant dossier d
un
projet d
autobiographie de
la danseuse
,
resté
inédit
. [
Le Livre de Natacha
est resté inédit en français ;
en Russie, les éditions Zakharov ont publié en 2003
Sur scène et en coulisses
, autobiographie en russe de la danseuse « d’après un
tapuscrit de l’auteur préparé dans les années 50 », mais nous n’avons pu vérifier s’il s’agit bien du même texte, ni s’il contient les
chapitres ici ajoutés.]
Après une apostrophe d’Alexei T
olstoï
sur le rôle de l’artiste dans la création, un préambule de l’auteur expose les motifs
de son entreprise. On y apprend que Natalia Trouhanowa rassemble ici les écrits de ses journaux, tenus tout au long de sa vie,
« afin de déverser l’excédent de mes insurgences, de mes révoltes, de mes inspirations vers un idéal imprécis… […] L’éminent
critique, G. de Pawlowski, a dit avec raison que “dans tout être sommeille le bolchevisme”. C’est ce qui, probablement, dans mon
subconscient, en dehors de toute “théorie Marxiste”, m’a poussée à me “désencroûter”, à sentir et à penser à cœur ouvert. Ma
vie représente une perpétuelle révolte contre la société, ses lois, ses règles, ses traditions »… Elle termine en saluant son pays, où
un voyage récent lui a permis de constater qu’une société nouvelle y avait été formée en l’espace de dix ans, « une société où on
favorise les opprimés »…
… /…