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Marcellin JOBARD
(1792-1861) lithographe, inventeur et économiste belge. L.A.S. « Jobard Directeur du Musée
industriel », Bruxelles 27 octobre 1851, au saint-simonien V
INÇARD
aîné ; 4 pages in-4, en-tête
Royaume de Belgique,
Musée de l’Industrie
(fente au pli central).
800/1.000
R
ARE
ET
IMPORTANTE
LETTRE
SUR
SES
IDÉES
POLITIQUES
,
ÉCONOMIQUES
ET
SOCIALES
.
Il s’est trouvé dans une société où on lui a unanimement attribué la rédaction d’un article de Vinçard sur
l’association
corporative
, malgré ses protestations. Un pari s’est engagé, et Jobard prie Vinçard de rétablir la vérité et de faire savoir qu’il en est
bien l’auteur, car si leur style et leurs idées se ressemblent, leurs conclusions sont fort différentes. Vinçard considère l’association
des travailleurs comme une nécessité, alors que Jobard la laisse facultative, « car je n’en ai pas besoin pour organiser le travail et le
bien être universel ». À cette occasion, il lui expose très longuement ses propres idées : « Je pose mon système sur la
justice et le
droit commun
, puis je laisse à la liberté de faire le reste. Je dis au gouvernement : accordez à chacun
la propriété et la responsabilité
de ses œuvres,
et faites ensuite votre rôle de gendarme et de juge de paix, et tout ira bien ! Je prends pour
ressort
de ma machine
l’intérêt personnel et pour
modération
le respect de la propriété d’autrui. Il n’esn faut pas plus, croyez-moi, pour que la société
entre dans la phase du progrès indéfini, du bien être et de l’abolition de la misère. Quand chacun sera certain de pouvoir jouir des
fruits de son travail, tout le monde travaillera et si tout le monde travaille le paupérisme est impossible ainsi que les grèves, les
émeutes et les révolutions qui ne sont que des protestations contre l’injustice et l’exclusivisme qui ont asservi l’humanité depuis
sa naissance. La Justice est
l’électricité statique du monde moral
[…] La justice veut que chacun puisse prendre librement dans le
milieu social la place qui lui appartient d’après sa valeur spécifique », et cela par la liberté, « car si chacun a la propriété de ses
œuvres, chacun aura
selon sa capacité
, et comme toute œuvre est une chose vénale, échangeable, et portable le public seul juge
compétent, seul rémunérateur irrécusable des œuvres de chacun, donnera
beaucoup
aux grandes et bonnes œuvres,
peu
aux œuvres
médiocres et
rien
aux mauvaises […] Le bon, le vrai, le juste sont les seules choses qui manquent ici bas pour que nous soyons
tous parfaitement heureux, pour qu’il y ait du pain et de la joie pour tous ». Il critique les malthusiens, et proclame : « Donnez
aux travailleurs le
droit commun
, la propriété de leurs œuvres, aux mêmes titres que vous l’accordez à la propriété foncière, et
vous verrez la propriété intellectuelle se développer, grandir, et combler tous les vides et tous les estomacs par le travail de tous
les bras ! », etc. Et il conclut : « L’outil de la civilisation est la propriété, nous n’en possédons que la moitié matérielle ; la moitié
intellectuelle nous manque. La société ne marche que sur une jambe, voilà pourquoi elle est boiteuse et tombe si souvent de droite
à gauche ; prenez mon
ours
c’est-à-dire
L’Organon
et le
Monautopole
qui reposent dans la bibliothèque de Girardin, et tirez-les des
Limbes, vous ferez plus que moi, pour la régénération de la société, sans choc et sans douleur »…