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113.
Marcel PROUST
. L.A.S., [26 mai 1908], à Louis d’A
LBUFERA
; 4 pages in-8 (petit deuil, cachet de réception).
5.000/6.000
Il a reçu sa « gentille communication » (nouvelles mondaines) : « C’est l’élégance des cœurs généreux et délicats quand ils
rendent de grands services comme toi, de dire que ce n’est aucun service. Mais les cœurs reconnaissants (et le mien a ce mérite, je
crois, s’il n’en a pas d’autre) ne voient là-dedans qu’une délicatesse de plus qui redouble leur reconnaissance. Sois donc remercié
deux fois, pour ta gentillesse et pour ta simplicité ». Évoquant les convives d’une réception chez les Murat, il aimerait rencontrer
le marquis d’A
VARAY
: « Mais je suppose que tu ne le connais pas ou trop peu pour me le faire rencontrer. Et puis je t’ai gardé une
dent en ce qui concerne les “faire rencontrer” quand il s’agit de personnes qui me tenaient à cœur comme Mlle de K., Mlle de S.
etc. Ce n’est pas pour une chose aussi indifférente qu’un gigolo indifférent que je te le demanderai. J’aimerais beaucoup savoir
comment vont les choses dont nous avons parlé l’autre soir. J’ai l’intention d’écrire de ce côté [il s’agit de Louisa de M
ORNAND
,
la maîtresse d’Albufera]. Est-ce mieux ? moins bien ? »… Il ajoute : « As-tu pensé à dire [à] Madame d’Albufera que loin de t’avoir
“lâché” je n’avais jamais été aussi complètement ton dévoué ami. P. S. Me voilà pris d’une crise de rhumatismes : charmante
diversion à mes malaises habituels! »
Correspondance
(éd. Ph. Kolb), t. VIII, p. 126.
114.
Marcel PROUST
. L.A.S. « Marcel », [28 mai 1908], à Louis d’A
LBUFERA
; 2 pages in-8 (demi-deuil, cachet de réception).
2.000/2.500
[Au sujet des potins mondains (ici une soirée chez les Neuflize) que Proust rédigeait pour
Le Figaro
d’après les renseignements
donnés par Louis d’Albufera.] « Ne sois pas fâché si tu n’as pas été mis dans l’ordre que tu m’avais dit (N
EUFLIZE
) ce n’est pas ma
note qui a paru, mais une autre, envoyée je ne sais par qui (peut-être les maîtres de la maison). Ainsi il y a M. B
ARCLAY
qui n’était
pas dans ta note, et M. de P
ALIKAO
qui était dans la tienne mais que je me rappelle que j’avais oublié en copiant. Je te dis tout cela
pour que tu ne crois pas que j’arrange, je laisse tout dans l’ordre où tu me dis, tu te mettrais en dernier, je te mettrais en dernier !
Tout à toi de grande reconnaissance »….
Correspondance
(éd. Ph. Kolb), t. VIII, p. 128.
115.
Marcel PROUST
. L.A.S., « Lundi soir [15 juin 1908] mais ne sera mis à la poste que Mardi soir », à Louis d’A
LBUFERA
;
4 pages in-8 (cachet de réception).
5.000/6.000
V
ARIATIONS
PROUSTIENNES
SUR
UNE
INVITATION
.
Il craint de lui « avoir peut’être menti sans le vouloir. Je t’ai parlé du dîner B
IBESCO
comme y étant invité. En effet Bibesco m’y
avait invité, et j’avais refusé. Et dans ma pensée j’étais si résolu à n’y pas aller que je n’[ai] plus songé à l’invitation elle-même. Mais
en y repensant maintenant, il me semble qu’Emmanuel ne l’a guère renouvelée, qu’il s’est plutôt excusé d’avoir trop insisté etc.
et je me demande si pour une raison ou une autre il ne serait pas possible qu’il eût désiré que je ne vienne pas. En y réfléchissant
c’est probable. D’ailleurs, je te répète je songeais si peu à y aller, que je suis sorti la veille pour aller te voir. Ce qui m’interdisait de
sortir le lendemain. Et j’ai eu raison, car le plus grand plaisir que j’y aurais eu c’est de te voir, et je t’ai vu mieux et plus librement
chez toi. Il est d’ailleurs possible qu’Emmanuel désirait que je vienne. En tous cas il m’invite tellement souvent et gentiment,
et toujours en invitant les gens que je désire, que si cette fois il ne désirait pas m’avoir, il est bien stupide de m’avoir invité. En
tous cas, comme depuis que tu me connais, tu n’as pas encore compris que je dis exactement ce que je pense et que mes paroles
n’ont jamais d’intention cachée, j’ai peur que tu t’imagines que cette lettre (dont le seul but est de te dire : “je n’étais peut’être
pas invité” pour ne pas avoir l’air de faire l’homme invité quand tu ne l’es pas) a pour but de dire que je regrette de ne pas aller
au dîner Bibesco etc. Pour t’ôter cette idée, je ne la ferai mettre à la poste que quand le dîner aura eu lieu ! Écris-moi quand tu
reviendras de tes manœuvres et si tu passeras à ce moment-là encore quelques jours à Paris. Tu ne veux pas venir à Dinard ? »…
Correspondance
(éd. Ph. Kolb), t. VIII, p. 142.
116.
Marcel PROUST
. L.A.S. « Marcel », [8 ou 9 juillet 1908], à Louis d’A
LBUFERA
; 4 pages in-8 (petit deuil, cachet de
réception).
5.000/6.000
Il remercie Louis de son renseignement sur Mlle de G. [G
OYON
] : « Hélas le fait qu’elle ne soit pas fiancée est d’une douceur
bien chimérique puisqu’elle ne le sera jamais à moi. Mais enfin le fait de lui avoir parlé, de savoir que je pourrai lui reparler; le
fait surtout de l’avoir trouvée mille fois moins bien que je ne croyais, tout cela m’a fait un grand bien et donné un grand calme.
Tu iras sur la côte que tu me dis si tel est ton plaisir mais je crains que cela ne te prépare de la tristesse si tu ne vois pas notre
amie [Louisa de M
ORNAND
] et des embêtements si tu la vois. Quant à la proximité d’une forêt pour monter à cheval avec Madame
d’Albufera, la forêt de Saint-Gatien est bien loin de Cabourg et d’Houlgate (bien quatorze kilomètres il me semble) et celle de
Brotonne il n’y faut pas penser. Peut’être y en a-t-il auprès de Dinard je ne sais pas. Et puis en pensant à cet effroyable va et vient
d’automobiles autour de Trouville etc. je me demande si monter à cheval est bien prudent ». Il a pu relouer son appartement du
boulevard Haussmann « de sorte que je ne suis plus pressé de trouver quelque chose à Florence, soit près de Paris. Mais des travaux
odieux commençant dans la maison le 15 août il faudrait qu’avant cette date je sois parti quelque part. Je suis sorti ce soir à minuit
pour aller voir B
ERNSTEIN
, mais je rentre avec une forte fièvre et ne sais si je pourrai me lever de quelques jours ». Il ne pense pas
aller à la fête de Versailles. Et il ajoute : « Brûle cette lettre, ou plutôt renvoie-la moi comme on ne peut pas brûler de lettres dans
une maison où on ne fait pas de feu. Moi seul je le puis ! »
Correspondance
(éd. Ph. Kolb), t. VIII, p. 175.