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Il importe d’éclaircir de qui il aurait pu recevoir ses ordres car tant que ce point restera en suspens,
le roi ne sera pas en sécurité, un autre meurtrier pouvant être armé ; on rappelle ainsi les attentats
auxquels échappa Henri IV avant de périr sous les coups de Ravaillac… Il faut chercher les vrais
coupables et prévenir toute récidive… On fait allusion à l’agitation des Jésuites, considérés comme un
corps à part dans la société, “ou enemie ou courtisant de l’episcopat suivant qu’il le trouve favorable
ou contraire à leurs vües”, un corps très uni ayant dans le passé déjà joué un rôle dans l’agitation des
esprits et perpétré quelques assassinats : “il faut plus de preuve pour leur imputer l’assassinat mais c’est
assez pour les soupçonne
… S’il s’avère, comme les juges le soutiennent, que Damiens a vraiment agi
seul, sans complice, “on ne persuaderat jamais au public qu’un homme d’une condition serville, qu’un
laquais en un mot se seroit determiné par malice propre, sans impression recüe dailleurs, sans interet
d’aucun genre, sans aucune sorte de seduction, à enfoncer le poignard dans le sein dun roy à qui il
estoit inconü, et qui ne lui avoit fait aucun male”. On croira simplement qu’on a fermé les yeux sur
ses influences, ce qui risque de créer un climat suspicieux au sein de la société. Damiens était depuis
longtemps connu de la police comme “scelerat” et “coquin” et ce n’est précisément qu’une personne de
sa trempe que l’on peut convaincre de tuer son roi : “si l’on echaufe une pareille tête, par des images
afreuses de l’enfer est-il bien dificil de lui persuader de s’en racheter lorsqu’on lui presente un moyen
asorti a sa seleratesse”… Si on lit l’événement à la lumière du passé, on peut difficilement y voir autre
chose que l’acte d’un fanatique “quel interest humain pouroit y determiner et ou pouroit-on esperer de
jouir du fruit de son crime”…
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