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MERRILL Stuart (1863-1915) poète symboliste.
54 lettres autographes signées, 1905-1907, à sa future femme,
Claire Rion, à Forest-lez-Bruxelles ou à Aarau (Suisse) ; 320 pages
in-8 ou in-12, qqs enveloppes (nom de femme mariée déchiré).
Importante correspondance amoureuse à sa future femme.
Jeune femme belge, Claire Rion, sœur du peintre Lucien Rion (1875-1939),
devait se marier avec un Suisse peu de temps après avoir fait la connaissance de
Merrill, de vingt ans plus âgé qu’elle ; elle entamera une procédure de divorce
quelques mois plus tard, pour épouser en 1908 le poète. De nombreuses
évocations de la vie littéraire à Paris émaillent ces lettres inédites, dont
nous ne pouvons donner ici qu’un bref aperçu.
1905
.
Paris
20 septembre
, lettre mélancolique à « Monette Lisette » : « au
revoir, Monette au joli sourire. Quand aurai-je de nouveau le bonheur de vous
promener sur le Loing ? »…
2 octobre
. Il a eu la gorge serrée en voyant partir son
train. « Mais la joie de cette bonne journée passée à Auvers était encore trop
forte pour ne pas atténuer la tristesse de votre départ. Le souvenir en rayonne
sur tous mes soucis actuels »…
19 octobre :
« J’ai vu beaucoup de monde ces
temps-ci, mais je vis comme un somnambule, et je n’ai pas la moindre idée
de ce que je dis ni de ce que je fais »…
11 novembre
. Il voudrait envoyer une
caisse de livres pour distraire sa Clairette à Aarau ; Paul Fort va lui envoyer
les numéros de
Vers et Prose
, « mais c’est là de la littérature ennuyeuse, peu faite
pour une jeune mariée »… Il raconte un rêve où il mangeait dans la main de
Claire… « si j’envie votre cher Hermann, […] je ne le jalouse plus. […] c’est
bien le mari jeune, intelligent, gai qu’il vous fallait »…
15 novembre :
« le seul
moyen de se donner un peu de soleil au cœur, c’est de t’écrire. Vlan ! Voilà
Hermann qui va dire que j’abuse de mes privilèges de Papa »…
Montigny-sur-
Loing 17 novembre :
« Mon Dieu quand se reverra-t-on ! Cet hiver m’effraie »…
1
er
décembre
. Dès que son installation sera terminée à Montigny, il tiendra
« une orgie romaine dans l’atelier, avec quelques beaux modèles de Paris et
nos amis les plus gais, tous costumés. Je vous enverrai un train spécial pour
être sûr de votre présence. Si tu es absente, je terminerai la fête en me faisant
sauter la cervelle, na ! »…
4 décembre
, en envoyant sa photo : « Je suis bien
laid de nature, mais ai-je réellement l’air que me donnent toutes les photos
d’avoir avalé quelque chose de désagréable »…
13 décembre
, velléités de grand
voyage... « Il faut maintenant que je recopie des poèmes en prose écrits il y a
douze ans pour
Verrrssses et Prossse
. C’est très endormant. Je pose mes lèvres sur
le bout de tes jolis doigts, gentille amie »…
21 décembre :
« Je t’aime tellement
que je ne puis penser qu’à ton bonheur. Moi, je ne compte pas. Or le bonheur
est une chose plus haute et plus grave que ne pensent la plupart des gens, et il
peut même naître parmi les larmes et le sang »… Il « a beau être papa », une
pointe de sentiment se glisse dans son amour paternel…
28 décembre
, gueule
de bois du réveillon avec Maximilien Luce, et craintes d’une guerre franco-
allemande « dont la France sortira de nouveau vaincue » : « l’anarchiste qui
aurait la bonne idée de poser une bombe sous le derrière du Kaiser serait un
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