Pierre Bergé. Collection d’un amateur, Littérature des XIXe et XXe siècle - page 47

46
148
[EROTISME]. ANONYME. [MANNOURY D’ECTOT].
Le Roman de Violette.
Lisbonne, Antonio de Boa Vista, [1870]. 172
x 107 mm, Bradel demi-percaline vert d’eau, dos titré or, couverture et
dos conservés (Laurenchet).
Cet exemplaire, au fleuron représentant un stayre trayant une
chèvre, a été décrit par
Guillaume Apollinaire
,
Louis Perceau
et
Fernand Fleuret
au début du XX
e
siècle pour leur "Enfer de la
Bibliothèque Nationale" sous la cote 161 et Jean-Pierre Dutel est
formel :
Auguste Brancart
utilisait systématiquement ce fleuron
pour ses premiers tirages. Tous les bibliographes datent l’apparition
de ce texte de 1883 et sont tous d’accord quant à l’identité de l’auteur
et de l’éditeur ; Pia est toutefois moins formel quant à la date, arguant
des "erreurs" commises par ses glorieux aînés dans la bibliographie de
1913. Or tous les exemplaires placés ultérieurement en tête de leur
bibliographie par Perceau (en 1930), Pia et Dutel ont pour fleuron
sur leur page de titre un satyre pratiquant une auto-fellation et sont
tous postérieurs, y compris celui qui figure aujourd’hui à la Réserve
des Livres Rares sous la cote 161 (identique à celui décrit par Dutel
sous le numéro 759 et à l’exemplaire personnel de Perceau, décrit dans
sa "Bibliographie du roman érotique au XIX
e
siècle" sous le numéro
58-1). Il faut d’ailleurs noter que c’est vraisemblablement l’exemplaire
qui figure à la Réserve sous la cote 1070 qui est chronologiquement le
plus ancien puisqu’il correspond à celui décrit en premier par Dutel
(758). L’édition originale de la BNF a donc disparu de ses rayonnages
et celui qui figure aujourd’hui sous cette cote n’est au mieux qu’une
troisième édition, voire une contrefaçon de Kistemaeckers (Dutel
759). Enfin, notre exemplaire est imprimé sur un vergé de Hollande
"Pro Patria" à pontuseaux verticaux dont le filigrane présente un lion
couronné inscrit dans un sceau lui-même surmonté d’une couronne
et qui n’a rien à voir avec l’O.C.F. Fine des exemplaires décrits plus
haut. Une notice (qui a été montée sur onglet en tête de l’ouvrage),
rédigée à l’époque si l’on en juge par le papier et l’écriture, hésite elle
entre
Madame Querouen de Boussiron
et la comtesse
Mauriac de
Boissiron
(Perceau cite ces noms dans sa notice sur "Les Cousines de
la Colonelle", tout en pensant que les trois noms cachent une même
personne, puisque tous sont formels : ces deux romans sont du même
auteur). Un premier propriétaire avait soigneusement calligraphié
le nom d’
Alfred de Musset
suivi d’un point d’interogation entre
parenthèses et c’est très vraisemblablement le rédacteur de cette
notice qui a biffé cela à la mine de plomb. Cette
véritable originale
était en piètre état, mais du dos a été sauvé l’essentiel (la partie où le
titre était imprimé) et les très fragiles plats ont dû être soigneusement
doublés. Enfin, un pastiche exceptionnel a été réalisé par
Patrice
Goy
chez Laurenchet en n’utilisant que des matériaux d’époque :
même un œil très exercé donnerait sans hésiter cette demie-percaline
vert d’eau comme strictement contemporaine de l’ouvrage.
Absent de la BNF.
De la plus insigne rareté : à ce jour cet exemplaire est l’un des
deux seuls répertoriés.
2 500 / 3 000
E
1...,37,38,39,40,41,42,43,44,45,46 48,49,50,51,52,53,54,55,56,57,...114
Powered by FlippingBook