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Par ses expérimentations formelles,
La Prose
incarne idéalement la modernité
inventive et constructive des avant-gardes et de leur révolution plastique. Nous
sommes en 1913,
La Prose
, comme manifeste du simultanéisme, se place au
cœur des débats contemporains du cubisme, de l’orphisme, du futurisme, du
suprématisme… dans leur quête d’un langage nouveau propre à retranscrire un
monde en mutation.
Blaise Cendrars et Sonia Delaunay, le poète et le peintre, dans un désir commun
abolissant toute frontière, nous offrent une belle leçon de fraternité artistique.
Sans doute n’y eut-il pas de plus bel exemple de collaboration et de
transversalité, données essentielles dans l’art aujourd’hui.
E
XEMPLAIRE PLIÉ EN ACCORDÉON
,
SANS LA PLIURE CENTRALE
,
DANS UNE
EXTRAORDINAIRE RELIURE DE
P
AUL
B
ONET
,
EXÉCUTÉE EN
1964,
LE SEUL QU
IL
RELIA ENTIÈREMENT
,
EN TOUTE LIBERTÉ
: «
Cette fois-ci j’étais maître de
déterminer le format et il m’a plu de lui donner hors des normes habituelles
»
(Paul Bonet,
Carnets
).
Les deux autres « reliures » qu’il réalisa pour ce texte étaient de simples
«
coffrets destinés à contenir l’exemplaire
».
L’audace de Bonet en s’attaquant à cette icône du XX
e
siècle, œuvre à la fois
poème et peinture, fut récompensée par la qualité et le résultat de cette reliure.
Le choix des couleurs, l’assemblage des peaux, leur composition créent une
totale communion artistique entre les vers de Cendrars, l’illustration de Sonia
Delaunay et l’éclat de la reliure.
La Prose
a conservé sa couleur originelle.
Ref : Bonet,
Carnets
, 1446, reproduite pl. 139.